Pour que le S&P/TSX, l'indice canadien de la Bourse de Toronto, se maintienne en 2011, les bénéfices des sociétés qui le composent devront progresser de près de 25 %.
Le constat nous a frappé, il y a quelques jours, au moment où nous préparions notre pronostic 2011 sur les marchés boursiers.
En raison de la fin des programmes gouvernementaux de stimulation et de l'endettement élevé des ménages canadiens, plusieurs secteurs de l'économie ne pourront fournir une telle performance. Conséquence : le marché anticipe actuellement des progressions assez fulgurantes quelque part.
Où ? Peu d'options, si ce n'est du côté des ressources naturelles. En effet, la demande n'y est pas dépendante des conditions intérieures, mais de celle des pays émergents.
Cela nous a amené à nous interroger sur le potentiel du secteur des métaux. Peut-il livrer ces progressions fulgurantes ? Et est-il trop tard pour s'y positionner ?
Regardons cela de plus près.
L'aluminium
Le secteur n'apparaît pas si intéressant.
Desjardins anticipe un léger déficit entre la demande et l'offre en 2011 et entrevoit que le prix moyen touchera 1,40 $ US la livre (autour de 1,12 $ actuellement).
On n'est pas si sûr de cette prétention. Au contraire, BMO voit le marché en léger surplus en 2011. Or, à plus de 4,5 kilotonnes (kt) (Londres + Shanghai), les stocks d'aluminium sont élevés. Ils avaient dû tomber à moins de 2 kt pour que le prix de l'aluminium grimpe à 1,40 $ US la livre en 2008.
On serait donc surpris de voir le prix du métal beaucoup bouger.
Cela ne veut pas dire que les volumes n'augmenteront pas. Alcoa (NY, AA) prévoit d'ailleurs une croissance de ses volumes de 12 %. Mais à 14 fois le bénéfice anticipé en 2011, le titre apparaît assez bien évalué.
Le cuivre
Le secteur est plus intéressant. En supposant que la demande continue de croître au rythme des 10 dernières années, Cormark Securities ne croit pas que l'on puisse y répondre avant 2015.
Qui plus est, renchérit la Deutsche Bank, la Chine devrait être dans une situation forcée de restockage en cours d'année. Et c'est sans compter les ETF (exchange-traded fund), ces fonds qui achètent des matières premières pour revendre des unités aux investisseurs, et qui sont sur le point d'entrer sur le marché du cuivre.
Bien qu'à un niveau qui n'est pas critique, les stocks de cuivre ne sont pas très élevés. Cormark voit le prix du métal bondir de 25 % en 2011, à 4,25 $ US la livre. Marchés mondiaux CIBC anticipe une hausse de 32 %, à 4,50 $ US.
Heureuse nouvelle, côté titres, les attentes sont moins élevées qu'ailleurs. Teck Resources (Tor., TCK.A) se négocie à 12,5 fois le bénéfice 2011; First Quantum (Tor., FM) est à 11,2 fois et Inmet (Tor., IMN) à moins de 10 fois. On n'a pas vérifié dans le détail les fondamentaux de chacun, mais le secteur est tentant.
Le fer
Voici un autre secteur intéressant. Ce n'est pas pour rien que les grands tentent d'avaler les plus petits. Après ArcelorMittal sur Baffinland Iron Ore, c'était au tour de Cliffs Natural Resources, il y a quelques jours, de lancer une OPA avec une prime de 30 % sur Consolidated Thompson (Tor., CLM), dont le principal actif est la mine Lake Bloom, non loin de Fermont.
Le prix du minerai a encore bondi de 7,5 % du troisième au quatrième trimestre. CIBC prévoit que le prix moyen de la tonne progressera de 25 % en 2011.
L'Inde a notamment de la difficulté à répondre à sa demande en acier, et certaines provinces cherchent à bannir l'exportation de minerai de fer en Chine afin de pouvoir alimenter leurs industries métallurgiques.
Les titres à jouer se font rares. Labrador Iron Ore Royalty (Tor., LIF.UN), qui détient entre autres un intérêt de 15 % dans Iron Ore Canada, devrait, selon RBC Marchés des Capitaux, verser une distribution de 5,75 $ par unité en 2010. Au cours actuel, c'est un rendement de 8 %. La distribution augmentera probablement à 6,50 $ l'an prochain (9 %).
Zinc et nickel
Les prix du zinc et du nickel continuent eux aussi de grimper, avec des progressions respectives de 15,4 % et de 11,5 % lors du dernier trimestre.
On se gratte cependant l'occiput face à des stocks fort élevés, qui atteignent, dans le cas du nickel, un niveau historique. Le marché semble miser sur l'arrivée des ETF, ce qui pourrait effectivement faire fondre les inventaires. Mais le scénario doit se matérialiser pour que les prix se maintiennent. Alors, de là à parler d'une nouvelle avancée...
Sherritt International (Tor., S) est un titre nickel à surveiller, si l'on croit que les ETF auront une influence. Il ne se négocie qu'à un ratio d'un peu plus de 8 fois le bénéfice attendu en 2011.
Le zinc est plus difficile à jouer en bourse, car les sociétés minières exploitent souvent ce métal accessoirement à d'autres métaux.
francois.pouliot@transcontinental.ca