Désormais, en 2011, disait la semaine dernière la une de notre journal. Qu'est-ce qui changera ou pourrait bien changer l'an prochain ?
On s'est posé la question en faisant le tour de nos sphères d'intérêt, avec évidemment un petit penchant pour le marché. Voyons-y.
La révolution des tablettes
Y a-t-il encore un avenir pour les journaux et les livres imprimés ? Très certainement. En 2011, on devrait cependant commencer à mieux cerner la force (ou la faiblesse...) de cet avenir.
Au 31 décembre, il se sera vendu autour de 18 millions de tablettes électroniques dans le monde, principalement des iPad. Attachez bien vos ceintures, la maison Evercore Partners prévoit qu'il pourrait s'en vendre 250 millions par année d'ici cinq ans. À titre d'illustration, il s'écoule chaque année autour de 350 millions d'ordinateurs personnels.
Malgré le faible nombre de tablettes en circulation, l'engouement pour la lecture numérique est déjà fort surprenant. L'Association of American Publishers rapporte que 8,7 % de ses ventes sont maintenant des livres électroniques.
À surveiller : Amazon avec son Kindle, Indigo avec son Kobo, Barnes & Noble avec le Nook, Apple avec l'iPad, Research In Motion avec le Powerbook, Samsung avec le Galaxy et une myriade d'autres. Indigo, Barnes & Noble, Amazon, Google et Apple offrent aussi des services de librairie virtuelle.
Téléphonie : les parts de marché changeront
Les parts de marché dans le sans-fil ne seront plus jamais les mêmes au Québec. Il sera intéressant de voir jusqu'à quel point Vidéotron réussira à gruger dans la tarte.
BCE domine avec 39 % de parts d'un marché de plus de 5 millions d'abonnés, suivie de Rogers (33 %) et de Telus (26 %).
Notre pari ? Autour de 1,6 million d'abonnés d'ici cinq ans pour Vidéotron et une part de marché de plus de 15 %.
Il y a 800 000 abonnés aux trois services de la société (télé, Internet, téléphone traditionnel). Ceux-ci devraient opter pour un quatrième service. Multiplié par deux, parce qu'il y a généralement plus d'un individu dans une résidence.
Si le pronostic est bon, ce sera non loin de 10 $ de plus pour le titre de Quebecor (QBR.B, Tor., 37,12 $) sur la période.
Les étrangers débarqueront-ils ?
C'est au printemps que le gouvernement conservateur doit prendre une position finale sur la propriété étrangère dans le secteur des télécommunications. L'intérêt direct et indirect d'un étranger dans une société de télécommunication ne peut dépasser 46,7 % en ce moment.
C'est probablement l'enjeu économique le plus important de l'année, et curieusement, l'un des moins discutés.
Les partisans de l'ouverture estiment que l'arrivée des étrangers permettra de faire baisser les prix davantage.
Quelque chose nous dit que Telus prie probablement pour une ouverture. Elle a du retard sur les autres, côté contenus, et il n'y a guère personne pour l'acheter, maintenant que la transaction avec BCE a échoué.
Nous sommes personnellement contre. Si Telus est achetée, BCE le sera aussi, peu de temps après. Puis il y aura un danger pour Rogers, et, un jour ou l'autre, pour Quebecor (des actions multivotantes ne garantissent rien). Et pourquoi pas Shaw ? C'est beaucoup de sièges sociaux menacés. Déjà qu'on n'en a pas un grand nombre.
Des redevances
Décidément, l'industrie des communications est en ébullition. C'est aussi en 2011 que devrait être connue la décision de la Cour fédérale sur la juridiction du CRTC quant à d'éventuelles redevances des télédistributeurs aux chaînes de télévision.
Si vous êtes actionnaire de TVA, c'est une décision qui peut être porteuse. Bien qu'il soit difficile d'évaluer sa valeur, le signal de TVA devrait être le plus cher de l'industrie. Le CRTC a, par le passé, étudié deux scénarios théoriques de redevances. À 0,50 $ par abonné, c'est 26 M $ de revenus additionnels et, à 0,25 $, 13 M $. Le résultat est à mettre en perspective avec un BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) qui s'établit à environ 70 M $.
Le Québec s'ouvrira-t-il au gaz de schiste ?
Une décision du gouvernement quant à l'encadrement environnemental et financier de l'industrie est attendue au printemps.
Un feu vert apparaît assuré, mais il faudra voir à quelles conditions.
Dans l'état actuel des choses, il reste à nous convaincre du potentiel économique du gaz de schiste québécois. Le prix du gaz naturel est très bas, parce que plusieurs territoires gaziers sont en effervescence dans l'Ouest canadien et aux États-Unis. Pour des motifs d'économies d'échelle, il en coûte moins cher d'y effectuer des forages.
À moins de concentrations extraordinaires, l'exploitation du gaz ici n'est pas une question de mois, mais plutôt de plusieurs années.
Quand même à surveiller : Questerre, Gastem et Junex.
L'auto électrique
Certaines ont commencé à rouler en 2010, mais c'est vraiment en 2011 que l'on commencera à voir le réel marché pour l'auto électrique.
La Leaf de Nissan arrive sur le marché avec son autonomie de 160 km. Même chose pour la Volt, de Chevrolet, qui peut faire 60 km, mais est ensuite relayée par un moteur à essence.
Les deux véhicules ne sont cependant pas donnés. Leur prix tourne autour de 36 000 $ pour la Leaf et de plus de 40 000 $ pour la Volt.
Si les sceptiques doivent être confondus, on fera partie du nombre. Le prix apparaît trop élevé pour la performance fournie. L'auto électrique ne percera que le jour où sa performance s'améliorera.