ANALYSE - L'Eastman Business Park, l'ancien site de production de Kodak à Rochester, dans l'État de New York, est immense. Il a une superficie de près 5 kilomètres carrés et il compte 27 kilomètres de voie ferrée. Aujourd'hui, cet ancien vestige de l'âge d'or industriel de Rochester abrite des start-ups dans des secteurs d'avenir tels que la photonique.
Soixante-quatre entreprises y ont leur bureau et emploient 5 000 personnes. C'est beaucoup mieux qu'en 2011, alors que le site comptait 27 sociétés pour un total de 2930 travailleurs. «C'est un progrès, mais nous pouvons faire mieux», dit Tim Palmer, directeur marketing et du développement des affaires à l'Eastman Business Park.
Par contre, cela n'a rien à voir avec l'effervescence économique qui a déjà régné à cet endroit il y a plusieurs décennies. À son apogée, le site industriel de Kodak employait 65 000 personnes, soit pratiquement une ville à l'intérieur de la ville de Rochester.
Comme plusieurs centres industriels de la région des Grands Lacs, Rochester a connu un long déclin économique. Une situation difficile pour cette ville de 210 000 habitants qui a vu naître des multinationales comme Xerox.
Depuis des années, les autorités et la communauté d'affaires travaillent de concert pour diversifier le tissu économique de la ville, reconnue pour sa main-d'oeuvre qualifiée et la présence de plusieurs entreprises du Fortune 1000 dont Carestream Health.
Mais il reste beaucoup à faire, admet la mairesse de Rochester, Lovely Warren.
«On fait face à des défis de pauvreté, de chômage et au vieillissement de nos industries», a-t-elle dit ce vendredi devant une délégation de cinq maires (Gatineau, Drummondville, Alma, Magog, Shawinigan) et d'entreprises du Québec.
Cette délégation participait à une mission économique de l'Union des municipalités du Québec (UMQ) dans l'État de New York, du 18 au 20 mai. L'objectif était de voir comment les villes de Syracuse, Rome et Rochester essaient de relancer leur économie en misant sur de nouveaux secteurs, en plus de tisser des liens économiques avec ces trois villes américaines.
La mairesse de Rochester et les cinq maires québécois ont d'ailleurs signé une entente afin de renforcer leurs échanges commerciaux.
Les incubateurs et accélérateurs d'entreprises
Après l'Eastman Business Park, le High Tech Rochester, en banlieue de la ville, est l'autre initiative importante pour créer de nouvelles entreprises à Rochester.
Cet incubateur à un budget de fonctionnement de 5 millions de dollars américains par année. Il offre du coaching, du mentorat et du réseautage aux jeunes entreprises.
«Nous n'investissons pas dans les entreprises», précise son président James Senall. Par contre, l'incubateur met les entrepreneurs en contact avec des anges financiers.
Rochester a aussi un accélérateur d'entreprises situé au centre-ville, qui abrite une douzaine de PME. «D'ici cinq ans, nous espérons avoir 100 entreprises qui créeront 1000 emplois», dit James Senall.
Le High Tech Rochester intéresse au plus haut point la ville de Drummondville. Ce vendredi, la Société de développement économique de Drummondville - présidée par le maire de la ville Alexandre Cusson - a d'ailleurs signé une entente de partenariat et de collaboration.
«C'est notre troisième entente de jumelage. Les précédentes ont généré des retombées, et j'ai espoir que celle avec Rochester fasse de même», dit le maire Alexandre Cusson, en ajoutant que c'est une belle occasion d'affaire et une porte sur le marché américain pour les entreprises de Drummondville.
Par le passé, les deux autres ententes de jumelage ont été signées avec les villes de Jiaxing, en Chine, et de La Roche-sur-Yon, en France.
À terme, l'idée est que des entreprises de Rochester voulant prendre de l'expansion au Canada s'installent dans l'incubateur de Drummondville, et que les sociétés de Drummondville voulant s'implanter aux États-Unis s'installent dans le High Tech Rochester.
L'incubateur de Drummondville a une superficie de 100 000 pieds carrés, et il abrite 15 entreprises. Depuis près de 20 ans, 104 entreprises sont passées par cet incubateur, dont 65% sont toujours en affaire après cinq ans (le double de la moyenne provinciale).