Les finances publiques du Québec permettront-elles dans l'avenir de conserver l'ensemble de nos programmes sociaux?
La question se pose avec encore plus d'acuité ces jours-ci alors que le gouvernement du Québec remue ciel et terre pour essayer de récupérer les milliards qui lui manquent pour ramener le budget en équilibre en 2015-16.
Créer des emplois et redonner de l'argent aux contribuables, voilà la recette pour sauver nos programmes sociaux, continuent de prêcher les grands partis à l'Assemblée nationale. La discussion est pertinente, mais ce n'est pas là que se jouera l'avenir de nos programmes. Leur sauvegarde dépendra uniquement de notre capacité à mieux gérer nos soins de santé, conclut une nouvelle étude.
SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT
La recherche du nouvel Institut du Québec, un partenariat entre le Conference Board et les HEC, que préside l'ex-ministre des finances Raymond Bachand, n'est pas une très bonne nouvelle pour les politiciens. Il est difficile de faire de l'effet dans le public sur la question de la gestion de la santé. Il est nettement plus intéressant de parler d'emplois et d'argent dans les poches.
La recherche est néanmoins une bonne nouvelle pour le citoyen. Les experts, dont fait partie le directeur de recherche Robert Gagné et la directrice de l'Institut Mia Homsy, concluent que malgré le choc démographique, et les difficultés financières actuelles, il est possible de maintenir les programmes sociaux. Si l'on réussit à améliorer nos façons de faire en santé, l'essentiel des services pourra être maintenu dans les 20 prochaines années (les projections vont jusqu'en 2035), et l'on va même jusqu'à prétendre que leur qualité et leur accessibilité sera améliorée.
Combien d'argent faut-il récupérer?
Combien d'argent faut-il récupérer en gains de productivité pour que les finances publiques puissent continuer de permettre la fourniture des services?
Il y a deux prérequis.
D'abord, revenir à l'équilibre budgétaire en 2015-16. C'est un effort qui n'a pas nécessairement à être fait en santé. Les auteurs estiment qu'il est à la discrétion du gouvernement de combler le retard actuel comme il l'entend.
Le second prérequis est de diminuer la croissance des coûts de santé de 5,2% qu'elle a été en moyenne dans les 10 dernières années (et qui est projetée être celle des 20 prochaines) à 4,2%. Cette réduction de la croissance de 5,2% à 4,2% est l'effort de productivité nécessaire pour maintenir les services.
Comment obtenir cette baisse de croissance?
Comment obtenir cette baisse de croissance?
Plusieurs pistes de solution sont formulées:
-Décentraliser le système ministériel vers les régions.
-Mettre en place un système qui favorise la transparence, l'imputabilité et la reddition de compte de la part des établissements.
-Adopter des mesures qui favorisent la concurrence, les comparaisons et l'émulation au sein du réseau.
-Introduire une culture organisationnelle plus fluide et plus flexible, moins préoccupée par le statu quo.
-Remettre en question le modèle et les façons de faire hérités des années 1960.
-Instaurer une meilleure coopération entre les différentes régions du Canada, de même qu'un meilleur échange et une meilleure diffusion des pratiques exemplaires.
Réaliste que tout cela?
La question se résume à savoir s'il est possible de ramener la croissance des soins de santé de 5,2% à 4,2% uniquement en améliorant les façons de faire.
Personnellement, on n'en est pas du tout convaincu. La plupart des pistes de solution ne sont pas vraiment nouvelles. Et les réformes dans les soins de santé n'ont pas un très bon historique de succès.
L'urgence étant plus pressante aujourd'hui qu'hier, on pourrait cependant réussir à faire des gains.
Et peut-être peut-on envisager de ramener la croissance autour de 4,5%.
Assez curieusement, c'est l'atteinte de ce niveau qui risque alors de faire déraper toute l'affaire.
L'étude roule en effet un scénario de réduction de croissance qui ne serait pas de 4,2%, mais de 4,5%. Ce scénario permet de voir que des surplus sont alors générés jusque vers 2028-29. Malheureusement, ce taux de croissance des dépenses fait en sorte qu'après coup leur niveau devient trop élevé pour la capacité des revenus de la province à les combler, et le Québec retombe dans d'importants déficits pour le reste de la période (2035). Il faut vraiment être à 4,2% sur la période pour que tout reste à l'équilibre dans les 20 prochaines années.
Or, que feront nos élus après quelques années de surplus budgétaires enregistrés à 4,5%?
Il y a une probabilité assez important que l'on dise que l'affaire est réglée, que tout ça n'est qu'académique et que l'on n'a pas à se rendre à une diminution atteignant 4,2%.
C'est le scénario que l'on voit se matérialiser.
SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT