Bombardier(Tor., BBD.B) qui négocie un jour avec la Caisse de dépôt et un autre avec Airbus: ça devient de plus en plus préoccupant.
La nouvelle de Reuters à l'effet que l'avionneur québécois était en discussions avec Airbus pour lui céder une participation majoritaire dans le programme du CSeries a fait beaucoup réagir en journée mardi.
En soirée, sans entrer dans le détail, Bombardier a reconnu par communiqué avoir eu des discussions avec Airbus, et précisé que celles-ci avaient pris fin.
Le développement n'est pas sans jeter certaines inquiétudes sur ce qui se passe chez Bombardier.
À la fin février, l'entreprise levait 1,1 G$ CA sur le marché des actions, un financement qui, combiné à une vente partielle de la division transport (en concomitance ou à la suite de son inscription en Bourse) devait régler ses problèmes de liquidités.
Voilà qu'à peine six mois plus tard, Bombardier donne l'impression d'avoir mal calculé ses besoins financiers.
« Bombardier donne l'impression d'avoir mal calculé ses besoins financiers. »
La position est délicate. Il est désormais impossible pour la société de retourner voir les grands courtiers pour leur demander de faire casquer leurs clients dans une nouvelle ronde de financement. L'action se négocie aujourd'hui à un prix nettement inférieur à celui de son émission. Chat échaudé craint l'eau froide.
Elle ne peut plus compter que sur des investisseurs institutionnels, que l'échec de la dernière planification financière rend assurément également plus frileux.
L'histoire des négociations avec Airbus ne vient pas simplifier la situation.
Pourquoi la direction de Bombardier a-t-elle jugé utile d'entreprendre des négociations avec le géant européen?
Il est possible que ces négociations aient eu lieu depuis un certain temps. Et se soient amorcées à un moment où Bombardier explorait la possibilité de simplement se donner du levier. Airbus pourrait théoriquement intégrer le CSeries à son offre d'appareils et tenter d'y aller de ventes combos. L'utilisation des centres d'entretien d'Airbus viendrait aussi peut-être abaisser significativement les coûts de service du CSeries.
Malheureusement, ce n'est probablement pas l'interprétation qu'auront aujourd'hui bien des investisseurs. Le synchronisme de cette nouvelle est mauvais.
Ils y verront d'abord un geste dicté par un besoin de trouver rapidement du capital afin de pouvoir poursuivre avec son programme.
Ils risquent aussi surtout d'y voir une forme de lancement de serviette de la part de Bombardier. Des commandes qu'on ne parvient pas à faire entrer en nombre suffisant, à un prix suffisant, (parce que les concurrents coupent les prix). L'aveu que, seule, elle ne parviendra pas à donner suffisamment d'élan au CSeries pour que celui-ci soit rentable.
Or, si le CSeries n'est pas rentable (du moins suffisamment), avec le niveau de dette actuel, comment la société sera-t-elle en mesure de faire face au prochain creux cyclique de l'industrie? Celui-ci ne manquera pas un jour de se pointer.
Les prochains résultats de Bombardier sont prévus pour le 29 octobre. D'importantes précisions seront nécessaires.
La situation est préoccupante.
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