BLOGUE. Que pense Stephen Bronfman, grand patron de Claridge, du retour des Expos, des lois linguistiques au Québec, et du nouveau chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau?
Les membres de la jeune Chambre de commerce de Montréal ont eu droit à un intéressant questions-réponses en journée mardi. Avec une étonnante transparence de la part de monsieur Bronfman, dont les sorties publiques sont plutôt rares.
Le retour des Expos
Que pensez-vous d'un retour du baseball majeur à Montréal?, lui a-t-on demandé.
« Je pense que ça peut être viable », a-t-il dit, en précisant avoir des discussions avec Warren Cromartie, l'ancien joueur des Expos, qui planche sur un retour éventuel de la formation à Montréal.
Monsieur Bronfman a grandi avec le club à l'époque où son père Charles en était le propriétaire de l'équipe. Il a notamment travaillé au service des communications et du marketing.
À son avis, l'évolution du statut d'agent libre qui a notamment rendu la vie plus difficile pour Montréal. Les Expos étaient capables de signer de jeunes joueurs, mais n'étaient pas capables de les retenir six ou sept ans plus tard en raison des salaires.
Il a soutenu qu'avec l'introduction du partage des revenus dans le baseball majeur, et la hausse des revenus liés aux droits de télévision, les choses avaient cependant changé.
Surpris par le point de vue, on a tenté de voir un peu plus clair dans la force de ses espérances, en marge de la conférence.
Faudrait-il un nouveau stade?
« Dans le meilleur des mondes, oui. Avec les Molson comme partenaires qui pourraient faire des shows. Et l'hiver, on pourrait transformer le tout en parc de snowboard, avec de la musique et du rap. Mais je ne pense pas qu'un nouveau stade soit nécessaire, c'est trop cher », a-t-il précisé.
Et lui, mettrait-il de l'argent?
« J'ai dit non à Warren, mais qu'on serait heureux de le guider », a-t-il indiqué. Il ne ferme cependant pas la porte. « On ne sait jamais, ce n'est pas une bonne affaire. Mais peut-être un jour, dans les bonnes circonstances, avec une bonne gang ».
Stephen Bronfman estime que le retour des Expos serait bien pour la ville. Et juge qu'il faudrait aussi que les pouvoirs publics s'impliquent. Il ne croit pas qu'un investissement puisse être fait à 100% par le privé, mais n'a pas élaboré sur la forme d'engagement gouvernemental qui pourrait être mis en place.
Le baseball majeur ne prévoit pas d'expansion, mais Oakland et Tampa Bay sont réputées être des franchises qui pourraient un jour venir sur le marché.
Pour la liberté linguistique
Pour la liberté linguistique
Monsieur Bronfman a aussi été interrogé sur la situation linguistique au Québec et émis ses réserves sur la loi 101.
« Je n'aime pas trop faire de politique. Mais je suis marié à une Québécoise et j'ai quatre enfants qui vont à l'école française. J'ai eu le choix, mais beaucoup ne l'ont pas », a-t-il déploré.
Le président de Claridge dit être mal à l'aise. « J'ai de la misère un peu avec ça. Je trouve parfois que l'on est un peu trop isolé… Il ne faut pas nous mettre dans une boîte en disant Québec est différent. Nous faisons partis du monde, faisons notre chemin », a-t-il déclaré.
Hors conférence, Stephen Bronfman a dit ne pas croire que le Québec perdrait son fait français (si les parents étaient libres des choix de fréquentation) et redouté que des applications trop strictes de la loi (pastagate) ne conduisent à des départs et un certain « brain drain ».
« Je comprends pourquoi il y a eu initialement la loi 101, mais les gens sont passionnés par la vie et leur langue, je ne vois pas pourquoi elle serait perdue. C'est un monde francophone ici, les gens vont continuer de parler français, les enfants vont parler en français. Peut-être de temps en temps vont-ils aller à l'école anglaise comme les miens vont à la française, pour une meilleure vie », croit-il.
À la question « vous n'avez jamais pensé à quitter Montréal? », monsieur Bronfman avait plus tôt répondu, en rigolant:« euh, vous savez, la politique est bizarre, mais c'est intéressant. On ne sait jamais ce qui va se passer. Disons que 1995 a été un peu dur! »
Justin Trudeau
C'est avec un peu de surprise que l'on a appris en cours de discussion que monsieur Bronfman avait été le président de la campagne de financement du nouveau chef libéral Justin Trudeau.
Il a indiqué que la campagne avait bien rapporté et dit croire que monsieur Trudeau « pourrait changer la politique au Canada. »
Appelé à être plus précis, il a estimé que monsieur Trudeau était un jeune politicien, entouré d'une équipe jeune, et qu'ils étaient mieux placés pour comprendre les nouveaux enjeux.
« C'est une génération différente, qui comprend mieux et veut mieux comprendre comment le monde fonctionne. Les gens au gouvernement sont simplement d'une plus vieille génération et ne comprennent pas. Je suis vieux moi aussi! »
Stephen Bronfman est de même venu à la défense de Justin Trudeau sur les critiques visant son contenu. « Certains disent qu'il ne parle pas de sa politique. Ce n'est pas le temps, il veut plutôt savoir ce que les gens veulent. Il va ensuite bâtir une nouvelle équipe avec une nouvelle pensée. »
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