Ce sont des résultats trimestriels meilleurs que ce qui était attendu qu'a dévoilé, jeudi, Bombardier. Prêt pour le redécollage? Pas tout à fait.
Le bénéfice du troisième trimestre est plus important que prévu (0,12$ par action contre un consensus à 0,09$), et, bonne nouvelle, les économies des réorganisations annoncées dernièrement, tant dans la division aéronautique (suppression de 2000 emplois) que dans la division Transport (900 emplois), n'y sont pas encore.
Ces économies à venir sont significatives: 200 M$ du côté de l'aviation, 68 M$ dans le rail.
En théorie, en présumant que tout se passe selon les attentes, c'est un ajout au bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de l'ordre de 15-20%, ce qui devrait avoir un effet bénéfique sur la valeur de l'action.
On dit "en théorie", car, malheureusement, toutes ces économies ne descendront pas prochainement à la ligne des bénéfices.
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Une proportion indéterminée sera capitalisée, c'est dire qu'elles ne viendront que diminuer les coûts plus tard, dans le futur. Exemple: la majeure partie des coûts de développement du CSeries ne passent pas actuellement à la dépense. Ces coûts sont additionnés et on commencera à les inscrire aux dépenses lorsque l'on vendra des CSeries. Un revenu sera alors apparié à un vieux coût.
C'est pour cette raison qu'il y a quelques semaines, on s'interrogeait si les réorganisations visaient à améliorer définitivement les marges bénéficiaires de Bombardier ou si la société n'était pas plutôt en train d'agir préventivement. Soit en raison de coûts de développement nettement plus élevés que prévu pour le CSeries, soit en raison d'un prix de vente plus faible du futur appareil.
La question est toujours sans réponse.
On a tenté de savoir, en demandant ce qui arriverait à la marge bénéficiaire lors de l'entrée en service du CSeries (stable?, nettement en hausse?, nettement en baisse?), mais la direction de Bombardier n'était pas prête à entrer dans ce jeu.
Elle ne donne un aperçu que sur un an. L'aperçu 2015 devrait venir en début d'année prochaine.
Il est possible qu'à ce moment l'on commence à mieux voir le potentiel du CSeries comme catalyseur de valeur. Mais ce ne sera qu'une vision très parcellaire. La mise en service est prévue pour la deuxième moitié de l'année pour le CS100, et six mois plus tard pour le CS300, si bien que très peu d'appareils seront dans la prévision 2015 (s'il y en a). Ces appareils auront en outre été vendus à faible prix étant donné les rabais de lancement.
Ce n'est donc qu'en 2016 qu'on aura une meilleure indication du succès de l'initiative.
En attendant
En attendant
Cela ne veut pas dire que l'aperçu que livrera Bombardier dans quelques mois n'est pas important.
Au contraire.
D'abord au chapitre des flux de trésorerie. Si les bénéfices ont été meilleurs, la consommation de liquidités au cours du dernier trimestre a été plus importante que ce à quoi s'attendaient la plupart des analystes. Certains commencent à se demander si un refinancement ne sera pas nécessaire en 2015. La direction se dit cependant confiante d'atteindre la cible qu'elle avait fournie en début d'année (et de ne pas avoir à se refinancer).
La journée des investisseurs sera surtout importante pour s'assurer que la rentabilité actuelle peut tenir. Pour que le CSeries fasse éventuellement une différence, il ne faut pas que le reste recule.
Pour l'instant, ça semble ok du côté des avions d'affaires, avec la Chine qui est au ralenti, la Russie en problème, mais les États-Unis, principal marché, qui se réchauffe.
Il n'y a pas de réelles craintes du côté Transport.
C'est moins sûr du côté des avions régionaux.
À Farnborough, la rivale Embraer a obtenu 159 commandes pour ses E-Jet. Bombardier n'en a obtenu aucune.
Et l'on n'en a pas réellement vu passer de nouvelles commandes dans les derniers mois.
On devrait mieux voir quel potentiel de vente la direction leur attribue encore, et si elle ne commence pas à penser à un nouveau programme d'amélioration.
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