Le Dow Jones a fluctué de plus de 3155 points en 11 séances.
Les taux américains de référence de 10 ans ont chuté de 52 points jusqu’à 1,69 %, depuis le début de l’année, avant de regagner 1,81 %.
Le franc suisse a bondi de 40 % et a fait tomber la Bourse locale de 15 %, en cours de séance le 15 janvier, après la décision surprise de la Banque nationale suisse de ne plus contrôler la valeur de sa monnaie par rapport à l’euro.
La banque d'investissement Jefferies Group est même venue à la rescousse du courtier américain en devises FXCM, en lui allongeant 300 M$ US, pour renflouer son capital.
La nouvelle tempête donne le vertige et fait craindre le pire tellement les mouvements sont violents et leurs répercussions sont imprévisibles.
À certains moments, on a l’impression d’assister à une vaste expérience dont les alchimistes, les banques centrales, ignorent les résultats.
Comme l’indique la firme Barclays, on nage dans l’inconnu avec 20 % des taux souverains en terrain négatif (même jusqu’à l’échéance de 5 ans). Quelque 65 % des taux souverains sont inférieurs à 1 %.
Dislocations qui fragilisent le système financier
Avery Shenfeld, économiste en chef de Marchés mondiaux CIBC parle de « dislocations aux effets secondaires négatifs » pour le système financier.
Pas étonnant alors que le monde entier se réfugie dans les obligations américaines offrant du 1,8 %, faisant du coup grimper le dollar américain qui lui accentue la chute des matières premières, qui à son tour fait reculer l’inflation, qui ensuite fait tomber les taux, dans un véritable cercle vicieux.
Le risque lors de tels chocs, que ce soit le plongeon rapide du pétrole ou les mouvements inattendus de devises, c’est leur effet de contagion dans d’autres marchés que celui qui recule.
Les spéculateurs et les investisseurs plus actifs doivent en effet parfois vendre ce qu’ils peuvent vendre rapidement, pour colmater des pertes et respecter le capital minimum imposé par leurs courtiers.
La volatilité est amplifiée par les nouvelles normes de capital minimum de Basel III imposées aux banques et par la règle de Volker qui limite les transactions que peuvent réaliser les banques avec leur propre capital.
Ces contraintes ont éliminé beaucoup d’acteurs sur les marchés, ce qui réduit considérablement la négociabilité au jour le jour, et exagère les fluctuations, croit Martin Roberge, stratège quantitatif, de Canaccord Genuity.
En attendant le dividende du pétrole
En attendant le dividende du pétrole
Pour l’instant, M. Roberge, trouve réconfort dans ses indicateurs quantitatifs.
Que lui disent-ils ?
Que le recul récent des marchés est un autre ajustement un peu brutal à des nouvelles attentes, après l'optimisme des investisseurs à la fin de 2014.
Contrairement aux attentes, l’économie mondiale et américaine perdent de leur élan, ce qui fait aussi baisser les prévisions de bénéfices.
Les investisseurs réalisent aussi que le dividende que procure la baisse du pétrole prendra du temps à agir sur les consommateurs du monde alors que ses effets négatifs sont rapides.
« Je crois que les investisseurs associent les taux anémiques à une économie tout aussi anémique. Je ne suis pas de cet avis », dit-il.
Le stratège quantitatif fouille aussi dans le passé pour y voir plus clair. Les chutes du pétrole en 1986 et en 1998 ont été très bonnes pour l’économie mondiale, en 1987 et en 1999, rappelle-t-il.
En plus cette fois, le coût du capital est quasiment à zéro.
Un resserrement monétaire par la Fed est perçu comme un risque. Or, depuis 1983, la banque centrale américaine n’a remonté qu’une seule fois son taux directeur, lorsque l’inflation était inférieure à 2 % : en janvier 1987, neuf mois avant le crash d’octobre.
« Je doute qu’elle prendra un tel risque au moment où les taux à long terme reculent plus vite que les taux à court terme », dit-il.
Le S&P 500 : une correction somme toute modeste de 3,5%
Le S&P 500 : une correction somme toute modeste de 3,5%
Le mouvement haussier reprendra dès que les investisseurs redeviendront réceptifs aux bienfaits de la chute du pétrole et aussi plus à l’aise avec la politique monétaire de la Fed, conclut le stratège.
Si la volatilité au jour le jour des matières premières, des devises et des obligations a pris bien des investisseurs de court depuis le début de l’année, la Bourse américaine montre encore une fois sa résilience.
Le S&P 500 a baissé d’à peine 3,6 % depuis le sommet historique atteint le 29 décembre.
C’est encore l’indice le mieux outillé pour résister à la tempête, estime M. Roberge.
Au niveau actuel, le S&P 500 est déjà en-dessous de la valeur juste de 2085 qu’il aurait si les bénéfices stagnaient en 2015 comme ce fut le cas en 1986 et en 1998.
« Il offre donc une meilleure protection par rapport au S&P/TSX de Toronto qui pourrait baisser de 8,4 % si les bénéfices chutaient de 10 % comme lors des chutes du pétrole de 1986 et de 1998 ».