Vu le dernier Pirates des Caraïbes ? En 2D ou en 3D ?
Entré dans la salle de projection un peu indisposé d'avoir dû ajouter 6 $ au prix de deux admissions, je l'étais encore plus au sortir : le 3 D ne vaut vraiment pas la prime.
- Et toi, tu comprends que les gens paient une prime pour aller voir des films en trois dimensions ? Il n'y a rien à comprendre dans cela, disais-je à mon rédacteur en chef, Stéphane Paquet, il y a quelques jours.
Sa réponse ? " T'es vieux ! "
Il n'en fallait pas plus pour piquer notre curiosité (et chatouiller notre l'orgueil...).
Partout dans le monde, les cinémas investissent pour installer des écrans 3D dans leurs salles. Objectif : améliorer les marges et la rentabilité en prenant une cote sur la hausse de prix.
Cineplex, Cinemark, Regal, AMC, Imax... toutes ces sociétés tablent sur la technologie et sont des gagnantes potentielles. La plus en vue est toutefois RealD, principal fournisseur de la technologie.
Restons avec elle pour faire le tour du marché et tenter de voir son potentiel.
Qui est RealD (RLD, 25,39 $ US) ?
L'entreprise américaine a développé un intéressant modèle d'affaires. Elle ne demande aucun paiement initial aux sociétés de cinéma pour l'installation de l'équipement requis (l'écran est cependant aux frais des cinémas). Elle est aussi responsable de la livraison des lunettes qu'il faut porter. En échange, les exploitants s'engagent, par une entente de quelques années (de 5 à 10 ans), à payer une redevance sur la base du nombre d'admissions ou sur chacun des films 3D présentés en salle. Le modèle le plus courant est une redevance de 0,50 $ US par admission.
La technologie de RealD est à ce jour installée dans 17 des 18 exploitants de cinémas les plus importants du monde.
Ceux qui croient
Ceux qui croient
Il y a ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. Parmi les croyants, Merriman Capital. Elle a une cible de 29 à 35 $ pour le titre et estime qu'à maturité, dans cinq ou six ans, il pourrait se situer autour des 35 à 42 $.
Ses feuilles de thé disent ce qui suit.
Des 150 000 écrans que l'on trouve aujourd'hui dans le monde, 21 936 sont en mesure d'accueillir le 3D. D'ici un peu plus de deux ans, fin-2013, ce nombre aura doublé pour atteindre les 40 000.
Il devrait ensuite continuer de s'en ajouter, mais à un rythme beaucoup plus lent. Les exploitants n'iront pas en effet jusqu'à convertir toutes leurs salles. Ce serait des investissements inutiles puisque beaucoup de scénarios de films ne présenteront pas les caractéristiques justifiant financièrement une réalisation en 3D. De même, les exploitants ne voudront pas risquer de s'aliéner une clientèle qui n'aimerait pas les versions 3D, leur prix, ou les deux à la fois.
Après 2013, année où le processus de conversion des écrans devrait être terminé, la croissance ne viendra plus que de l'augmentation naturelle du nombre de salles à l'étranger.
Parallèlement à cette multiplication des écrans 3D, les grands studios devraient aussi produire davantage de films dans le format. Ainsi, en 2011, pas moins de 36 productions devraient être réalisées. Un grand pas par rapport aux 22 de l'an dernier.
Plus d'écrans et plus de productions devraient donc, au final, apporter plus d'argent au box-office, et conséquemment plus d'argent pour la société et les cinémas.
Ceux qui ne croient pas
Ceux qui ne croient pas
La charge des athées est menée par la firme BTIG qui, avec une cible à 18 $ US, suggère de " vendre ".
L'époque où l'on manquait d'écrans pour présenter Avatar en 3D est révolue, dit-elle, et ajouter plus d'écrans dans les années à venir n'entraînera pas la croissance des revenus que plusieurs anticipent. Une proportion significative des nouveaux écrans 3D pourrait bien finalement ne projeter que du 2D.
La firme considère que la prime demandée pour les films en 3D n'est pas justifiée pour la majorité des productions et que l'effet nouveauté qui catalyse actuellement l'affluence commencera bientôt à s'estomper.
Seules un certain nombre de productions auront les caractéristiques nécessaires pour amener le cinéphile à payer davantage, et les studios à investir des sommes supplémentaires dans celles-ci.
Que retenir ?
Que l'on n'est pas seul à douter.
La technologie 3D devrait encore faire progresser la rentabilité des cinémas à l'avenir, mais probablement pas avec la force que beaucoup anticipent.
En étudiant le potentiel de sociétés de cinéma, il vaut probablement mieux être prudent et se dire que le consensus des analystes risque d'être un peu trop fort.
DANS LE DÉTAIL
Sur le radar
REALD (RLD, 25,39 $US)
Recommandation des analystes
Achat 4
Surperforme 4
Conserver 0
Vendre 1
Cible moyenne : 31,50$ US
REGAL ENTER. (RGC, 12,54 US $)
Recommandation des analystes
Achat 5
Surperforme 9
Conserver 5
Sous-performe 1
Vendre 1
Cible moyenne : 16,20$ US
CINEMARK (CNK, 20,08 $US)
Recommandation des analystes
Achat 6
Surperforme 6
Conserver 6
Cible moyenne : 25$ US
Source : Bloomberg et Thomson Reuters
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francois.pouliot@transcontinental.ca