BLOGUE. C'est avec une assez grande surprise que l'on a appris cette fin de semaine l'entente de principe entre le gouvernement du Québec et les différents représentants étudiants. Ce qu'on en pense? Ça fonctionnera peut-être à court terme, mais pas à moyen terme. Consolation, on progresse dans la bonne direction.
Ce sont les étudiants qui ont donné beaucoup de lest, cette fois, histoire de faire avancer les choses. À première vue, l'exercice dans lequel ils projettent s'engager n'offre pas une équation risque/rendement très favorable à leurs revendications initiales.
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Voyons de plus près.
D'abord quelques faits
Les frais de scolarité sont aujourd'hui autour de 2 175$ par année. Ils auront augmenté de 1 625$ dans sept ans (pour atteindre 3 800$).
L'entente de principe signée cette fin de semaine prévoit la mise en place d'un Conseil provisoire des universités (qui deviendra un jour permanent). Le comité sera chargé de réfléchir sur les façons de faire des universités et leur mode de fonctionnement. Si des économies sont identifiées, elles seront remises aux étudiants en réduction de ce qu'on appelle les "frais afférents".
La moyenne des "frais afférents" dans les universités est réputée être d'environ 700$ ou 800$ par université.
Ce que l'on pense de l'entente
Ce n'est pas très clair, mais au départ les étudiants semblent accepter pour au moins 800$ de hausse de frais de scolarité. Ceux-ci doivent en effet augmenter de 1 625$ sur les sept prochaines années alors que le bassin de réductions (les frais afférents) n'est que de 700$ ou 800$ au maximum.
Nulle part il n'est dit dans l'entente que si des économies supérieures aux frais afférents sont trouvées elles iront en réduction des frais de scolarité.
Le président de la Fédération des étudiants du collégial se disait en fin de semaine confiant de pouvoir récupérer pour 189 M$ en coûts de fonctionnement des universités. Il y a un ajout important qui devrait être apporté à l'entente de principe, car elle ne dit pas pour l'instant ce qu'en comprend la Fédération.
On dit que les étudiants semblent accepter une hausse d'au moins 800$, c'est en fait probablement nettement plus. On ne récupérera pas en économie l'équivalent du total des frais afférents. Simplement parce que les étudiants seront minoritaires au sein du Conseil des universités et que les autres parties n'ont pas nécessairement un intérêt similaire au leur.
Ils seront quatre étudiants, alors qu'il y aura six recteurs, deux représentants du milieu des affaires, un représentant des Cegeps et un représentant du ministère de l'éducation. Il y aura bien quatre représentants syndicaux, mais, comme le faisait remarquer une collègue, il y a une présomption que les syndicats défendront les postes et salaires de leurs membres avant l'intérêt des étudiants.
Ce que la suite pourrait être
Ce que la suite pourrait être
Bien difficile à dire.
Malgré quelques votes de rejets lundi, il y a de l'essoufflement dans le mouvement étudiant, alors que plusieurs ne veulent pas perdre leur session. Il se pourrait que l'entente passe.
Gardons nous cependant de croire que la crise sera pour autant terminée. Elle pourrait bien plutôt ne faire que passer en mode "dormant".
L'automne sera chaud et il est probable qu'au 31 décembre, le comité provisoire aura accouché de recommandations qui ne feront pas l'affaire des étudiants. Le gouvernement et les associations s'accuseront d'avoir manqué à leur parole, ce que personne ne pourra vraiment établir étant donné le caractère assez brouillon de l'entente de principe sur laquelle on vote actuellement.
Si l'entente est acceptée, quelque chose nous dit qu'après une session d'été sur les chapeaux de roue, et une session plus normale à l'automne, on reverra pas mal de monde dans les rues à l'hiver et au printemps prochain. Ça sent le "À la prochaine fois".
En attendant, l'exercice de vérification des coûts de fonctionnement est le bienvenu car, contrairement à ce que crient les universités du Québec, elles ne sont pas sous-financées. Rappelons les chiffres: En 2008-09, les dépenses globales des universités du Québec ont représenté 1,94% du PIB ou 29 242$ par étudiant. Ailleurs au Canada, la moyenne est à 1,58% ou 28 735$ par étudiant. En Ontario, la dépense est à 26 383 $ par étudiant.