ANALYSE DU RISQUE - Où s'en va la Chine? Quelles seront les priorités du parti communiste d'ici 2020? Dans quels secteurs le gouvernement investira-t-il en priorité? Nous aurons un début de réponse à ces questions cette semaine, alors que Pékin publiera son 13e plan quinquennal (2016-2020).
Chaque 5 ans, depuis 1953, le gouvernement publie son plan de match pour assurer le développement économique de la Chine. Ces plans quinquennaux sont une véritable mine d'or pour les investisseurs, car ils leur permettent d'identifier des tendances et des occasions d'investissements dans ce pays.
Par exemple, le 12e plan de la Chine (2011-2015) prévoyait une hausse de 13 % par année en moyenne du salaire minimum. Pékin voulait ainsi réduire les inégalités et stimuler la demande intérieure en faisant émerger une classe moyenne.
Le 13e plan quinquennal de la Chine est toutefois particulier, car il arrive à une période charnière de l'histoire du pays.
D'une part, parce que la croissance de l'économie chinoise a chuté sous la barre des 7%. Elle devrait s'établir à 6,8% en 2015, prévoit l'Economist Intelligence Unit (EIU).
Or, de 1989 et 2014, le PIB chinois a progressé en moyenne de 9,1% par année, selon le National Bureau of Statistics of China.
La volonté de Pékin de développer un marché domestique, moins axé sur les exportations et les industries consommatrices de ressources naturelles, explique en grande partie le ralentissement économique en Chine.
Cela dit, même dans une fourchette oscillant de 5 à 7% par exemple, le rythme de croissance du PIB chinois serait beaucoup plus rapide que celui des pays industrialisés.
Cette année, les États-Unis devraient enregistrer une croissance de 2,5%, selon l'EIU.
D'autre part, parce que l'endettement de la Chine est devenu chronique, une situation qui inquiète plusieurs investisseurs.
Au deuxième trimestre de 2014, la dette totale du pays (les gouvernements, les institutions financières, les entreprises et les ménages) représentait 282% du PIB chinois, selon une étude de McKinsey Global Institute.
Au Canada, ce taux s'élevait à 247% du PIB.
Enfin, la volatilité de la Bourse chinoise est une autre source d'inquiétude. De la mi-juin à la mi-juillet, la Bourse de Shanghai a perdu le tiers de sa valeur. Les analystes n'ont pas hésité à parler d'un krach boursier.
Même si le gouvernement chinois n'a pas encore publié officiellement son plan quinquennal, il a laissé filtrer certaines informations, sans parler des prévisions d'analystes à ce sujet.
Voici donc ce à quoi on pourrait s'attendre.
Que contiendra le 13e plan quinquennal?
Par exemple, Bank of America Merrill Lynch s'attend à ce que le prochain plan de match de la Chine mette l'accent sur trois choses:
- «l'internet-plus», soit l'utilisation d'internet pour accroître la productivité dans le secteur manufacturier
- le secteur des services
- les industries stratégiques, ce qui inclut les nouvelles sources d'énergie, la biotechnologie, la protection de l'environnement ainsi que la prochaine génération de technologies de l'information
La protection de l'environnement devient une priorité en Chine, car deux décennies de forte croissance économique ont grandement pollué le pays.
Selon certains analystes, la pollution serait même en train devenir un frein à l'enrichissement des Chinois.
Aussi, les entreprises étrangères qui ont des technologies qui peuvent réduire les émissions polluantes des sociétés chinoises et assainir l'environnement (eau, air, sol) seront les bienvenues en Chine, s'entendent pour dire les spécialistes.
Par ailleurs, le prochain plan quinquennal pourrait aussi prévoir l'abolition du contrôle des flux des capitaux en Chine, selon Bloomberg.
Si Pékin met en place une telle mesure, cela signifie que le marché financier chinois intégra complètement les marchés financiers internationaux.
La valeur du yuan chinois serait alors déterminée par le jeu de l'offre et de la demande, comme c'est le cas par exemple pour le dollar canadien.
Beaucoup de projets sur la table pour les aurotités chinoises, comme on peut le constater.
Cela dit, gardons bien en tête que l'objectif ultime du gouvernement chinois est de maintenir la stabilité sociale et politique du pays. C'est LA priorité de Pékin.
Car, sans stabilité, le pouvoir et la légitimité du parti communiste pourraient être contestés, soulignent certains analystes. Le déclenchement d’un «printemps chinois» est le pire cauchemar des autorités.
C'est pourquoi le prochain plan quinquennal devra soutenir une croissance économique créatrice d'emplois, dans les services par exemple, pour intégrer les dizaines de millions de Chinois qui quitteront la campagne pour la ville dans les prochaines années.
La Chine arrivera-t-elle toutefois à livrer la marchandise?