Mis à part un important bémol quant à la dette, c'est un assez bon chiffrier budgétaire que présente le nouveau gouvernement libéral. Reste à voir maintenant si ce chiffrier pourra être exécuté sur le terrain.
En 2014-15, le Québec sera en déficit de 2,4 G$, alors qu'il devait initialement ne l'être que de 1,75 G$.
C'est un net retard, mais la situation aurait pu être beaucoup plus sombre, n'eut été d'importantes mesures de compression mises en place dès cette année. Le gouvernement espère toujours atteindre le déficit zéro en 2015-16, et annonce qu'après des compressions de plus de 2,7 G$ dans l'appareil gouvernemental cette année, de nouvelles compressions de 3,2 G$ auront lieu l'an prochain (en 2015-16).
Qui écope pour revenir à l'équilibre?
Les fumeurs et les consommateurs d'alcool seront de nouveau davantage appelés à contribuer.
Plusieurs crédits d'impôt sont aussi diminués de 20%.
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Il y a des réductions de dépenses de nature administrative (réduction du recours aux professionnels à l'externe, rationalisation des espaces de bureau, réduction de la bureaucratie, etc.). On étale aussi la hausse de rémunération des médecins, révise le régime d'assurance médicaments, abandonne le projet d'assurance autonomie.
Il y a également un gel de l'effectif de l'appareil public. Les départs à la retraite seront utilisés à la fois pour réinvestir sur le terrain et sauver de l'argent. Il convient de rendre à César ce qui appartient à César en soulignant que cette idée, qui contribue assez fortement à l'effort, est celle de Christian Dubé de la CAQ. Monsieur Dubé avait été plusieurs fois attaqué sur celle-ci en campagne électorale, des opposants alléguant que le cadre financier péquiste ne prévoyait déjà pas de hausse d'effectif.
Les efforts décrits plus haut totalisent 3,2 G$. Le montant comprend un certain nombre de mesures qui n'ont pas été identifiées concrètement au budget.
Là ne s'arrêtent pas les sacrifices nécessaires.
Un autre 3,3 G$ de coupes est prévu pour 2015-16. Et cette fois, rien n'est encore identifié. C'est la Commission de révision permanente qui décidera dans les prochains mois. On compte de même sur la Commission de la fiscalité pour faire rentrer 650 M$ supplémentaires, et là non plus on ne sait pas encore quelles seront les mesures. Quoique monsieur Leitao ait indiqué qu'il demanderait d'examiner en premier lieu les dépenses fiscales, ce qui veut dire que des entreprises perdront vraisemblablement la totalité de leurs crédits d'impôt.
Un budget réaliste?
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Un budget réaliste?
C'est là la grande question.
C'est une chose de dire que l'on fera quelque chose, c'en est une autre de l'accomplir.
Pour arriver aux objectifs, les dépenses en santé, qui sont le déterminant de toute l'affaire, ne doivent par exemple croître que de 3% annuellement dans les prochains exercices. Elles ont grimpé de 5,2% dans les 10 dernières années. Encore récemment, le nouveau ministre de la santé parlait en chambre d'un objectif de 4%.
On a personnellement un gros doute sur l'atteinte des résultats parce que l'effort demandé en santé semble trop optimiste. Quelque chose nous dit qu'il faudra aller chercher plus ailleurs. Mais on verra bien. L'Institut du Québec calculait récemment qu'à long terme, des dépenses de la santé à 4% permettraient de garder les finances publiques à flot.
Une déception: la dette
La meilleure nouvelle de ce budget est sans doute l'abandon de l'intention du PLQ d'augmenter de 1,5 G$ par année les investissements en infrastructures (7,5 G$ sur cinq ans).
En abandonnant l'initiative, les libéraux renoncent en bonne partie à la politique économique qu'ils avaient défendue en campagne électorale (le programme d'immobilisation était son épine dorsale). L'idée menaçait très fortement l'atteinte des cible de dette dans l'avenir. Le risque aurait significativement augmenté avec les années que le Québec ne s'approche d'une décote importante.
La déception de ce budget touche néanmoins également la dette. S'il est rassurant avec l'abandon de la hausse des immobilisations, le gouvernement annonce malheureusement qu'à compter de 2017-18, la moitié des surplus budgétaires seront affectés à l'abaissement de celle-ci alors que l'autre moitié sera retournée en baisses d'impôt.
La décision fait en sorte que l'on prévoit maintenant qu'en 2018-19, le ratio dette/PIB sera de 50%, alors qu'il était prévu au dernier budget qu'il se trouverait à 48,8%.
L'objectif est d'avoir une dette à 45% du PIB au 31 mars 2026. Vrai, il y a sept ans d'espace pour s'y rendre. Mais il y a aussi sept ans d'espace pour que ne se présente une nouvelle récession (il y aura un bon bout de temps à ce moment qu'on n'en n'aura pas eue).
Il est toujours difficile de comprendre pourquoi le PLQ s'entête à vouloir faire des baisses d'impôt plutôt que de courir le plus rapidement possible vers une solidification de la situation financière.
Cela dit, restons sur l'essentiel. Le chiffrier est bon.
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