Vu de bons films ces dernières semaines ?
De ce côté-ci, oui. On a notamment bien aimé : Le discours du roi, Des hommes et des dieux et particulièrement L'Autre Dumas.
Bonne séquence, mon François. Temps de jeter un oeil au box office et à Cineplex.
Constat : oups ! Tout un flair... Le box office canadien au premier trimestre ne va surtout pas bien, alors que, par rapport à l'an dernier, les revenus sont en recul de... 21,4 % !
Les analystes expliquent que peu de films intéressants ont été à l'affiche. Surtout, la comparaison s'effectue avec une période où se sont succédés Avatar et Alice au pays des merveilles, deux blockbusters 3D qui avaient fait exploser les guichets.
Assez curieusement, le marché ne semble pas encore avoir vu venir le " punch " : plutôt que de faire marche arrière, le titre de Cineplex est légèrement en hausse depuis le début de l'année.
On jouerait de prudence d'ici avril, date du dévoilement des résultats trimestriels, de crainte de se retrouver dans une reprise de Piège de cristal.
Non, ne quittez pas l'antenne. Ça ne veut pas dire que Cineplex n'a aucun potentiel.
Ce que l'on surveillerait
La difficulté avec le titre de la société réside dans le fait que ses résultats sont influencés à la fois par une composante cyclique et par une composante structurelle.
La beauté de l'histoire, c'est qu'après avril, les chiffres comparables pourraient bien commencer à s'améliorer. Et que, structurellement, ça s'annonce assez bien.
Ce qui s'en vient côté cyclique
La maison Raymond James reconnaît que les derniers mois n'ont pas été trop payants. Mais elle prévoit qu'à compter de l'été, les comparaisons devraient devenir moins difficiles avec des films tels que Cars 2, X-Men First Class, Harry Potter and the Deadly Hollows Part. 2.
Bref, côté cycle, le pire semble derrière.
Ce qui s'en vient côté structurel
C'est le volet le plus important, celui auquel on porte le plus d'intérêt.
Après quelques années de stagnation, où l'unique levier de croissance reposait sur sa capacité à augmenter les prix en profitant de sa position quasi monopolistique (68 % du box office), Cineplex a réussi à développer quelques axes supplémentaires de croissance qui paraissent fonctionner.
> La conversion au 3D. Lorsque vous allez voir un film en trois dimensions, vous payez généralement 3 $ de plus que pour un film ordinaire. C'est pourquoi l'entreprise est à convertir plusieurs de ses écrans au 3D. Près de 27 % de son parc d'écrans peut maintenant accueillir de telles projections.
> Les publicités d'avant-film. À 25 M $ en 2010, elles ne représentent que 10,5 % des 240 M $ de revenus de Cineplex, mais elles continuent de progresser (+ 9 % au quatrième trimestre). Elles offrent surtout une très forte marge bénéficiaire, ce qui augmente leur contribution aux bénéfices (70 % de marge BAIIA par rapport à 49 % pour le box office).
> La restauration. Au prix où est le popcorn, on pourrait penser que la limite a été atteinte, mais la société songe apparemment à introduire de nouveaux produits.
Quel impact ?
Quel impact?
Le mieux est sans doute d'éliminer les soubresauts cycliques en normalisant le bénéfice et tenter d'évaluer ce que pourrait être son évolution sur quelques années.
C'est un peu ce que fait l'analyste Rob Goff, de NCP Northland Capital.
Sous l'impulsion des différents facteurs, M. Goff voit les revenus du box office passer de 600 à 700 M $ en 2015. Ceux des concessions devraient grimper de 295 à 380 M $. Et ceux de la publicité, de 82 à 111 M $.
Résultat à la ligne des profits ? Un bénéfice qui passe de 1,10 $ par action à 2,04 $.
Qu'en penser ?
À 23,30 $, le titre de Cineplex se négocie à 21 fois le bénéfice attendu en 2011 (1,11 $ l'action), ce qui représente une énorme prime sur le marché (14 fois). Celle-ci s'explique en bonne partie par le dividende de 1,26 $ l'action, qui offre un rendement de 5,4 %.
On n'aime pas tellement que des sociétés versent plus que leur bénéfice net. Mais bon, comme les flux de trésorerie sont plus élevés (2,57 $ l'action), il ne devrait pas y avoir trop de difficultés au maintien du dividende. D'autant que le bénéfice est appelé à croître.
En appliquant un multiple de marché (15) à l'anticipation de M. Goff pour 2015, on obtient pour dans quatre ans une cible à 30 $.
C'est grosso modo 5 % de rendement par année. Ce à quoi, il faut cependant aussi ajouter le dividende, ce qui vient doubler le rendement.
Pas si mal. On se croirait dans Twilight II : Tentation. Trois étoiles et demie.
francois.pouliot@transcontinental.ca