Le nuage informatique, ça vous dit quelque chose ?
Le passage de Patrick Pichette à Montréal, il y a quelques jours, nous a incité à explorer le concept. Le numéro trois de Google suggérait aux autorités canadiennes et aux sociétés de télécommunications d'accélérer leurs investissements dans les réseaux à très haute vitesse.
Son raisonnement va ainsi : avec des réseaux en avance sur le reste du monde, les développeurs viendraient davantage s'installer ici afin de mettre au point et de tester des applications requérant plus de vitesse d'interaction. Cela permettrait de construire au Canada une grappe technologique avec une avance mondiale sur les autres.
En commentaire sous le texte de la nouvelle, un lecteur opinait que le développement de l'informatique en nuage allait demander des réseaux plus importants dans l'avenir.
Mais qu'est-ce donc que cette informatique en nuage ?
Ça dépend. Les définitions varient d'une source à l'autre. Voici celle, un peu simplifiée du National Institute of Standards and Technology : il s'agit d'«un modèle permettant un accès sur demande à un réservoir partagé de ressources informatiques configurables, tels que des réseaux, des serveurs, du stockage, des applications et des services, requérant un effort de gestion minimal.»
Quelques exemples concrets de ce que cela signifie. Grâce à l'informatique en nuage, une entreprise n'aura plus à acheter ses logiciels au plein prix. Elle pourra les louer à l'utilisation. Le logiciel ne sera pas installé sur un ordinateur, mais quelque part dans les nuages, sur un serveur, auquel plusieurs accèderont en même temps.
L'entreprise a plutôt besoin d'investir dans des équipements de stockage de données et ne sait trop de quelle capacité elle a besoin ? Plus nécessaire de perdre du temps à payer des gestionnaires qui feront toutes sortes d'études : l'informatique en nuage lui permettra de stocker à distance et de louer uniquement l'espace mémoire dont elle a besoin.
Une solution financière miracle ?
Ici aussi, ça dépend. Un abonnement sur demande est susceptible de diminuer les coûts d'exploitation de certaines entreprises. Il permet aussi de réduire l'ampleur des décaissements en capital qui doivent parfois être effectués. Certaines PME n'ont pas les moyens d'acheter des logiciels de pointe, en raison de l'importance du décaissement immédiat nécessaire. Mais, en le nivelant sur une période de temps à partir d'une location sur demande, c'est autre chose.
À l'inverse, la migration et l'intégration des applications existantes peuvent parfois être chères. Le partage des applications peut aussi faire que leur configuration ne conviendra pas réellement aux besoins d'une entreprise. Une grande société hésitera aussi à dépendre d'un tiers pour ses outils informatiques et la sécurité de ses données.
Bref, l'informatique en nuage n'est pas une panacée financière pour tous.
Qui peut faire de l'argent ?
Qui peut faire de l'argent?
Trois secteurs semblent particulièrement bien placés pour en tirer profit.
> Les fournisseurs de matériel, (serveurs, systèmes de stockage, etc.). Pour la période 2009-2013, IDC prévoit que les vendeurs de matériel devraient voir le marché progresser de 46 % annuellement. À terme, celui-ci devrait atteindre 13 G$ US.
> Les concepteurs et les fournisseurs de logiciels. Sur la même période, ce marché devrait annuellement croître de 25 % et atteindre 18 G$ US.
> Les fournisseurs d'environnement opérationnel (intégration, contrôle d'accès, synchronisation, etc.). Ce marché devrait aussi croître de 25 % par année, et atteindre 14 G$ US en 2013.
Des noms au Canada
L'informatique en nuage n'est au coeur des activités d'aucun acteur canadien. Marchés mondiaux CIBC s'est récemment penchée sur le phénomène. Elle conclut cependant qu'à différents niveaux, CGI, Descartes et Open Text devraient en bénéficier.
CGI a lancé une offre en nuage il y a un an. Elle a notamment décroché sa certification auprès de la U.S. Government Services Administration ce qui lui permettra de faire une offre à différentes agences gouvernementales pour la fourniture d'infrastructures évaluées à 76 M$ US. L'entreprise montréalaise a même développé une solution de gestion pour les États et les municipalités. Le Maine a choisi cette solution en mai.
Descartes a un modèle qui ressemble à de l'informatique en nuage, mais l'entreprise vend plutôt de petites solutions de logiciels qu'elle installe sur les réseaux de ses clients.
Open Text offre quelques solutions qui fonctionnent en partie à distance, mais la majorité de son chiffre d'affaires vient toujours de la vente traditionnelle de logiciels.
Des noms aux États-Unis
Plus d'acteurs pourraient ici bénéficier des développements. Bien entendu, il y a Microsoft, IBM et Google. La Deutsche Bank a cependant fait une recension des sociétés dont le potentiel est le plus élevé. La plupart tablent sur des logiciels qui pourraient profiter d'une extension de leur marché auprès des PME. Nous n'avons vérifié le potentiel d'aucune. À chacun de faire ses devoirs.
Les voici : Intuit, Salesforce.com, Concur Technologies, Netsuit, Successfactors et Taleo (une entreprise fondée à Québec, mais dont le siège social est à San Francisco).