Le Cirque du Soleil serait vendu à un consortium de fonds d’investissements. Bonne nouvelle pour le siège social. La question qui demeure est sur son rayonnement futur.
Le Globe and Mail, La Presse et quelques autres médias rapportent que le Cirque est vendu à TPG Capital, Fosun Capital, et la Caisse de dépôt, alors que Guy Laliberté conserverait une participation de 10%.
Des informations non confirmées font état d’une participation de 60% de TPG, de 20% du fonds chinois, et de 10% de la Caisse.
TPG est notamment actionnaire de Caesars Acquisition Co, la société du dragon Mitch Garber, qui est un ami de Guy Laliberté (et siège notamment au conseil de la Fondation One Drop). La philosophie du fonds est intéressante : il se qualifie d’investisseur « contrarian » et de partenaire en solution de problèmes. Il cherche à investir dans des entités où il voit de la valeur que les autres ne voient pas, du moins dans leur plein potentiel.
Fosun, le fonds chinois, est notamment investit dans le Club Med.
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La bonne nouvelle : ce sont des fonds
Si la transaction se concrétise, la bonne nouvelle est que la partie qui achète est constituée de fonds d’investissement, et n’est pas une société intégrée.
Beaucoup de craintes ont été exprimées ces jours derniers quant à l’avenir du siège social du Cirque. Si l’acheteur avait été une société intégrée comme Disney, il y aurait effectivement eu lieu de craindre un certain nombre de déplacements d’emplois.
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Des fonds d’investissement peuvent difficilement déplacer un siège social, ils n’ont pas d’endroit où l’envoyer. Pour l'instant, on est ok.
On notera aussi au passage que, contrairement à la plupart des sociétés, qui produisent de la « commodité » (des produits dupliqués un peu partout), le Cirque fabrique des produits uniques. Il est difficile de voir comment un investisseur qui mesure sérieusement son risque pourrait courir le risque de déstructurer de façon majeur l’essaim créatif québécois qui a fait sa force.
C'est autre chose pour le rayonnement: qu’en sera-t-il?
C'est autre chose pour le rayonnement: qu'en sera-t-il?
La question qui demeure est davantage sur le rayonnement du Cirque du Soleil dans le monde. Peut-il être amplifié? Et, dans le contexte actuel, on dirait même plutôt : peut-il être maintenu?
Beaucoup de gens peuvent parler en long et en large des spectacles du Cirque. Très peu peuvent parler de son plan d’affaires, qui n’a jamais été révélé dans suffisamment de détails pour qu’on puisse en apprécier la force financière.
Le 17 janvier 2013, le Québec apprenait avec surprise que l’organisation était forcée de mettre à pied 400 employés.
On y comprenait aussi, personnellement, que le modèle d’affaires du Cirque était cassé.
Au sortir de la conférence de presse, à laquelle n’assistait malheureusement aucun des dirigeants, on était ressorti en comprenant ce qui suit.
Dans le passé, le modèle d’affaires pour beaucoup de spectacles (tous ceux de Las Vegas en tout cas) fonctionnait ainsi : le Cirque trouvait un partenaire, qui construisait à ses frais un théâtre sur mesure. Ce partenaire payait aussi une partie de la production du spectacle du Cirque. On se partageait ensuite les bénéfices de la production.
Malheureusement, avec les échecs de Zed (Japon), Zaia (Macao), Viva Elvis (Vegas) et Iris (Los Angeles), il était à ce moment devenu beaucoup plus difficile de trouver des partenaires pour investir aux mêmes conditions.
Le Cirque allait dorénavant devoir mettre plus d’argent dans les projets pour acquérir la même part de bénéfices, et faire miroiter des bénéfices plus sûrs aux partenaires.
Il ne s’agissait plus des mêmes marges de rentabilité et, surtout, les besoins en capitaux devenaient nettement plus grands. Tout comme les risques financiers.
Au printemps 2014, dans une entrevue à La Presse, Guy Laliberté a semblé en bonne partie accréditer notre lecture en indiquant que le nouveau plan de match nécessitait une levée de capital de 500 M$ pour alimenter 3 fonds d’investissements internes : un pour la production de nouveaux spectacles, un pour l’acquisition de droits de propriété et un dernier pour de l’investissement immobilier.
Les nouveaux acheteurs seront-ils prêts à mettre cet argent?
C’est probable. Autrement, leur investissement (que l’on dit être de 1,8 G$) aurait peu de sens. Les fonds n’ont pas de réelle expertise dans l’industrie. C’est une chose d’être investi dans des sociétés de spectacle, c’en est une autre de les gérer. Le prix payé est donc normalement en fonction du plan de match de la direction, et si ce plan de match réclame 500 M$ et qu’on ne les met pas, il y a un risque de dévaluation de son placement un peu plus tard.
La recette fonctionnera-t-elle pour autant?
Elle reste à mettre en application. On verra d’ici quelques années.
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