Tant qu'à acheter leurs produits, pourquoi ne pas jeter un coup d'oeil sur les sociétés qui les fabriquent ?
L'idée nous est venue dans l'allée du supermarché alors que la boîte de Corn Flakes (Kellogg) allait rejoindre quelques cannes de soupe (Campbell), un peu de ketchup (Heinz), du beurre d'arachide (Kraft) et un shampoing Pantene (Procter & Gamble).
Allons-y donc d'un rapide tour d'épicerie.
KELLOGG (K, 54,99 $ US)
Difficile celui-là.
On a toujours de la place dans le panier pour une boîte de Corn Flakes, mais notre portefeuille trouve souvent que c'est une hauteur de dépense dont pourrait se priver notre panse.
Cela dit, malgré un prix élevé, les consommateurs les achètent tout de même. Il doit en être ainsi pour plusieurs puisque les affaires de Kellogg ne se portent pas trop mal.
Morningstar trouve qu'elle est en retard sur General Mills et sur Nestlé à l'international, mais il pourrait bien tout de même s'y trouver une fenêtre de croissance intéressante.
La société estime que son bénéfice par action devrait dans les prochaines années croître de 7 à 9 % annuellement.
Embêtant. On attendrait un peu pour voir si le titre ne " viendra pas en spécial ".
KRAFT (KFT, 34,81 $ US)
Un autre cas difficile.
Un an après l'acquisition de Cadbury, le jury délibère encore sur les fruits de la transaction. Le principe est le suivant : fusionner un géant nord-américain et un géant européen, utiliser les réseaux de distribution de l'autre pour y vendre ses produits. Là où il y a duplication de réseaux, retranchez-en un et obtenez des économies de coûts.
En théorie, la transaction devrait générer des ventes supplémentaires de 1 milliard de dollars américains (G$ US) et des économies de 750 millions (M$ US). Des chiffres à mettre en rapport avec des revenus attendus en 2011 de 57 G $ et un BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôt et amortissement) de 8,9 G$.
La direction estime que ses bénéfices futurs devraient croître dans une fourchette de 9 à 11 %. Mais beaucoup en doutent.
Titre probablement pas mauvais. La fusion avec Nabisco, il y a 10 ans, était cependant tout aussi prometteuse et elle a généré peu de résultats.
CAMPBELL (CPB, 34,22 $ US)
CAMPBELL (CPB, 34,22$ US)
Le contexte n'est pas très favorable pour le fabricant de soupes.
Au troisième trimestre, les ventes de soupes aux États-Unis sont en recul de 3 %, alors que celles de Campbell retraitaient de 4,9 % et ce, même si l'entreprise a consacré 11 % de plus en promotion.
On le voit, le produit est moins populaire et, dans la descente, la concurrence semble gagner des parts de marché. Notre panier à provisions est sans doute une illustration du problème de concurrence auquel fait face l'entreprise. Longtemps, on a personnellement été acheteur de soupes Campbell. Jusqu'à ce que IGA introduise ses soupes maison. Elles sont tout aussi bonnes, mais moins chères.
Il y a quelques jours, Campbell augmentait le prix de ses produits aux États-Unis pour tenter de maintenir ses marges. Quelque chose nous dit qu'à long terme, la stratégie est mauvaise et que Campbell devra finalement restructurer ses coûts et baisser les prix si elle ne veut pas voir son marché trop s'éroder.
Bref, le titre n'est peut-être pas mauvais, mais on ne le voit pas dans notre soupe...
HEINZ (HNZ, 54,09 $ US)
" Si ce n'est pas du Heinz, ce n'est pas du ketchup. "
Le slogan publicitaire fonctionne et de nombreux consommateurs sont prêts à acheter la marque même si elle est plus chère que ses concurrentes. Contrairement aux soupes, on n'a pas encore trouvé un ketchup égal à celui de Heinz. Il donne de l'élan à tous les produits de la société.
Si la recette fonctionne dans les marchés développés, pourquoi n'en serait-il pas de même dans les marchés émergents ? Il y a cinq ans, environ 10 % des ventes totales de Heinz étaient réalisées dans ces marchés. Aujourd'hui, c'est 16 %, et l'objectif de la direction est de 30 % d'ici 2016.
Le coût des intrants grimpe, mais la société semble être en mesure de les absorber. Elle anticipe que son bénéfice croîtra à long terme dans une fourchette de 7 à 10 %.
L'affaire pourrait bien être ketchup.
PROCTER & GAMBLE (PG, 64,22 $ US)
Une société que l'on a longtemps admirée. Ses produits sont souvent plus chers, mais supérieurs aux autres. Ce qui fait que lorsqu'on y a goûté, il est difficile de rétrograder. Les chips Pringle, le détergent Tide, le shampoing Pantene en sont de bons exemples.
Depuis quelques années, face à un pouvoir d'achat du consommateur moins important, la recette semble cependant moins bien réussir et le titre piétine un peu. Personnellement, nous avons même délaissé les Pringle et avons souvent opté pour Sunlight. Dans les shampoings, il y a désormais une telle offre de produits spécifiques (cheveux gras, secs, plats, volumineux, colorés, etc.) que la formule classique est tout simplement souvent introuvable et qu'on préfère aller vers des marques moins coûteuses.
Les analystes prévoient que les bénéfices seront en croissance de 8 à 9 % pour pour les deux prochaines années. Cela reste à voir.
On aime mieux Heinz et Kraft.