Chaque fois, c'est la même histoire lorsque la période REER arrive. En même temps qu'une nouvelle contribution ajoute un peu de liquidités au compte, on cherche le placement qui pourrait procurer le meilleur rendement dans la prochaine année.
C'est en fait un bien mauvais réflexe.
Notre stratégie personnelle est plutôt d'apprécier le potentiel sur un horizon de trois à cinq ans. On a généralement été mal servi lorsqu'on a dérogé à cette stratégie.
N'empêche, il est toujours intéressant de s'attarder aux listes des titres préférés que publient les maisons de courtage.
Trois commentaires ont particulièrement retenu notre attention ces derniers jours. Deux coups de circuit potentiels, et un simple.
Yellow Média (Tor., Y, 18,60 $)
Canaccord Capital a une cible à 30 $, un rendement de 38 %.
La thèse de l'analyste Aravinda Galappatthige est assez simple. À trois fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA), le titre est toujours évalué comme un média imprimé, même si les revenus numériques de la société représentent aujourd'hui plus de 50 % des revenus totaux.
M. Galappatthige estime qu'au fur et à mesure que le marché reconnaîtra que Yellow n'est plus une société d'annuaires, mais une société numérique, le multiple devrait croître. Et, à long terme, se situer entre 5 et 7 fois le bénéfice. À 5 fois la prévision 2015, c'est un titre qui devrait se négocier à 35 $. À 7 fois, on est à 52 $.
Fabulation ?
Non. La thèse se défend.
Il y a cependant une autre façon de voir les choses. Si l'on connaît la répartition des ventes entre le numérique et le papier, on ne sait trop quelle est la répartition du bénéfice. En d'autres mots, est-il possible que les annuaires soient encore responsables de la majeure partie des bénéfices ? Si les annuaires disparaissent d'ici cinq ans et que les activités numériques de Yellow Média ne font pas de réels progrès, il n'est pas impossible que le bénéfice fonde. Et que le titre se retrouve à près de 5 fois celui-ci sans que le cours de l'action ait vraiment bougé.
La réévaluation du titre ne s'amorcera que si un signal est donné au marché, selon lequel le numérique procure une bonne rentabilité. Ce signal n'a pas encore été donné.
Input Capital (TSX-C, INP, 2,25 $)
L'un des titres préférés de M Partners, qui le voit doubler au cours des prochains mois. Et il semble l'un des préférés d'à peu près tout le monde (voir le tableau, ci-contre).
La société fait des avances de fonds à des producteurs de canola, qui lui accordent en contrepartie une portion de leur récolte. Input revend alors au moment qu'elle juge opportun et empoche la différence entre ce qu'elle a prêté au producteur et ce qu'elle a reçu.
Pour le producteur, l'affaire peut être intéressante. Généralement, il emprunte aux banques le plus près possible de la période de semence, de manière à économiser en frais d'intérêts. L'approche fait cependant en sorte qu'il est forcé d'acheter ses fertilisants et graines au plus fort de la saison. Avec Input, l'argent est disponible à tout moment de l'année et le producteur peut acheter ses ingrédients à meilleur prix lors des périodes creuses.
Ses équipes marketing sont en chasse, et l'on voit le modèle gagner en popularité.
Coup de circuit en vue ?
Peut-être. Mais on a un peu de difficulté à bien saisir toute la mécanique.
Google (Nasdaq, GOOG, 506,94 $ US)
Le titre préféré du secteur Internet de la Deutsche Bank, qui a une cible à 615 $ US (+ 24 %).
On ne parle pas ici d'un coup de circuit, mais d'un simple.
L'Europe discute de démanteler Google ? Ça n'arrivera pas, dit l'analyste Ross Sandler. Et si ça se produisait, il y aurait sans doute plus de valeur créée. Il évalue que, à l'enchère, les entités européennes de Google représenteraient plus de 75 % de sa capitalisation actuelle.
Google est en perte de vitesse en raison du développement du mobile ? Faux, dit-il. S'il est vrai que 86 % du temps passé sur le mobile l'est sur des applications et 14 % sur le Web, plus de 50 points du 86 % est attribuable à des jeux, du loisir et du social. L'activité commerciale sur mobile se fait surtout dans le 14 % lorsque des utilisateurs cherchent de l'information.
En outre, Google ne se négocie qu'à 14 fois le bénéfice prévu de 2016, avec une progression anticipée de celui-ci de plus de 15 % dans les années à venir.
Trop optimiste, l'analyste ?
Peut-être, mais avec tous les projets que Google essaie à l'extérieur de ses activités centrales, on s'est toujours dit qu'il y avait de l'espace pour augmenter les bénéfices si jamais une situation de maturité se pointait. La cible est peut-être trop élevée, mais le risque semble faible.
Le titre préféré ?
Google. Le danger des élans pour la clôture, c'est que le risque d'un strike out est plus élevé. On préfère ceux qui savent bien placer la balle en lieu sûr à répétition.