BLOGUE. C'est un important règlement qui vient de survenir aux États-Unis entre, d'un côté, Visa, Mastercard et des banques, et, de l'autre côté, plusieurs marchands américains. Au Canada aussi, ceux qui paient par carte de crédit pourraient bientôt être appelés à payer une surcharge. Question: comment éviter que le consommateur ne soit le dindon de la farce?
Visa et Mastercard acceptent de payer à plusieurs marchands quelques milliards de dollars pour régler un litige où les commerçants alléguaient subir un important préjudice. Des contrats abusifs, disent-ils, les empêchaient d'offrir un mode de paiement moins dispendieux que la carte de crédit à leurs clients. Pour cette raison, ils devaient prendre à leur charge des frais de transaction importants qui nuisaient à leur rentabilité.
Le règlement prévoit que les commerçants pourront désormais faire valoir à leurs clients qu'il existe un mode de paiement moins élevé et ajouter une surcharge raisonnable au prix d'achat du consommateur si celui-ci choisit quand même de régler par carte de crédit.
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Le principe pourrait bientôt se transporter au Canada, alors que le Bureau de la concurrence mène actuellement une bataille du genre pour les commerçants et le consommateur canadien.
On dit "mène pour les commerçants et le consommateur" parce que c'est ce que dit le Bureau. On a eu beau brasser la soupe de tous les côtés avec plusieurs collègues et amis, il apparaît cependant difficile de voir comment le consommateur pourra financièrement gagner avec un éventuel nouveau système.
Comment ça marche
Avant d'aller plus loin, une explication concrète sur comment le système fonctionne et sur comment, si vous payez toujours comptant ou par carte de débit, vous vous faîtes actuellement avoir par les affamés de la carte de crédit qui ne pensent qu'à leurs points primes.
Les commerçants doivent payer des frais qui vont de 1,5% à 3% lorsqu'un consommateur utilise sa carte de crédit. Généralement, plus la carte donne des points au consommateur, plus elle coûte cher en frais.
À titre comparatif, le coût d'une opération par carte de débit est de 0,12$, peu importe la valeur de l'achat. Ainsi, si vous achetez quatre pneus d'hiver pour 400$, il en coûtera 0,12$ au commerçant si vous payez par débit. Par contre, à 3% de redevances sur la carte de crédit, il lui en coûtera 12$. Avec l'augmentation des volumes, la différence devient importante et se reflète inévitablement sur l'ensemble des prix.
Les associations de commerçants disent que leurs membres subissent un préjudice et voient leurs profits être moindre. Ce n'est pas tout à fait notre lecture (ni celle que semble avoir le Bureau). Parce que tout le monde est dans le même bateau, il est plutôt facile de comprendre que le commerçant porte plutôt en bonne partie ces frais dans ses coûts généraux et fixe ensuite ses prix à un niveau plus élevé pour les absorber.
Une étude américaine de la Federal Reserve Bank of Boston estime d'ailleurs qu'il en coûte en moyenne aux ménages qui paient par débit près de 150$ par année en subventions à ceux qui paient par carte de crédit.
Qu'arrivera-t-il maintenant?
Qu'arrivera-t-il maintenant?
Si le Bureau devait l'emporter ou régler, et l'entente aux États-Unis semble faire grimper la probabilité, les marchands devraient bientôt avoir le droit de demander une surcharge ici.
Il reste à voir si cela se produira. Il est possible que certains commerçants hésitent éventuellement à l'introduire de crainte que certains volumes ne migrent vers une concurrence qui ne l'introduirait pas.
Quoiqu'il en soit, même si le principe de la surcharge devait s'établir et s'étendre, on voit mal comment l'argent pourra descendre jusqu'au consommateur. En fait, le risque apparaît assez important que la nouvelle politique ne fasse grimper les prix.
Prenons en effet la transaction pour l'achat de quatre pneus d'hiver. Le consommateur utilisant sa carte de crédit pourrait devoir payer jusqu'à 12$ de surcharge. Rien n'obligera ensuite le commerçant à répartir cette économie sur ses autres clients. Il préférera sans doute l'envoyer à son bénéfice.
C'est pourquoi l'on dit que le consommateur risque d'être le dindon de la farce.
Une seule consolation. Si la surcharge s'amène, elle aura au moins pour effet de faire réaliser au consommateur qu'il est plus payant de ne pas utiliser sa carte et replacera du fait le crédit dans une plus juste perspective philosophique où il ne prendra plus rang avec la normalité, mais avec l'exception.