Analyse. Vous avez déjà songé à investir dans le monoxyde de dihydrogène ?
Le quoi ? C'est l'appellation qu'utilisait à l'époque notre professeur de chimie au collégial lorsqu'il nous parlait de... l'eau (H2O).
On en a beaucoup parlé la semaine dernière, lors du Forum québécois sur l'eau.
D'abord, la bonne nouvelle. L'eau couvre 71 % de la surface de la Terre. Cela en fait la ressource la plus abondante de la planète.
Les complications maintenant.
L'eau douce ne représente que 2,5 % de toute la ressource. Et de ce 2,5 %, la majeure partie est emprisonnée dans les glaciers et le pergélisol. Pratiquement inexploitable et difficilement accessible. En fait, seulement 1 % de la précieuse ressource est réellement disponible à des fins de consommation.
Au total, c'est donc environ 9 000 kilomètres cubes (km3) d'eau douce renouvelée auxquels la population mondiale a accès chaque année, grâce aux lacs, aux rivières et à la nappe phréatique.
Les problèmes ont déjà commencé
Voilà pour l'état de la réserve et de l'offre. Regardons maintenant la demande.
Au début du siècle, le monde consommait environ 770 km3 d'eau par an. La consommation atteint aujourd'hui près de 4 000 km3 et devrait s'élever à 5 000 km3 en 2025, selon les précisions des experts. Pas si mal, dites vous. Nous ne consommerons alors que 55 % de la ressource disponible en eau douce. Ce n'est donc pas un grand problème.
Ce n'est pas si simple. En fait, les problèmes ont déjà commencé. C'est que l'eau n'est pas répartie équitablement sur la planète. Le Québec en regorge, la région du Sahara un peu moins ! Bien qu'on consomme 44 % de la ressource disponible, dans beaucoup de pays, l'eau commence déjà à manquer. La pression se fait particulièrement forte en Espagne, au Moyen-Orient, en Asie centrale et dans quelques régions d'Afrique.
Au cours des prochaines années, la poussée démographique, le vieillissement des infrastructures (pensons aux fuites dans les aqueducs) et l'amélioration du niveau de vie des pays émergents (construction de piscines et meilleure hygiène, par exemple), feront en sorte qu'il faudra investir massivement dans le traitement et le transport de l'eau, ainsi que dans des technologies de désalinisation.
Déjà, selon Clarus Securities, le secteur affichait une croissance de 6 à 8 % dans les pays industrialisés, de 10 à 15 % dans les pays émergents et de près de 20 % en Chine. Cette croissance devrait s'accélérer.
Dans quels titres investir ?
La question n'est pas simple. Analysons quelques sociétés spécialisées dans le domaine.
PowerShares Water Resources Portfolio
Ce fonds négocié en Bourse américain (NY, PHO) traque le Palissade Water Index. Il investit dans des entreprises oeuvrant dans différents domaines liés à l'eau, comme le traitement, l'assainissement et le transport de l'or bleu. Le hic : un certain nombre de sociétés ne sont pas uniquement tributaires du marché de l'eau. Ainsi, un fournisseur de valves verra ses affaires davantage influencées par l'industrie de la construction dans son ensemble que par l'industrie de l'eau.
Tout de même, il est fort probable que, sur 20 ans, un panier d'entreprises oeuvrant dans le secteur de l'eau affiche un bien meilleur rendement que l'ensemble du marché.
Le Big Four
On désigne sous ce vocable les quatre géants du secteur : Veolia Environnement, GE Water, Siemens et Suez Environnement.
Le problème est que ces sociétés sont parfois intégrées à une plus importante entité (comme GE Water) ou ont des activités connexes dans d'autres domaines, ce qui dilue l'incidence du marché de l'eau sur leur croissance. Européennes, à l'exception de GE, ces entreprises ne sont pas inscrites aux Bourses nord-américaines et sont en conséquence plus difficiles à suivre et à négocier pour le petit investisseur. Il n'en demeure pas moins que le Big Four devrait récolter la majeure partie des retombées de la croissance du secteur.
GLV
Cette société québécoise pourrait bientôt défier le Big Four. Aussi active dans les pâtes et papiers, l'entreprise tire désormais le deux tiers de ses revenus de ses solutions de filtration et d'assainissement.
À la suite de l'acquisition de l'européenne Christ Water Technologies, elle est maintenant présente dans une trentaine de pays. GLV a regroupé récemment toutes ses divisions du secteur sous l'enseigne " Ovivo ". Elle crée ainsi une banque de technologies.
Pour l'heure, les affaires ne sont pas si porteuses. Plusieurs municipalités américaines éprouvent des difficultés financières et l'Europe adopte des mesures d'austérité, ce qui repousse un certain nombre de projets.
À long terme, cependant, beaucoup d'analystes sont optimistes.
Les autres acteurs
Plusieurs autres acteurs, de dimensions variables et établis dans différentes régions, oeuvrent dans le secteur. Notre tableau présente les principaux d'entre eux.
SOCIÉTÉS ACTIVES DANS LE SECTEUR DE L'EAU
AU CANADA
Aqua Pure Ventures
Genivar
GLV
H2O Innovations
Pure Technologies
SNC Lavalin
AUX ÉTATS-UNIS ET EN EUROPE
American Water Works
Aqua America
Artesian Water Company
Badger Meter
Pall Corp.
Siemens
Suez Environment
Veolia Environment
Watts Water Technologies
EN ASIE
Asia Water Technology
Bio-Treat Technology
Hyflux
Sinomem Technology
Sound Global
United Envirotech