BLOGUE. Mauvaise nouvelle pour le gouvernement. Alors qu'il ne sait trop encore comment il pourra atteindre l'équilibre budgétaire en 2015, un groupe d'experts conclut qu'à moins de mesures de redressement importantes, le Québec aura de nouveau un important problème de déficit à compter de 2020, problème qui s'amplifiera avec le temps.
"D'ici 2015 nous sommes en mode sprint, c'est comme si on passait ensuite en mode marathon", lance Luc Godbout, professeur de l'Université de Sherbrooke, et co-auteur d'une étude sur la soutenabilité budgétaire du Québec, avec les chercheurs Suzie St-Cerny, Mathieu Arseneau, Ngoc Ha DAO et Pierre Fortin.
L'étude vise à déterminer si en maintenant le niveau de taxation actuel des contribuables par rapport au PIB du Québec, le gouvernement sera en mesure d'offrir les mêmes services dans l'avenir.
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L'étude démarre à compter de 2015, année où le Québec doit revenir à l'équilibre budgétaire. Et conclut que non, le Québec n'aura pas la capacité de maintenir le même niveau de services. À compter de 2020, les pressions démographiques font notamment en sorte que le gouvernement est de retour en déficit. Le scénario de base fait état d'un manque à gagner de 3.7 G$ cette année-là (4% des revenus). Le déficit atteint 8,3 G$ en 2025 (7,4% des revenus) et 17 G$ en 2030 (13% des revenus). Les chiffres sont encore plus sombres si on additionne chaque année les déficits à la dette.
Les auteurs estiment que des choix doivent être faits pour remédier à la situation et que le plus tôt sera le mieux. "En l'absence de tels choix, le Québec connaîtra un ralentissement économique prolongé et des difficultés budgétaires persistantes".
Interrogé sur ce qu'ils entendent par "choix", monsieur Godbout estime qu'il ne s'agit pas nécessairement d'augmenter l'interventionnisme de l'état, mais d'encourager l'innovation des entreprises. Ou encore d'augmenter la participation des travailleurs au marché du travail. Le gouvernement doit aussi tenter d'optimiser ses processus, dit-il, de manière à faire plus d'opérations à moindre coût (ce qui diminuerait les charges).
Ottawa peut-il aider le Québec?
Ottawa peut-il aider le Québec?
Le gouvernement fédéral mène depuis quelques années des études sur sa soutenabilité budgétaire.
En septembre 2013, le directeur parlementaire estimait que le fédéral allait dans les prochaines années connaître d'importants surplus budgétaires en raison d'une structure de coûts nettement plus favorable que celle des provinces. Il estimait notamment que si le gouvernement fédéral abaissait les impôts de 34 G$ et que l'économie progressait à son rythme naturel dans l'avenir, en 2087, le rapport dette/PIB reviendrait au même niveau qu'aujourd'hui .
En théorie, Québec pourrait accepter d'occuper l'espace fiscal que lui laissera Ottawa au fur et à mesure que le fédéral fera des surplus. Le fardeau fiscal du contribuable québécois n'augmenterait pas et l'on pourrait alors diminuer les déficits projetés.
Monsieur Godbout dit ne pas avoir exploré en profondeur l'étude fédérale et ne pas avoir effectué de calcul pour voir le niveau de compensation.
Il émet cependant des réserves sur l'avenue, en soulignant qu'en raison de la structure démographique, la situation budgétaire du Québec est plus difficile que celle de plusieurs provinces . "Les autres provinces ne prendraient peut-être pas tout l'espace libéré par Ottawa, et notre compétitivité fiscale serait affectée", a-t-il notamment estimé.
Comme disait l'autre, y'en n'aura pas de facile. D'où l'importance de ne pas traîner à résorber le déficit actuel.
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