BLOGUE. "Wow, tu es chanceux, Atrium est achetée!", ont dit ce matin les collègues, lors de l'entrée au bureau. Hum…
Eh oui, on est actionnaire d'Atrium, la société de produits naturels, qui met notamment en marché le fameux Garden of Life.
Les Fonds Permira offre 24$ par action, une prime de 27% sur les 30 derniers jours.
Une belle prime et un beau gain rapide, dîtes-vous?
Ça dépend des perspectives. La Caisse de dépôt et le Fonds de solidarité ne semblent pas partager le point de vue. Atrium précise en effet que les deux organismes, qui contrôlent 25% de la société, resteront actionnaires dans la même proportion. Bref, ils ne vendent pas.
Si la Caisse et le Fonds ne vendent pas, pourquoi devrait-on vendre?
SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT
Notre placement dans Atrium remonte à il y a environ un an et demi, alors que le titre se négociait autour des 11$. Motif de l'achat: des multiples qui nous apparaissaient ridiculement bas et des perspectives qui semblaient intéressantes.
À l'époque, le titre se négociait à 7 ou 8 fois les bénéfices et la direction disait publiquement s'attendre à une croissance interne qui pourrait être de cet ordre. Ces jours-ci, il est très rare qu'un multiple soit directement aligné avec la croissance interne. La dette était pendant ce temps à 3,2 fois le BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôt et amortissement), un niveau un peu élevé, mais qui faisait notre affaire. L'entreprise n'allait pas faire d'erreur en faisant une trop grosse acquisition. Avec la pyramide d'âge, le secteur des produits naturels semblait enfin très favorable.
En un mot, le risque à la baisse semblait très faible, et celui à la hausse assez élevé. On ne savait si le titre décollerait dans un an, deux ans, mais on était pas mal sûr que sur cinq ans, il vaudrait significativement plus.
Les choses sont allées plus vite que prévu.
Bonne ou mauvaise offre?
Bonne ou mauvaise offre?
Il ne s'agit pas de dire que l'offre est mauvaise.
L'analyste Martin Landry, de GMP Securities, note qu'elle survient à 10,5 fois le BAIIA des 12 derniers mois alors que la médiane des OPA des trois dernières années dans le secteur est à 11 fois.
Notre lecture est cependant différente.
Au prix de 24$, l'offre n'est qu'à un peu plus de 12 fois le bénéfice par action anticipé en 2014 par les analystes. Le marché dans son ensemble se négocie historiquement autour de 15 fois.
Est-il normal qu'une société, leader dans son domaine, et avec les perspectives démographiques que l'on connaît, se négocie sous la moyenne du marché en général?
Notre thèse est que le secteur sera un jour réévalué et que les multiples grimperont. En anticipation du Klondike qu'amènent les boomers. En parallèle, la rentabilité ira aussi croissant. Et le titre ira beaucoup plus loin que 24$.
« Quelque chose nous dit que c'est également ce que voient la Caisse et le Fonds. Et que c'est pour cela qu'ils ne vendent pas. »
Avec peut-être aussi, la volonté de s'assurer qu'un autre fleuron québécois reste sous influence québécoise.
Les actionnaires ne devraient pas tendre leurs actions.
Le titre reculerait assurément, mais le recul permettrait de sauter plus loin dans l'avenir.
Malheureusement, ça n'arrivera pas. La plupart des grands fonds d'investissement ne jouent pas l'horizon 10 ans comme la Caisse et le Fonds, mais le court terme.
Ils saisiront tout de suite le 27% de prime.
SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT