Où les plus riches mettent-ils leur argent ? Pour l'investisseur à long terme, tenter de suivre ces grands de l'investissement peut être une stratégie à suivre. «Cinq actions que des milliardaires voient doubler», titrait récemment le magazine Forbes. L'idée nous est venue de nous attarder un peu plus à chacune d'entre elles.
Hertz (HTZ, 20,60 $ US)
Le milliardaire Barry Rosenstein, qui dirige le fonds de couverture (hedge fund) activiste Jana Partners, estime que le titre de la société mère des locateurs d'automobiles Hertz, Dollar, Thrifty et Firefly pourrait tripler. M. Rosenstein croit que Hertz pourrait racheter jusqu'à 20 % de ses actions, et voit le bénéfice doubler sur un horizon qui n'a toutefois pas été précisé.
Opinion. C'est possible, mais pour l'instant, il est vraiment difficile de savoir comment. La société n'a pas publié de résultats vérifiés depuis le 20 mars 2014, alors qu'elle avait prévenu les investisseurs que des erreurs comptables la forçaient à refaire ses états financiers 2011, 2012 et 2013. Hertz vient de prévenir que la vérification pourrait avoir un impact sur ses résultats de 2014 et de 2015.
Le titre n'est qu'à 12 fois le bénéfice de 2013, mais il est à 17,4 fois le bénéfice prévu (tout aussi incertain) de 2016. M. Rosenstein dispose peut-être d'informations privilégiées, mais à première vue, le rachat massif d'actions cadre mal avec le plan de match de Hertz, qui semble être de réinvestir assez fortement dans le renouvellement et l'amélioration de son offre de véhicules.
Monsanto (MON, 120,01 $ US)
Larry Robbins, du hedge fund Glenview Capital Management, croit que le titre de la société spécialisée dans les biotechnologies agricoles pourrait valoir de 250 à 300 $ US. C'est un bond d'au moins 100 %. M. Robbins dit voir beaucoup de potentiel dans le fait que le géant de St. Louis, au Missouri, contrôle le marché du maïs et du soja aux États-Unis et que, peu importe ce qui se plante, elle en retire des revenus. Elle est en outre pratiquement à l'abri de la concurrence et ses nouveaux produits OGM devraient contribuer à sa croissance au fil des années.
Opinion. Ça ne se présente pas si bien pour le monde agricole au cours des prochains mois. Barclays perçoit trop de production dans les champs et s'attend à des problèmes en 2016. Cela signifierait des prix plus faibles pour les producteurs et, en retour, des volumes et des prix plus faibles pour les semences de Monsanto. La société est cependant en train d'acquérir la suisse Syngenta, ce qui pourrait renforcer encore davantage sa position dominante. On aime, mais il faut voir à long terme.
Navistar (NAV, 29,20 $ US)
Mario Gabelli, qui a donné son nom à sa firme, a dernièrement affirmé sur les ondes de CNBC que le titre pourrait éventuellement doubler. Il s'attend à ce que la rentabilité du constructeur des camions International et des moteurs MaxxForce s'améliore en même temps que les conditions économiques aux États-Unis. Le milliardaire Carl Icahn semble aussi croire à son potentiel, lui qui détient 20 % de l'entreprise.
Opinion. L'affaire se joue sur l'amélioration des marges et la poursuite du cycle économique. Il serait surprenant de voir le titre doubler. La société de l'Illinois est toujours à perte malgré d'importants efforts de restructuration. Pas sûr de ce coup-là.
Nuance (NUAN, 16,85 $ US)
Un gros pari de Carl Icahn, qui détient 19 % de la société de reconnaissance vocale du Massachusetts, et qui voit son cours tripler.
Opinion. Un autre pronostic qu'on a de la difficulté à comprendre. Il est vrai qu'à moins de 15 fois le consensus 2015, le titre n'est pas cher. Mais les prévisions de croissance pour les années suivantes ne sont pas non plus très élevées (6,5 % pour 2016, 3,3 % pour 2017). Nuance est fort bien positionnée en matière de reconnaissance vocale. Quelque chose nous dit qu'à long terme, c'est bon, mais quand il s'agit de technologie, la concurrence n'est pas facile à voir venir.
Platform Specialty Products (PAH, 26,20 $ US)
Entre ici l'investisseur bien connu Bill Ackman, qui détient 22 % de la société de produits chimiques spécialisés (25 % des ventes) et de produits agrochimiques (75 %) de la Floride. Les activités du holding vont de la fabrication des fluides nécessaires à l'extraction du pétrole à l'élaboration de produits pour protéger les semences. Ackman voit le titre un jour à 200 $, ce qui signifierait un gain de... 600 % !
Opinion. Il s'agit d'un acte de foi dans le président de la société. Martin Franklin est le fondateur de Jarden Corporation, un assemblage de sociétés de consommation qui a performé 40 fois mieux que le marché depuis la fin de 2001. Le secteur est cependant complètement différent, et la société est assez endettée (dette nette/BAIIA de 5,1). Il faudra de nouvelles acquisitions pour faire bouger le cours du titre, et ce ne sera pas le cas au cours des prochains mois. Une réduction de la dette est nécessaire avant que le titre puisse progresser. Ceux qui croient que tout ce que touche Bill Ackman se transforme en or ont cependant l'occasion actuellement d'acheter le titre au même prix que lui.