Le projet Énergie Est de TransCanada cause de plus en plus de remous. Moins rentable que prévu, Énergie Est? Presque assurément. En danger? Pas encore, mais ça se corse.
Après les écologistes, c'est Gaz Métro qui hausse le ton et décrie depuis quelques jours le projet de pipeline de plus de 4000 km, qui doit amener le pétrole de l'Ouest dans l'Est canadien (et la construction d'un port pétrolier à Cacouna).
La présidente Sophie Brochu a profité d'une tribune de la Chambre de commerce de Montréal, mardi, pour expliquer à la communauté d'affaires pourquoi, dans sa forme actuelle, le projet devrait se voir imposer un feu rouge. Elle a reçu l'appui du président de la Chambre, Michel Leblanc, et a été applaudie par les gens d'affaires.
Lorsque vous avez les écologistes contre vous, rien n'est perdu. C'est dans l'ordre des choses pour une société de pipeline. Lorsqu'une partie de la communauté d'affaires se lève, là, cependant, les choses se compliquent.
Madame Brochu n'a pas dit qu'elle était contre le projet d'oléoduc. Elle s'est plutôt dite en faveur d'une arrivée de plus de pétrole dans l'Est. Cela devrait, à son avis, permettre à nos raffineries d'être plus compétitives (une théorie dont on n'est personnellement pas convaincu) et aux sociétés canadiennes de s'enrichir.
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Essentiellement, le problème en est un de capacité d'approvisionnement du Québec pour deux mois dans l'hiver. TransCanada veut utiliser le tuyau actuel entre North Bay et Ottawa pour transporter du pétrole. Elle construirait une nouvelle conduite pour le gaz, mais d'une capacité deux fois moindre.
Gaz Métro estime que cette construction met à risque les approvisionnements pour certaines entreprises du Québec au cours de la période. Déjà cet hiver, dit-elle, des problèmes d'approvisionnement ont été éprouvés et le prix de la molécule de gaz s'est envolé. Cette fois, on ne parle pas que d'une envolée du prix du gaz, mais aussi de la nécessité de recourir au pétrole, dont le prix est plus élevé encore. La compétitivité de plusieurs entreprises pourrait être réduite et des emplois perdus.
TransCanada nie de son côté que des problèmes existent et soutient que son projet ne mettrait pas en péril les approvisionnements en gaz du Québec et de l'Ontario.
La direction précise qu'il en coûterait 1 G$ US pour construire une nouvelle conduite pétrolière. Une injection supplémentaire qui menacerait la viabilité du projet Énergie Est.
Qui a raison, et, le projet est-il menacé?
Qui a raison, et, le projet est-il menacé?
Sur qui a raison, on serait pour l'instant porté à donner raison à Gaz Métro, TransCanada ne se défendant pas avec une aussi grande clarté. La Régie de l'énergie du Québec et son pendant ontarien sont cependant à analyser la situation et l'on devrait avoir leur verdict à un certain moment. On verra mieux à ce moment.
Sur la viabilité du projet, c'est difficile à dire, mais TransCanada semble actuellement jeter un peu de drame prématurément.
Elle parle du coût de construction d'un pipeline pour le pétrole, mais elle ne parle pas du coût de simplement augmenter la capacité du nouveau pipeline gazier déjà projeté. Serait-ce plus de 1 G$ ou moins?
Dans l'attente de précisions, restons tout de même avec ce chiffre de 1 G$ supplémentaire pour régler le problème.
À ce jour, la direction s'attendait à ce que le projet Énergie Est génère un rendement sur l'investissement dans la haute fourchette de sa cible de 7-9%.
En présumant un rendement envisagé de 8,5%, et en ajoutant 1G$ au coût actuellement projeté de 12 G$, on tombe avec un rendement de 7,8%.
On est encore au centre de la cible.
C'est pour cela que l'on dit que le projet ne semble pas encore en danger, mais que ça se corse.
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