Carlos Leitao est le nouveau ministre des finances, et Martin Coiteux s'occupera du conseil du trésor. Mauvaise nouvelle, les finances publiques sont apparemment dans un état pire que prévu (déjà entendu ça dans le passé?…). Que choisira-t-on: les engagements du programme électoral ou une compression des salaires des employés de l'État?
La Presse rapportait il y a quelques jours que l'année 2013-14, qui s'est terminée le 31 mars, n'est pas tout à fait en voie de se boucler comme prévu. Le gouvernement prévoyait un déficit de 2,5 G$. On serait plutôt en route vers un manque à gagner d'au moins 3,3 G$. C'est 800 M$ d'écart.
Ce que ça veut dire?
Qu'on devra de nouveau en pelleter un peu plus en avant. Il était initialement prévu que ce serait 4,25 G$ sur deux ans (le déficit de l'an dernier, plus celui de l'année en cours). On ajoutera 800 M$, et au lieu de le récupérer sur cinq ans, comme on l'avait initialement décidé il y a quelques années, on le récupérera sur 10-12 ans (comme on a décidé de le faire l'an dernier).
C'est déjà un problème, parce qu'une récession repassera avant que l'on ait récupéré le tout - et qu'on en pellettera alors encore en avant - mais ce n'est pas ce dont on parlera dans les prochains jours, parce que ce déficit amène un problème encore plus important.
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L'objectif d'un déficit de 1,75 G$ pour cette année (2014-15) était déjà jugé ambitieux par le Vérificateur général. Voilà que l'on semble en plus devoir partir avec 800 M$ de retard. Et le programme libéral ajoute pour 339,5 M$ d'engagements supplémentaires pour cette année. C'est comme si le retard était donc de 1,1 G$.
Allons-y de petits calculs, qui peuvent sembler techniques, mais auront des effets importants dans la réalité.
Le PLQ prévoyait récupérer pour 122,5 M$ en réduisant la bureaucratie, et obtenir pour 200 M$ de plus en dividendes des sociétés d'État. Supposons que les mesures de réduction de la bureaucratie ne soient pas qu'une vue de l'esprit - dans le contexte où le cadre financier péquiste prévoyait déjà des réductions de coûts sans les préciser. Supposons également que les sociétés d'État livrent leurs 200 M$ supplémentaires. On est encore à 775 M$ à combler, uniquement pour frapper la cible que l'on devait atteindre au mois de mars 2014.
La Presse indique que les fonctionnaires du gouvernement s'apprêtent à soumettre de nouveaux scénarios de récupération. Si l'on comprend bien, l'étalement de la rémunération des médecins sur deux ans permettrait de récupérer 500 M$ en 2014-15. Parfait, on approche. Il ne manque plus que 275 M$.
En ramenant de 2% à 1% l'augmentation de salaire prévue aux conventions pour les employés de l'État en 2014-15, c'est 300 à 400 M$ d'économies d'obtenues. Bingo, on y est!
Pas tout à fait…
Pas tout à fait...
Euh… pas tout à fait. Le chemin que l'on vient de faire n'a servi qu'à combler le retard pris sur l'objectifs de l'an dernier et à honorer les promesses libérales. Il manque encore 750 M$ pour se rendre à l'objectif d'un déficit de 1, 750 G$ au mois de mars de cette année. Et il est impératif d'atteindre cette marque.
Apparemment, en imposant un gel dans les échelons d'emplois, on gagne cette fois 600 à 700 M$ supplémentaires.
On y est probablement, en tenant compte des autres mesures qu'avait prévues le PQ.
Mais, à quel prix?
Une parole reniée avec les médecins et les salariés de l'État.
Il y a peut-être une solution de rechange, comme le gel de 450 M$ de crédits aux entreprises que proposait la CAQ. Ça semble cependant peu probable venant d'un gouvernement qui souhaite voir l'économie s'accélérer.
On peut aussi choisir de reporter à plus tard les 339,5 M$ d'engagements pris pour 2014 pendant la campagne. Ça permettrait à tout le moins de maintenir la totalité de l'augmentation de salaire promise aux employés de l'État.
Quelque chose nous dit cependant que ça n'arrivera pas. Et que l'on est sur le point de vivre d'importantes tensions sociales.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça ne s'amorce pas dans la facilité pour la nouvelle équipe économique libérale.
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