Le Conseil de presse refuse un mandat de l'Assemblée nationale pour examiner les questions sur le cumul des fonctions de Pierre Karl Péladeau. Ouf! Il aurait été en conflit d'intérêts et l'acceptation d'un tel mandat l'aurait tout simplement fait éclater.
La discussion sur l'influence de monsieur Péladeau sur ses salles de rédaction n'est pas aisée dans les milieux médiatiques.
Le dernier développement l'illustre bien. Le Parti québécois souhaitait que le Conseil examine la situation, et les libéraux ont transmis l'offre. Le Conseil a répondu que ce qu'on lui demandait d'examiner relevait davantage de l'éthique parlementaire que de l'éthique journalistique, et s'est déclaré incompétent pour agir.
C'est avec sagesse que le Conseil s'est gardé d'accepter. Il aurait d'abord été en conflit d'intérêts patent. Depuis quelques années, il est privé du financement de Québecor, qui ne reconnaît pas ses prérogatives. Une recommandation favorable ou défavorable à monsieur Péladeau, même à la suite d'audiences publiques, aurait conduit à une remise en question de son impartialité. Qu'il soit dit au passage qu'il est préoccupant que le Parti québécois et le Parti libéral, sur une discussion éthique aussi importante, n'aient pas vu dans quoi ils étaient en train de donner.
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En outre, le Conseil aurait probablement aussi éclaté. L'organisme est constitué de représentants des propriétaires de médias, de journalistes, et du public. On peut déjà anticiper que les propriétaires de presse ne se seraient pas montrés très ouverts à d'éventuelles intrusions dans leurs prérogatives. Pendant ce temps, la Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ), elle, s'est déjà prononcée en faveur de la vente des actions de monsieur Péladeau.
Le dernier épisode n'est pas la seule illustration du malaise qui règne dans l'arène médiatique. Certains syndicats se sentent dans l'obligation de manifester qu'ils défendent leurs membres et l'indépendance journalistique, ce qui crée du grésillement sur la ligne et nuit à la discussion. Les syndicats défendent, mais leur capacité à contrer d'éventuelles intrusions inadéquates reste limitée. La carrière de leurs membres et représentants demeure au final soumise à l'autorité du propriétaire.
Quelle sera la suite?
Quelle sera la suite?
Depuis le dépôt de la motion de la CAQ, les choses ne cessent de se compliquer.
Il semble de plus en plus que l'on devra aller dans une nouvelle commission parlementaire sur l'encadrement du quatrième pouvoir.
Il y a quelques jours, nous émettions la suggestion de créer un surintendant des médias qui pourrait enquêter à l'interne sur des allégations d'intrusion déontologique inadéquate dans le travail journalistique lorsque des questions d'intérêt public sont en jeu.
Le Conseil de presse, un tribunal d'honneur, n'a pas la force nécessaire pour assumer cette fonction. Les entreprises de presse ne sont en effet pas forcées de le reconnaître et peuvent faire défection à tout moment.
Il ne s'agit pas de nier au propriétaire le droit de déterminer ses contenus, mais d'installer un pouvoir de surveillance qui, par sa seule présence, n'aurait vraisemblablement pas à intervenir très souvent.
Peut-être cette suggestion est-elle trop compliquée d'application.
Si tel est le cas, et malgré toutes les réticences que l'on peut avoir avec la vente des actions, il est difficile de voir où se trouve une autre option.
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