Les Américains vont aux urnes ce mardi. Le marché devrait bondir dans les prochains jours: profitez-en vite pour diminuer votre exposition aux actions, car une significative retraite se profile.
Le pronostic et le conseil sont de Barry Sine, stratège et chef de la recherche chez Capstone Investments.
La situation actuelle et ce qui pourrait arriver mardi
Les Démocrates de Barak Obama contrôlent les deux chambres du Congrès. Ils sont majoritaires à 255 contre 178 à la Chambre des représentants et au Sénat à 59-41.
Les choses pourraient cependant être bien différentes dans quelques heures.
Bien que rien ne soit joué, un certain nombre de sondages donnent à penser que l'on se dirige vers une victoire assez convaincante des Républicains à la Chambre des représentants. Ils ne devraient cependant pas parvenir à prendre le contrôle du Sénat.
M. Sine s'attend à ce que le marché réagisse positivement à une victoire républicaine, en ce qu'il est probablement favorable à deux enjeux importants qu'ils défendent:
-La reconduction des diminutions d'impôt décrétées par George Bush en 2001, coupes qui arrivent à échéance à la fin de l'année;
-Le passage au hachoir de la réforme du système de santé que veut mettre en œuvre le président Obama.
Dès mercredi, on devrait donc voir les indices bondir.
Là où ça se complique
Les réjouissances pourraient cependant être de courte durée, et les indices bientôt retraiter significativement.
C'est que, prédit l'analyste, dans les jours suivants, on ne devrait pas réussir à s'entendre sur la reconduction des coupes d'impôt de l'administration Bush.
Le président Obama propose une reconduction partielle du programme, mais plaide notamment pour que les familles et les petites entreprises dont les revenus sont supérieurs à 250 000$ retournent au niveau de taxation de l'ère Bill Clinton.
Les Républicains s'opposent à toute majoration d'impôt.
Or, il est prévu que le Congrès retourne en session le 15 novembre, mais ajourne pour le reste de l'année, une dizaine de jours plus tard, à l'Action de grâce américaine.
Si aucune entente ne survient d'ici ce moment, les familles et entreprises américaines verront leurs revenus amputés dès les premiers jours de 2011.
Impact de quelle ampleur?
L'impact pourrait être assez significatif. Ainsi, calcule Deloitte Tax LLP, pour un ménage de quatre personnes dont le revenu annuel s'élève à 50 000$, l'évaporation des cadeaux fiscaux de l'administration Bush signifie une hausse d'impôt de 2 900$ par année. Pour une même famille qui gagne 100 000$, c'est 4 500$.
Si les coupes d'impôt sont reconduites, c'est 3,9 trillions $ US qui devraient s'ajouter à la dette sur 10 ans. Le plan Obama réduirait le montant de 700 G$.
Barry Sine croit qu'à terme, les deux chambres réussiront à s'entendre sur un compromis fiscal, mais estime qu'une entente ne surviendra qu'en cours d'année prochaine et que, d'ici là, le consommateur américain aura subi une ponction de quelques mois dans ses revenus. Ce qui aura occasionné des craintes dans le marché. À son avis l'année 2011 devrait terminer en hausse, mais pas sans avoir connu une bonne correction en cours de route.
Qu'en penser?
Sur le rebond suivant l'élection, on n'est pas si convaincu. Le marché a souvent tendance à anticiper et la victoire républicaine apparaît avoir une probabilité élevée depuis quelques semaines. Quelque chose nous dit que le résultat est déjà dans les cours.
Quelque chose nous dit aussi cependant que l'impasse fiscale, elle, n'est pas encore anticipée. Dans les prochaines semaines, le débat risque de se transporter sur le précaire état des finances publiques américaines et faire voir au marché que l'économie et les bénéfices des entreprises roulent actuellement sur un insoutenable artifice.
Avec une avancée de marché qui est déjà de 13% depuis le début de l'année, rebond ou pas, il ne serait pas si fou de cristalliser un peu de profits et d'attendre pour voir si la discussion à venir ne fera pas reculer les cours.