Les derniers chiffres sont pour le moins impressionnants. Si la tendance se maintient, les ventes d'automobiles neuves aux États-Unis pourraient atteindre et même dépasser les 17 millions d'unités en 2015. Annonce de la fin du cycle ?
La dernière année où les ventes de véhicules avaient atteint un tel niveau, c'était en 2000, avec une pointe de 17,3 millions d'unités. Jusque à 2008-2009, les livraisons des constructeurs automobiles s'étaient ensuite maintenues légèrement en dessous de ce chiffre, pour ensuite totalement décrocher et envoyer plusieurs constructeurs consulter le syndic.
Où en est-on cette fois ?
Ce n'est jamais facile à dire, mais une récente analyse de la maison Sterne Agee permet de croire que l'industrie a, à tout le moins, encore du support.
Le parc automobile reste vieillissant
À la fin de 2014, l'âge moyen de la flotte de véhicules légers aux États-Unis était de 11,4 ans, un niveau record. Et 42 % du parc automobile avait plus de 12 ans. Plus ce dernier est vieillissant, plus la demande de remplacement augmente. Le taux de remplacement est d'environ 5 % lorsque le parc a 10 ans. Ce taux grimpe à 8 % à 12 ans et à 11 % lorsqu'il atteint 14 ans.
À un certain moment, le propriétaire d'un véhicule automobile n'a plus le choix : soit il en achète un nouveau, soit il commence à marcher.
Le parc finira par rajeunir, mais pour cela, il faudra qu'à un certain moment, il y ait plus d'achats de véhicules neufs.
La loi de la moyenne joue en faveur de l'industrie, et ce, sur deux tableaux.
Au cours des 35 dernières années, les consommateurs américains ont en moyenne dépensé 4 % de leur revenu disponible pour leurs véhicules. Depuis 2005, ces dépenses ont cependant été sous la moyenne et sont même passées sous les 3 % de 2009 à 2012.
Une moyenne est établie pour être atteinte, et Sterne Agee calcule que trois millions d'automobiles doivent être achetées pour que cette moyenne s'équilibre.
Une deuxième façon de voir les choses est de s'intéresser au pourcentage de ménages américains qui changent de véhicule tous les cinq ans. Historiquement, depuis 1975, 73 % des ménages s'achètent un nouveau véhicule tous les cinq ans. Depuis 2008, cette moyenne a considérablement chuté. Après avoir atteint les 50 % en 2012 et en 2013, elle a grimpé légèrement au-dessus des 55 % en 2014. La maison calcule que si cette donnée devait remonter à 65 % (sur cinq ans), la demande annuelle de nouveaux véhicules se situerait à environ 17 millions d'unités. On notera que 65 % est encore à bonne distance de la moyenne historique de 73 %.
Le temps de jouer GM et Ford ?
Il y a plus que les États-Unis à prendre en considération, mais les deux tiers des revenus de Ford et GM proviennent d'Amérique du Nord. C'est la zone économique qui fait bouger l'aiguille.
Selon les données de Sterne Agee, il est permis de croire que l'industrie a encore du support pour quelques années. Et que s'il y a une chute de marché, elle devrait être minime et suivie d'un rétablissement relativement rapide. On ne peut cependant pas dire que les indicateurs pointent réellement vers une augmentation significative probable des ventes.
La question n'en est donc pas une de croissance, mais d'évaluation. Autrement dit, les titres sont-ils actuellement sous-évalués parce que le marché redoute un cycle baissier prochain qui ne se présentera pas ? Si tel est le cas, les cours gonfleront éventuellement avec la démonstration que le nombre d'unités vendues suit la tendance de 17 millions par année.
Examinons d'abord GM (GM, 33,23 $ US). Le titre de la société s'est historiquement négocié dans une fourchette de 9 à 11 fois le bénéfice par action. Retenons le plus faible multiple par souci de prudence et parce que le cycle est avancé. Sterne Agee voit le bénéfice par action de l'exercice 2015 à environ 5,20 $ US. C'est dire que le titre pourrait à ce moment se négocier à près de 47 $ US. Par rapport au cours actuel, c'est un gain potentiel de plus de 30 %. La maison est cependant plus optimiste que le consensus des analystes qui, lui, est d'environ 4,50 $ US. Si le bénéfice est celui du consensus, c'est plutôt un titre qui oscillera à 40,50 $ US, ce qui représente un gain potentiel d'environ 21 %.
Voyons maintenant Ford (F, 14,87 $ US). Le scénario de multiple est le même. On retiendra un multiple de 9. La maison prévoit un bénéfice par action de 1,75 $ US pour l'exercice 2015. C'est un titre qui pourrait se négocier à un peu plus de 15 $ US. Malheureusement, c'est une cible qui s'apparente au cours actuel. Qui plus est, le consensus des analystes en ce qui concerne le bénéfice par action n'est, lui, qu'à environ 1,60 $ US.
Conclusion ? Entre GM et Ford, on choisirait GM. Mais ce n'est pas le genre de pari qu'on aime. Il est plus intéressant de miser sur la valeur dans un creux cyclique que dans un haut cyclique, les risques y sont moindres.
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Source : Bloomberg