Blogue. Quelle classe d’actif a procuré à ses détenteurs un rendement mirobolant de 33 % en 2011 ? Les obligations américaines de 30 ans (mesuré au 23 décembre), selon BMO Marchés des capitaux.
Les obligations de 10 ans du gouvernement américain ont aussi connu leur meilleure année depuis la crise de 2008, avec un gain de 16 %.
De tels rendements dans une classe d’actif jugée sans risque, est un événement exceptionnel, dans les annales du placement. Le S&P 500 américain a gagné 0,3 %.
Ce genre " d'anomalies » mérite d'être souligné, car il arrive souvent qu’un renversement de tendance les succède, dans les années qui suivent.
Pourtant nombreux sont ceux qui se sont brûlés les doigts en prédisant la fin du long marché haussier des obligations, qui a maintenant trente ans.
Même le gourou des obligations, Bill Gross, a complètement été déjoué par les marchés, en 2011.
Le gestionnaire du plus imposant fonds obligataire au monde M. Gross, qui a depuis reconnu sa gourde, a vendu ses obligations dès février 2010, en prévision d’un bond des rendements obligataires, en réaction aux déficits chroniques du gouvernement américain.
M. Gross prévoyait que l’impression de billions de dollars par la banque centrale américaine provoquerait de l’inflation. Or, l’économie encore vacillante, trois ans après la crise, semble au contraire toujours au précipice d’une nouvelle période de désinflation.
La peur tangible de revivre la crise de crédit de 2008 a aussi envoyé les investisseurs dans le refuge tout relatif des obligations du Trésor américain, prisées pour leur facilité de négociation, à un moment de l’année où le besoin d’être « liquide » est criant.
Les obligations bénéficient aussi de l’engagement de la Réserve fédérale de maintenir son taux directeur près de zéro jusqu’à la mi-2013.
Sans prédire la fin de la lune de miel entre les investisseurs et les obligations, il est clair que cette classe d’actif, souvent négligée par les petits investisseurs, mérite d’être réexaminée.
Les obligations étant les plus « chères » depuis 50 ans, davantage que ne l’étaient les titres techno en 2000, les investisseurs ont intérêt à s’assurer qu’ils n’accordent pas trop de place aux obligations dans leur portefeuille.
Les taux d’intérêt sont tellement anémiques qu’une hausse modeste aurait un impact bien senti sur la valeur marchande des obligations.
Ainsi, une hausse de 1 % du taux de dix ans pourrait faire reculer la valeur marchande des obligations canadiennes de dix ans de 8 %. Une hausse de 2 % amputerait leur valeur de 15 %.
« Si je conserve mes obligations jusqu’à leur échéance, je recevrai mon capital et les intérêts entre-temps. Donc pas de souci », diront certains.
Encore faut-il que l’investisseur tolère de voir la valeur « sécuritaire » de son portefeuille diminuer.
Si les taux remontent, les investisseurs seront aussi tentés de se départir de leurs obligations existantes aux coupons faméliques. Ils pourraient alors transformer un recul sur papier en une perte en capital.
Et que dire de la perte de pouvoir d’achat de l’investisseur avec une obligation qui lui verse des intérêts de 4 %.
Les obligations jouent un rôle de stabilisateur en portefeuille. Elles ont certainement été un instrument de diversification en 2001 alors tous les types de placements semblent corrélés entre eux.
Ainsi un portefeuille avec 60 % d’obligations (10 ans) et 40 % d’actions (S&P/TSX) aurait obtenu un rendement de 4,8 % en 2011, malgré le recul de 13 % de l’indice torontois.
L’avenir est rarement fait du passé dans le domaine du placement. C’est un pensez-y bien, à l’aube de 2012.
Sur ce, joyeuses fêtes. Ce blogue reprendra ses fonctions au cours de la semaine du 9 janvier 2012.
Effet d’une hausse des taux de dix ans sur la valeur d’une obligation de 10 ans
+ 0,50 % - 4,0 %
+ 1,00 % - 8,0 %
+ 1,50 % - 11,4 %
+ 2,00 % - 14,8 %
+ 2,50 % - 18,2 %
+ 3,00 % - 21,3 %
+ 3,50 % - 24,3 %