On l'avait oublié, mais la voilà qui revient : la crainte. Les marchés boursiers hésitent au moment où les investisseurs voient plus de nuages dans le ciel qu'ils n'en voyaient au cours des derniers mois.
Il y a quelques jours, notre patron, Yannick Clérouin, et notre collègue, Rachel Tousignant, se sont amusés à recenser les titres qui avaient le plus souffert depuis le début de l'année. On a retenu huit d'entre eux pour examen. Ils ont en commun d'avoir perdu au moins 20 % de leur valeur. Certains peuvent-ils remonter la pente ?
Le Château (CTU.A, 1,25 $)
Le titre est «en vente» de plus de 50 %, mais ce n'est pas pour rien. Les ventes des magasins comparables du détaillant montréalais reculent de 8 % à 10 % par rapport à l'an dernier, et la rentabilité est de plus en plus rouge foncé. Aucun analyste ne suit le titre. Il y a peut-être une aubaine que l'on ne décèle pas, mais avant que la société ne renoue avec les bénéfices, le parcours semble au mieux hasardeux.
GLV (GLV.A, 2,45 $)
Une descente de plus de 45 %. L'entreprise montréalaise vend sa division d'équipements pâtes et papiers pour se concentrer sur le secteur de l'eau. Le projet de vente à l'actionnaire de contrôle ne fait pas l'unanimité, et certains auraient aimé que la division soit conservée en raison des flux de trésorerie qu'elle procure. Les multiples sont plus élevés dans le secteur de l'eau que dans celui des équipements de pâtes et papiers. On soupçonne que c'est la raison derrière la transaction. Acquisitions à venir, mais la division d'eau actuelle ne fait pas merveille. Le redressement prendra du temps. On passerait.
Transat A.T. (TRZ.B, 8,40 $)
La chute ne se fait pas en douceur, avec un recul de plus de 35 %. Les craintes liées à l'Ebola pèsent sur les multiples du secteur, mais il y a aussi Air Canada et WestJet qui ajoutent de la capacité. Le titre du voyagiste montréalais est cependant tentant. Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, est l'un des bons analystes du secteur. Il attend un bénéfice nettement sous le consensus (BAIIA 2015 à 83 M$ par rapport à 118 M$), mais croit que le marché prend déjà en considération les enjeux auxquels fait face Transat A.T.. Le risque de recul supplémentaire semble faible selon l'analyste. Sa cible est à 10,50 $.
Yellow Media (Y, 13,99 $)
La valeur de la société a chuté du tiers. Il s'agit d'une entreprise en transformation et les résultats fondent (baisse de 25 % du bénéfice au dernier trimestre comparativement à la même période l'an dernier). Yellow tente d'aller chercher les PME qui ne sont pas avec elle, tout en diversifiant son offre de produits numériques. Le défi est important pour l'entreprise montréalaise. En se fondant sur la valeur, certains aiment bien. Trop difficile de voir ce qui s'en vient.
Canam (CAM, 10,60 $)
Aurait-on ici l'occasion la plus intéressante du marché ? Le titre du concepteur et fabricant de poutrelles d'acier de Saint-Georges est en baisse de près de 25 % ; pourtant, les trois analystes de notre univers qui le suivent sont optimistes. Le cours cible le plus bas est à 16,50 $. Le titre a commencé sa glissade en août, avec des résultats trimestriels qui ont complètement raté la cible (un bénéfice par action de 0,11 $ par rapport à 0,23 $). L'écart semble cependant s'expliquer par des difficultés exceptionnelles en avril, qui ont ensuite été résolues. Le carnet de commandes est en hausse, et les perspectives de la construction non résidentielle aux États-Unis ne se sont pas détériorées.
Bombardier (BBD.B, 3,58 $)
Une chute de plus de 20 %. Les mauvaises nouvelles se sont succédé cette année pour l'avionneur montréalais, avec l'incident qui a interrompu les essais du CSeries. Les commandes du nouvel appareil sont assez bonnes, mais la dernière restructuration annoncée soulève quelques interrogations. Les futurs appareils ont-ils été vendus à un prix qui nuisent à la marge bénéficiaire, et l'entreprise tente-t-elle de la récupérer par la voie des coûts ? Peut-être a-t-on aussi vendu au prix prévu et Bombardier est simplement en train d'augmenter la rentabilité. Il faudra encore quelques mois avant qu'on ne puisse vraiment le savoir. Le titre n'est pas cher sur un plan historique.
Colabor (GCL, 3,80 $)
On sent que la puck roule assez bien dernièrement pour le distributeur alimentaire de Boucherville. Il a récemment réglé un litige de longue date avec le fisc sur sa conversion de fiducie de revenu en corporation. Il a aussi signé quelques ententes d'approvisionnement supplémentaires qui lui permettent de procurer du levier à l'espace inoccupé de ses entrepôts. Le meilleur semble à venir. L'endettement demeure élevé, mais, si les choses s'améliorent comme prévu, ça ne devrait pas empêcher une progression. La cible moyenne des analystes est à 5,30 $.
Fiera Capital (FSZ, 11,75 $)
Ici aussi ça semble intéressant. Le titre a reculé de plus de 20 % en 2014, mais les derniers résultats étaient meilleurs que prévu. La baisse des Bourses semble nuire au gestionnaire de fonds montréalais, mais pour qui sait être patient, il devrait y avoir plus de pas en avant que de pas arrières. Jean-Guy Desjardins est un solide gestionnaire. La direction vise à faire passer l'actif des fonds communs de placement sous gestion à 150 G$ d'ici 2019, ce qui veut dire une croissance annuelle composée de 14,3 % sur quatre ans et demi.