BLOGUE. L'heure des grandes décisions approche aux États-Unis. Barack Obama et Mitt Romney ont commencé à dévoiler leur approche fiscale. Qui devrait-on suivre?
À la fin de l'exercice 2012 (30 septembre), le déficit du gouvernement fédéral américain devrait se situer autour de 8-9% du PIB. Cet important manque à gagner devra un jour être renfloué, soit en faisant entrer plus de revenus, soit en dépensant moins, soit par une combinaison des deux moyens.
De combien faut-il couper, ou faut-il couper et sur combien de temps? De combien faut-il hausser les impôts, à quel endroit et qui faut-il faire payer? Il n'est pas aisé de voir clair dans les propositions démocrates et républicaines.
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Le Congressional Budget Office prévoit que la proposition Obama ramènerait le déficit à 6,1% du PIB en 2013, 4,2% en 2014, puis le ferait ensuite se maintenir vers les 3% jusqu'en 2022. La plupart des mesures proposées proviennent de changements fiscaux, mais il y a aussi des changements côté dépenses.
Sur la proposition Romney, on est encore dans le flou quant aux cibles de déficit. On sait que le challenger veut couper dans les dépenses (et ramener celles-ci à 20% du PIB alors qu'Obama est à 23% et la moyenne des 40 dernières années à 21%) Il veut également réduire les impôts.
C'est sur le plan fiscal que les propositions demeurent pour l'instant le plus précis. Jetons-y un œil avec l'aide d'un récent tableau du Wall Street Journal. Notre conclusion en fin de texte.
L'imposition des particuliers
Le plus haut taux d'impôt payé par les riches est à 35%. Il doit grimper à 39,6% au début 2013 avec l'expiration des déductions fiscales de l'ère Bush.
-La proposition Obama: étendre l'exemption fiscale pour les familles gagnant moins de 250 000$. Pour les autres ménages, laisser l'exemption expirer et les taux d'imposition grimper.
-La proposition Romney: ramener le taux d'imposition le plus élevé à 28% et diminuer de 20% le taux d'imposition de tous les payeurs d'impôt. Monsieur Romney veut contrebalancer la baisse de revenus attachée à sa proposition en éliminant ou limitant des déductions fiscales. Celles-ci n'ont pas encore été précisées.
L'imposition des sociétés
Le taux d'imposition maximal des sociétés est actuellement de 35%.
La proposition Obama: abaisser le taux d'imposition maximal à 28% en limitant les déductions fiscales pour contrebalancer la perte de revenus.
La proposition Romney: abaisser le taux d'imposition maximal à 25% en éliminant ou limitant des déductions fiscales pour contrebalancer la perte de revenus.
L'imposition des gains en capitaux
Les gains en capitaux sont actuellement imposés à 15%. Il est prévu que le taux augmente à 20% en 2013.
La proposition Obama: un taux d'imposition de 20% pour ceux qui ont des revenus importants de gains en capitaux.
La proposition Romney: éliminer le taux d'imposition sur les gains en capitaux pour les ménages qui font moins de 200 000$ et maintenir le taux actuel pour ceux qui gagnent plus.
L'impôt sur les successions
Il est de 35% au-dessus de certains niveaux, mais doit grimper à 55% en 2013.
La proposition Obama: le taux d'imposition maximal serait majoré à 45% au dernier niveau.
La proposition Romney: l'impôt sur les successions serait aboli.
Qu'en penser?
Il y a dans la proposition Romney des engagements au niveau des entrées fiscales qui sont nettement supérieurs à ceux de la proposition Obama.
Il y a cependant peu d'éclaircissements sur les dépenses qu'il veut couper et aucun sur la hauteur à laquelle ces coupes amèneraient le déficit américain par rapport au PIB. Les coupes s'annoncent particulièrement difficiles pour deux raisons. 1-Monsieur Romney s'est engagé à augmenter le budget de la Défense à 4% du PIB. 2-Il lui faut une première ronde de coupes pour permettre aux baisses d'impôt d'avoir lieu (il baisse les impôts plus que leur niveau actuel) et une seconde pour combler l'actuel déficit de 8-9% du PIB.
L'on comprend de son discours qu'il table sur une accélération de la croissance économique à la suite des baisses d'impôt pour faire une partie du chemin.
Cela reste à voir. Un impôt moindre ne veut pas nécessairement dire plus d'argent dépensé par les ménages.
Constat?
La proposition Obama ne conduit pas encore à un déficit zéro. On peut cependant se demander si celle de monsieur Romney permettrait réellement de significativement réduire le déficit américain.
En attendant plus de précisions ou des abandons d'engagements, la proposition Obama apparaît pour l'instant la meilleure pour la stabilité des finances publiques et pour le bien de l'économie américaine à long terme.