Tic, tac, tic, tac, tic, tac… Entendez-vous le temps qui file?
Les dirigeants des grandes institutions canadiennes qui tentent de doubler la Bourse de Londres l'entendent assurément. Elles n'ont plus qu'une quinzaine de jours pour convaincre les actionnaires du Groupe TMX (Bourse de Toronto et Montréal) de rejeter l'offre britannique et d'accepter la leur.
Le groupe Maple a été très clair, lundi, en déposant son offre formelle pour les bourses canadiennes: si l'offre de Londres est entérinée le 30 juin, la sienne deviendra caduque.
Qui l'emportera?
On serait porté à dire Maple (les institutions canadiennes), mais sans pour autant soutenir que, sur quelques années, elle est nécessairement la meilleure offre.
Pourquoi Maple devrait l'emporter
Simplement parce qu'à court terme le groupe offre le gain le plus rapide. Il quantifie identifie des synergies sur l'horizon 2012 et offre une prime de 24% sur l'offre du London Stock Exchange.
Les investisseurs ont généralement un horizon de détention de titre assez court et opteront sans doute pour l'offre la plus intéressante à court terme.
D'autant que rejeter l'offre de Londres n'apparaît pas à première vue porter à trop de conséquences.
Oui, il est théoriquement possible que l'offre de Maple frappe plus tard un mur au Bureau de la concurrence et que, conséquemment, elle n'ait pas de suite. Les actionnaires du Groupe TMX se retrouveraient alors dans une situation où il n'y aurait plus d'offre sur la table et où la valeur du titre reculerait. Quelque chose nous dit cependant que Londres reviendrait assez rapidement avec une nouvelle offre: ce qui est bon pour elle aujourd'hui le sera aussi demain.
À long terme, c'est moins clair
À long terme, c'est moins clair
Pour un actionnaire à long terme, il n'est cependant pas si sûr que le plan de match de Maple soit plus créateur de valeur que celui de Londres.
Certes, Maple a quelques avantages. Elle bénéficiera éventuellement de l'élimination de la concurrente Alpha. Elle aura alors un quasi-monopole sur le marché des actions canadiennes. Elle devrait aussi bénéficier de la fusion de la chambre de compensation de la Bourse de Montréal (produits dérivés) et de celle de CDS (actions et obligations).
Du côté des inscriptions, le plan de match de Londres pour attirer de nouvelles sociétés à Toronto et Londres est cependant plus clair et probablement plus porteur. Il est difficile de prédire l'ampleur des résultats, mais il serait étonnant que la création d'une bourse mondiale spécialisée dans les ressources n'attire pas plus d'inscriptions.
La différence pour l'investisseur à long terme réside cependant surtout dans le fait qu'il est peu probable que Maple Group fasse un jour l'objet d'une OPA. La nécessité maintes fois proclamée par les acteurs de Maple de conserver les bourses sous juridiction canadienne rend pratiquement impossible un tel scénario. Tous les grands joueurs canadiens sont en outre déjà dans Maple.
À l'inverse, les probabilités sont assez importantes qu'une bourse Toronto-Montréal/Londres fasse l'objet d'une nouvelle OPA. À prime.
C'est pour cela que l'on dit qu'il n'est pas si évident qu'à long terme l'offre de Maple est supérieure.
Et pour le Montréal collectif?
À première vue, léger avantage Londres, puisqu'elle veut faire de Montréal la plaque tournante du développement du produit dérivé. Mais cet avantage est vite contrebalancé par le risque associé à une éventuelle OPA dans quelques années. La probabilité de perdre tout ce qui aurait été bâti ici est assez élevée.
C'est pourquoi l'intérêt du Montréal collectif apparaît tout aussi bien servi par l'offre de Maple. On bâtirait peut-être moins, mais ce qui serait bâti aurait plus de chance de demeurer.