Ce qu'on pense personnellement de l'arrivée de Pierre Karl Péladeau au Parti québécois? Une nouvelle école de pensée vient de faire son apparition, le PKisme. Plusieurs questions l'entourent, dont celle-ci, en principale: le Québec peut-il faire l'indépendance en maintenant l'ensemble de ses programmes sociaux?
C'est avec un assez grand étonnement que l'on a vu monsieur Péladeau faire le saut en politique. Il était jusqu'à maintenant apparent qu'il entendait faire avancer ses idées sociales et économiques par l'entremise du quatrième pouvoir. Les projecteurs, il n'aimait guère. Et il pouvait diriger le message. Mais voilà, il semble en être venu au constat que sans la maîtrise du pouvoir exécutif, il lui serait difficile de façonner le Québec à sa vision.
Quelle est-elle, exactement, cette vision?
Une question à laquelle beaucoup ont répondu, mais qui n'est toujours pas très claire dans notre esprit.
Sur certains aspects, elle est assurément plus à droite. Monsieur Péladeau n'a pas parlé en mal des syndicats lors de son annonce, et a même dit à l'émission radio matinale de Radio-Canada qu'ils ne prenaient pas trop de place. Il est cependant évident qu'il ne les porte pas dans son cœur. Et que la chasse qu'il leur mène ne manquera pas de se poursuivre au conseil des ministres si le PQ est reporté au pouvoir.
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Une parenthèse, avant de poursuivre, pour dire que cette chasse naturelle n'est pas une très bonne nouvelle pour le cadre financier de la CAQ. Pour que le cadre fonctionne, la CAQ a besoin de pouvoir faire des économies de près de 2,5 G$ sur l'effectif administratif de la fonction publique, EN SURPLUS des compressions plus ou moins connues annoncées par le PQ. Quelque chose nous dit que sous l'influence de monsieur Péladeau, ces compressions préliminaires du PQ ont de très fortes chances de survenir dans l'effectif. Avec pour conséquence que la CAQ perdra l'avenue qu'elle comptait utiliser pour ses réductions d'impôt, et qu'il lui faudra soit les oublier, soit compresser ailleurs. Fin de la parenthèse.
Revenons cependant au principal. Sur certains aspects, donc, le PQ devrait avoir tendance à tasser à droite si la pensée pékiste gagne en influence.
Mais jusqu'où? S'il serait étonnant de voir monsieur Péladeau se prononcer en faveur de la simple indexation des frais de scolarité, on l'a aussi vu parfois faire preuve de grands élans de générosité (important don à Haïti, important don au CHUQ, etc.). Ou encore soutenir madame Snyder dans l'épisode du paiement des frais pour la procréation assistée.
Au-delà d'une optimisation de la fonction publique, considère-t-il qu'il faut maintenir l'essentiel des engagements en santé, éducation, culture, loisirs et développement économique (crédits d'impôts aux entreprises, prêts et garanties d'Investissement Québec, centres locaux de développement, etc.)? Formulé autrement, la pensée pékiste veut-elle un pays avec la même présence de l'État? Ou un pays où l'État doit être moins présent au chapitre de l'aplanissement des inégalités sociales?
Le détail de sa pensée sociale n'est pas très clair dans notre esprit.
La grande question
La grande question
Au fur et à mesure que la campagne progressera, les questions des journalistes se feront plus spécifiques et l'on devrait pouvoir un peu mieux cerner où il loge sur ces thèmes.
La question qui nous intéresse le plus est cependant celle du début: le Québec peut-il à son avis faire l'indépendance en maintenant la totalité de ses programmes sociaux?
C'est la première fois que la question se présente sous cette forme. Dans le passé, il y avait des craintes sur le ressac économique d'une éventuelle déclaration d'indépendance, mais le trésor public semblait être en mesure d'encaisser plus de dette (comme en fait foi notre situation actuelle!).
La dette a bondi depuis la dernière récession et, peu importe l'angle d'observation, est la plus élevée au Canada (p. E-17 du dernier budget). Pendant ce temps, on peine à revenir à l'équilibre, avec une économie qui n'est pas en récession. La difficulté est telle, que les déficits prévus pour 2014-15 et 2015-16, qui devaient initialement légalement être remboursés sur cinq ans, le seront maintenant sur 12 ans.
Monsieur Péladeau est très au fait des difficultés qu'il y a à faire cheminer une entité lorsqu'elle est hypothéquée d'une dette importante. Il a brillamment réussi avec Québecor et Vidéotron. Les choses ont été tout autre avec Quebecor World, lorsque les syndicats bancaires ont refusé de faire tourner les prêts.
Comment envisage-t-il la situation?
Il ne s'agit pas de dire que le Québec serait incapable de traverser des turbulences financières. Il s'agit d'indiquer aux Québecois comment pourrait se faire ce passage. Parce qu'il est douteux que les finances publiques du Québec soient actuellement capables d'encaisser un ralentissement économique de l'ampleur de celui de 2008-2009 sans délestage.
Faudrait-il constituer dès maintenant un fonds de réserve pour la transition? À quelle hauteur? Pendant combien de temps?
Et de quelle façon: en haussant les impôts ou sabrant dans les programmes sociaux?
La parole est à monsieur Péladeau.
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