Martin Roberge, stratège quantitatif, de Canaccord Genuity, ne se laisse pas abattre par sa mauvaise performance de 2014.
Non seulement, l’accélération mondiale qu’il prévoyait n’a pas soulevé les secteurs cycliques, dont l’énergie comme il l’avait espéré, mais deux de ses trois placements à contre-courant de 2014 ont été déficitaires.
L’industrie américaine des puces s’est appréciée de 11 %, mais les producteurs canadiens de pétrole lourd et les fabricants canadiens de machinerie ont respectivement perdu 8 % et 10 %, en 2014.
Sur trois ans, ses choix à contre-courant ont procuré un rendement moyen de 26 %.
M. Roberge revient donc à la charge avec trois suggestions de placements plus spéculatifs pour 2015.
L’approche de M. Roberge consiste principalement à se déplacer tactiquement d’un secteur à l’autre, à l’aide d’indicateurs quantitatifs. Mais il y greffe des choix anticonformistes pour les
clients institutionnels qui aiment consacrer une portion de portefeuille à des placements plus spéculatifs.
Ses thèmes à contre-courant doivent offrir un bon rapport risque-rendement, en combinant deux facteurs. Le rebond de l’industrie en question recèle un bon potentiel haussier, tandis que l’évaluation attrayante de l’industrie atténue le risque à la baisse.
Souvent, M. Roberge trouve ses idées dans des industries mal en point ou en défaveur pour lesquelles le potentiel de redressement est sous-estimé.
Voici trois nouveaux thèmes à explorer en 2015 pour ceux et celles qui aiment ramer à contre-courant.
1- Les pétrolières intégrées canadiennes
1- Les pétrolières intégrées canadiennes
La vente généralisée de tout le secteur de l’énergie crée des occasions pour les investisseurs actifs, estime M. Roberge.
Non seulement les pétrolières intégrées sont « survendues » et « bon marché », mais leurs perspectives de bénéfice demeurent solides, grâce aux volumes d’essence et aux meilleures marges sur l’essence.
Techniquement, ces titres sont les plus impopulaires depuis 2011, tandis que leur évaluation par rapport à celle de la Bourse canadienne est au plus bas depuis 1994.
Les dividendes des pétrolières intégrées, de 2,7 %, a aussi retrouvé le niveau qu’il avait en 2008 et en 1999.
« Puisque la chute des prix du pétrole provient cette fois surtout d’une surabondance de la production, la demande pour l’essence devrait rester robuste cette année », explique le stratège de Montréal.
Compte tenu de la demande encore élevée pour le carburant et d’une réduction de la capacité de production des pétrolières intégrées, une meilleure utilisation de leur capacité de production devrait mener à de meilleures marges.
Les raffineurs sortent gagnants lorsque les cours du pétrole brut reculent plus vite que le prix de l’essence à la pompe.
Dans un nouveau régime de prix plus bas pour le pétrole, les investisseurs rechercheront aussi de la qualité. Or, les pétrolières intégrées sont proportionnellement moins endettées que les producteurs et que les sociétés de services pétroliers, précise aussi le stratège.
M. Roberge suggère de se constituer un panier composé de Suncor (Tor., SU), L’Impériale (Tor., IMO), Cenovus (Tor., CVE) et Husky Energy (Tor., HSE).
2- Les assureurs-vie canadiens
2- Les assureurs-vie canadiens
Les assureurs-vie canadiens devraient faire meilleure en 2015 qu’en 2014.
Leurs titres ont gagné 9,4 % en 2014, comparativement à un gain de 9,3 % pour les banques et de 7,4 % pour le S&P/TSX.
Entre autres, les titres bancaires devraient moins leur faire concurrence pour les capitaux des investisseurs parce que les banques se butent à des vents contraires plus forts.
La chute du dollar canadien sera aussi favorable aux assureurs-vie, puisque la moitié de leurs bénéfices proviennent de leurs activités à l’étranger.
M. Roberge prévoit aussi que le huard continuera de glisser vers la valeur d’équilibre de 0,82$ US, à moyen terme, calculée en fonction de la parité du pouvoir d’achat.
Le cadre réglementaire des assureurs-vie s’est aussi assoupli, maintenant qu’ils se sont recapitalisés.
Cette flexibilité accrue leur donne donc les moyens de faire croître leur actif plus vite que bien d’autres secteurs de la Bourse de Toronto.
Ce facteur de différentiation devrait faire en sorte que leurs titres performeront mieux que la Bourse canadienne et que les banques en 2015, soutient M. Roberge.
Le consensus prévoit des bénéfices stables en 2015 pour les assureurs-vie, ce qui ouvre la porte à des surprises, étant donné que leurs revenus croissent déjà à un rythme de plus de 10 %.
Une éventuelle remontée des taux américains, plus conforme au rythme de 2,5 à 3 % de son économie, leur serait aussi favorable en gonflant le rendement de leur produits financiers et de leur capital.
M. Roberge juge aussi leur évaluation attrayante sur une base comparative. Les assureurs-vie versent un dividende moyen de 3,5 % et s’échangent à un multiple de 11,3 fois les bénéfices prévus dans 12 mois.
Cela se compare à un dividende moyen de 3,4 % et à un multiple cours-bénéfice moyen de 19,6 fois pour les exploitants de pipelines, les fournisseurs de télécommunications, les services aux collectivité, et les fonds immobiliers à capital fermé (FPI), quatre autres secteurs du S&P/TSX prisés pour leurs dividendes.
Pour exploiter ce thème, M. Roberge suggère le fonds négocié en Bourse First Asset US and Canada Lifecos (Tor., FLI).
3- Les banques américaines
3- Les banques américaines
Les banques américaines ont tiré de l’arrière sur la Bourse en 2014, malgré une nette amélioration de leur contexte d’affaires.
L’activité résidentielle devrait prendre du mieux en 2015 puisque les ventes de maisons augmentent au moment où les stocks de maisons mises en vente plafonnent, explique M. Roberge.
La demande pour les hypothèques devrait aussi profiter de l’amélioration de l’emploi, de la hausse plus modérée des prix des maisons et du retour des taux hypothécaires sous la barre du 4 %.
Bref, l’abordabilité des maisons s’améliore à nouveau.
Le recul du pétrole devrait aussi stimuler les dépenses des consommateurs et des entreprises en 2015 et donc faire croître les volumes de prêts personnels et commerciaux.
Les marges d’intérêt, entre les dépôts et les prêts, sont encore sous pression, mais les banques américaines ont été plus promptes à réduire leurs coûts de main d’oeuvre que leurs consoeurs canadiennes.
Les banques elles-mêmes assouplissent leurs critères de prêts, ce qui facilite l’accès au financement.
Les cours des banques américaines sont aussi bon marché en fonction de leur valeur comptable par rapport au marché.
Un simple retour à la moyenne leur confère un bon potentiel d’appréciation.
Les banques n’ont plus le droit de négocier leur propre capital.
Enfin, le taux de défaillance sur les prêts aura proportionnellement moins d’impact qu’avant sur leur rentabilité puisque la taille de leur portefeuille de prêts a considérablement rétréci, depuis la crise.
« Le profil de risque réduit des banques ne s’est pas encore traduit par une réévaluation de leurs titres », fait valoir M. Roberge.
M. Roberge suggère de jouer les banques américaines à l’aide du fonds négocié en Bourse BMO Equal Weight US Banks (Tor., ZBK)