Reviendront, ne reviendront pas?
On a donné quelques appels ces derniers jours, histoire de tenter de voir un peu plus clair dans ce qui se joue en coulisses dans le dossier du retour des Nordiques à Québec.
La démarche nous a permis d'échanger mardi avec le numéro deux de la Ligue nationale, le commissaire adjoint Bill Daly.
Évidemment, comme plusieurs, il joue de prudence et pèse bien ses déclarations. Il faut parfois aller à gauche, puis à droite, et zigzaguer. Quand même, quelques constats intéressants. Histoire de ne pas le citer hors contexte, voici quelques unes de nos questions, ses réponses et les constats qu'on en tire.
Surveillons la fin 2012, le début 2013
Une période charnière que l'on inscrirait à son agenda comme à surveiller de près: l'automne 2012, le début d'hiver 2013.
"Il n'y aura pas d'expansion du circuit avant que deux conditions aient été atteintes", a en effet dit M. Daly, après quelques minutes de conversation.
Ces conditions sont:
1-Une nouvelle entente collective avec les joueurs. (La convention actuelle vient à échéance en septembre 2012).
2-Que la ligue soit confortable avec la viabilité des franchises actuelles, là où elles sont.
- Si l'on comprend bien, rien ne se fera avant 2012, que l'on parle d'expansion ou d'un déménagement?
Réponse de Bill Daly: "Notre objectif est actuellement de créer dans ces marchés (ceux qui battent de l'aile) les conditions qui leur permettraient d'être rentables. Si ça ne fonctionne pas, il vient un temps où il faut être réaliste."
-La nouvelle convention vous permettra donc de mieux voir si ces conditions sont réunies?
Réponse: "Je ne veux pas mettre de date."
Notre lecture: il apparaît clair que la nouvelle convention est l'élément pivot. Rien ne se fera avant. Après, les dirigeants seront prêts à tout considérer. Ou bien on tentera d'y introduire de nouveaux mécanismes pour soutenir les marchés plus faibles. Ou bien on veut simplement conserver une relative faiblesse pour contenir les demandes des joueurs avant d'aller plus loin.
Et Québec dans tout ça?
-Et Québec dans tout cela? Est-ce finalement un marché pour lequel vous avez un fort intérêt?
Réponse: "Avec les bonnes conditions et avec un nouvel amphithéâtre, oui."
-"Avec les bonnes conditions", vous voulez dire quoi par cela?
Réponse: "Je ne peux pas dire à 100%, mais je pense que s'ils ont un nouvel édifice, ils ont de bonnes chances".
Notre lecture: Oui, la LNH veut revenir à Québec. Mais, le diable est dans les détails et elle ne veut pas prendre d'engagement officiel.
Avec quel groupe la Ligue souhaiterait-elle faire équipe?
C'est une interrogation qui ne nous quitte pas. Se pourrait-il que la LNH ait un groupe avec qui elle préférerait faire affaires? L'interrogation vient du comportement de Quebecor dans les droits de télé du Canadien, où la LNH est également partie.
- En ne vous commettant pas avec un groupe, vous êtes conscients que si la Ville de Québec cède les droits de gestion de l'amphithéâtre à Quebecor ou BCE, et que vous aimeriez être associé à un groupe plutôt qu'à un autre, vous risquez de ne pas avoir d'option. Le groupe gestionnaire pourrait bloquer l'arrivée d'une équipe qui ne serait pas la sienne, ni votre préférée.
Réponse: "Nous ne sommes pas prêts à prendre une décision immédiatement avec Québec, et nous sommes prêts à vivre avec ça. Le maire doit faire ce qu'il doit faire et ce qu'il pense le mieux".
Les droits de télévision donnent-ils un avantage à BCE?
Qui de Quebecor ou BCE est en avance pour obtenir la gestion de l'amphithéâtre et une éventuelle équipe?
Personnellement, on tablait jusqu'à maintenant sur Quebecor. Ce n'est pas simple pour BCE. Il lui faut se trouver un partenaire pour détenir l'équipe, vraisemblablement conclure une entente avec lui dans les revenus multiplateformes, etc. Notre confiance pour Quebecor s'est cependant encore un peu effritée cette semaine lorsque l'on a appris que le CH et la LNH détenaient les droits de télévision FRANCOPHONES sur les matchs de TOUTES LES ÉQUIPES au Canada.
Vous voyez le portrait: si Quebecor obtenait une équipe, selon l'entente actuelle, les droits de télévision appartiendraient au CH et à la LNH. Pas très payant… Évidemment, on pourrait modifier cette entente, mais il faut l'accord des deux parties pour modifier une entente et vraisemblablement des contreparties financières pour indemniser la partie qui perd du marché.
Bref, côté financier, dans l'enchère pour la gestion de l'amphithéâtre, on serait porté à dire avantage BCE (la société est actionnaire du CH…). Si l'entente a une longue durée et ne comporte pas d'exceptions, elle est susceptible d'affecter les rendements de chacun des projets.
Cet avantage potentiel souligné, introduisons en un autre. Il circule en effet des informations à l'effet que le CH songerait à éventuellement mettre sur pied une nouvelle télé sportive, ou de hockey, en profitant notamment des droits qu'il possède. Bien qu'on ne sache trop comment tout cela pourrait s'articuler, posséder au Québec les droits des deux équipes de hockey et ceux de toutes les autres équipes offre probablement un autre marqueur de rendement à l'avantage du partenariat BCE-Canadien. Et ça ne veut pas dire qu'il faille sortir RDS du décor.
À noter cependant qu'un porte-parole du Canadien nie que l'équipe planche ou réfléchisse à un tel projet.
Et, répétons le, on n'est pas sûr de la durée de l'entente du CH et de la LNH sur l'exclusivité des droits francophones.
Même s'il reconnait l'existence de l'entente, M. Daly ne veut pas entrer dans le spécifique, ni surtout révéler s'il y a une date de terminaison à celle-ci.
"Ce partenariat remonte à la fin des années 90. Le reste est hypothétique", a-t-il dit, sans vouloir aller plus loin.