Blogue. Le gouvernement du Canada reporte d'un an l'atteinte de l'équilibre budgétaire et poussera entre temps 20 G$ à la dette de plus que ce qu'il prévoyait. C'est le cadeau aux entreprises qu'il aurait plutôt fallu reporter.
La mise à jour de monsieur Flaherty prévoit que le retour à l'équilibre fiscal n'aura pas lieu en 2014-2015, mais en 2015-2016. On revient ainsi à l'objectif initial d'il y a deux ans.
Ce n'est pas réellement étonnant. Dans son dernier budget, Ottawa s'appuyait sur des perspectives de croissance économique teintées d'optimisme. Celles-ci commencent maintenant à le rattraper.
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Le gouvernement répliquera qu'il prend la moyenne des prévisions des économistes au pays. C'est une bonne méthode en temps ordinaire, mais lorsque le ciel s'obscurcit et que l'orage menace, on devrait miser sur une croissance significativement plus faible. Les banques n'aiment en effet pas prédire de récessions, c'est mauvais pour les affaires. De ce fait, la probabilité que l'on arrive sous le consensus est significativement plus élevée.
Le gouvernement semble cette fois avoir appris et introduit une forme de réserves pour ajuster son risque. La pratique est la bienvenue. On notera néanmoins qu'avec des anticipations de croissance de 2,1% pour 2012 et 2,5% pour les trois années suivantes, il mise encore sur une économie qui croitra avec une relative robustesse.
Il ne faudrait pas un si gros écueil économique pour que les chiffres budgétés prennent encore plus de rouge.
Cela dit, on peut comprendre le gouvernement Harper de ne pas non plus vouloir aller trop bas. Ce serait envoyer aux Canadiens un message qui risquerait d'ébranler la confiance et faire tanguer davantage l'économie.
Seulement, il aurait été souhaitable qu'il profite de la faiblesse des résultats financiers pour non pas renier, mais reporter l'engagement électoral sur les baisses d'impôt aux entreprises.
Au 1 janvier, le taux d'imposition des compagnies est passé de 18% à 16,5%. Et, au 1er janvier 2012, il tombera de nouveau, cette fois à 15%.
À terme, c'est entre 3 et 6G$ que ces baisses d'impôt occasionneront comme manque à gagner annuel pour les finances publiques. En leur absence, on atteindrait toujours l'équilibre budgétaire en 2014-15
Parce que la première réduction en est à son onzième mois et est entrée dans les façons de faire des entreprises, il devient difficile de l'éliminer. Mais la baisse 2012 aurait aisément pu être repoussée.
Les gouvernements se leurrent actuellement en s'engageant dans de nouvelles mesures de stimulation pour essayer de soutenir leurs économies. Ces programmes ne font que contribuer à maintenir une croissance économique artificielle et handicapent fortement la latitude financière des États par la dette qu'ils engendrent. Le coup ne sera que plus dur à encaisser lorsque les lois du marché forceront leur interruption.
Il ne s'agit pas de dire que le péril est en la demeure. Seulement de constater que l'on maintient une promesse de cadeau qui ne vient pas assouplir un choc, mais simplement contribuer à son report et son amplification.