La montée des taux et le décodage de la Réserve fédérale retiennent toute l’attention des observateurs ces jours-ci.
Et pour cause, compte tenu des importantes pertes dans le marché obligataire, du rebond du pétrole et des métaux, sans compter les Bourses qui ne savent pas sur quel pied danser.
Le S&P 500 a fluctué dans une bande d’à peine 125 points depuis le début de l’année, la plus faible amplitude depuis une décennie, rapporte Bloomberg.
Ed Yardeni, économiste, stratège et président de sa firme de recherche éponyme, vient donc de rafraîchir le scénario qu’il juge de plus en plus probable.
Il le baptise «One and Done», c’est-à-dire une première et unique hausse du taux directeur par la Fed en septembre, en 2015.
«Dans ce scénario, le taux interbancaire d’un jour finirait l’année à un maximum de 0,50%, un niveau encore assez modeste pour propulser le S&P 500, où il n’est jamais allé encore», prévoit-il dans son plus récent bulletin.
Pourquoi? Parce que les taux à long terme devancent déjà le premier tour de vis de la Fed et freineront la croissance économique ainsi que l’activité hypothécaire, ce qui assurera un très lent retour à la normale du taux directeur par la Fed, explique l’économiste.
Une nouvelle volée de transactions
Une nouvelle volée de transactions
Tant un tel scénario, les entreprises seront opportunistes.
Si elles sentent que les taux amorcent une longue remontée, les entreprises s’empresseront d’emprunter sur le marché des obligations de sociétés pour racheter de leurs actions et boucler des acquisitions, afin de nourrir leur croissance et donner du rendement à leurs actionnaires, dans une économie au ralenti.
Mercredi, le fabricant américain de puces de télécommunications Qualcomm(Nasdaq, QCOM) a d’ailleurs annoncé une première émission de titres de dettes pour financer un retour du capital encore plus costaud à ses actionnaires ou encore des acquisitions.
Trois autres entreprises de la vieille économie ont aussi fait des emplettes. Le plus important fabricant de contenants de verre au monde, Owens-Illinois(NY, OI), a annoncé l’achat des activités de contenants de verre pour les aliments de Vitro SAB. Williams Cos. a indiqué qu’elle rachètera la part de 40 % dans l’exploitant de pipelines Williams Partners LP qu’elle ne détient pas déjà pour 13,8 milliards de dollars américains.
Danaher Corp.(NY, DHR) procède à sa plus grosse transaction à vie. Elle acquerra le fabricant de systèmes d’eau Pall Corp. pour 13,8 G$ US milliards de dollars américains et se scindera en deux sociétés ouvertes ensuite.
La valse des transactions se poursuivra encore un bon moment si l’on se fie aux capitaux massifs qui circulent en quête de rendements.
Le géant Blackstone Group(NY, BX) vient de récolter 17 G$US en sept mois pour son dernier fonds d’investissement privé, un record pour ce type de fonds depuis 2014.
Sa rivale, KKR & Co.(NY, KKR) vise pour sa part des sommes de 10 à 12G$ US pour un fonds privé, d’ici l’automne.
Un « repli à acheter »
De plus, les stratèges sont nombreux à attendre ou espérer le mouvement de repli qui accompagne généralement un changement de régime de la Fed pour réinvestir en Bourse, au cours des prochains mois.
Si la Bourse américaine déjoue leurs prévisions et continue de s’apprécier, plusieurs devront revenir aux marchés plus tôt que prévu pour suivre le mouvement.