Le nombre de sommets dans le S&P 500 américain, l’encours des emprunts pour investir et la faible volatilité sont à des niveaux extrêmes qui font craindre une chute boursière imminente.
Ces craintes ne sont pas fondées, assure Pierre Lapointe, stratège mondial, de Pavilion Corp., de Montréal.
1 Presque 80 % des titres du S&P déjà près d'un sommet annuel
Lorsqu’une forte proportion des titres du S&P 500 se négocie 10 % et moins près de leur sommet des 52 dernières semaines, c’est de bon augure pour la Bourse par l’inverse.
Actuellement, 79,2 % des titres du S&P 500 s'échangent à un cours de 10 % et moins de leur sommet annuel.
Les investisseurs s’inquiètent que la multiplication des sommets signale que la Bourse peut difficilement s’apprécier davantage.
Il est vrai que les Bourses hésitent un peu plus lorsqu’un grand nombre de titres approchent de leur sommet des 52 semaines, mais des nouvelles fraîches ont tôt fait de redonner aux cours un nouvel élan, explique M. Lapointe.
« C’est la définition même du momentum », évoque le stratège.
Depuis 1991, le S&P 500 a connu 22 mois pendant lesquels plus des trois-quarts des titres de cet indice s’échangeaient à 10 % ou moins de leur sommet des 52 dernières semaines.
En moyenne, trois mois plus tard, le S&P 500 avait gagné 0,56 %, six mois plus tard 2,81 %, 9 mois plus tard 7,42 % et 12 mois plus tard 11,8 %.
Plus rassurant encore. Les chances que le S&P 500 soit plus élevé 12 mois plus tard sont de 94 % en moyenne, précise M. Lapointe.
2 L’encours des prêts pour investir fracasse les records de 2000 et 2007
2 L’encours des prêts pour investir fracasse les records de 2000 et 2007
La dette sur marge ou les prêts contractés par les investisseurs pour investir chez leur courtiers atteint aussi des sommets, qui dépassent les record de la bulle techno de 2000 et celui d’avant la crise en 2007.
Cet indicateur n’est pas une source d’inquiétude, puisqu’il n’est pas une donnée fiable pour prédire les rendements des marchés. En fait, cet indicateur évolue en tandem avec la Bourse.
« La dette sur marge semble être un indicateur purement coïncident qui n’a aucun effet causal sur la Bourse », dit-il.
Si la Bourse continue de monter l’encours des prêts augmentera davantage. Et si la Bourse faiblit, les emprunts envenimeront la chute sans la causer.
De plus, exprimé en pourcentage de la valeur boursière totale, l’encours des prêts sur marge est beaucoup moins impressionnant.
3 La volatilité est au plancher
Certains investisseurs s’inquiète aussi de l’absence de volatilité dans les marchés ces derniers mois. Ils y voient un signe de complaisance de la part des investisseurs.
Il est vrai que le taux actuel de volatilité de 11,4 est le plus faible depuis février 2007, avant la crise, et bien inférieur à la moyenne de 20,2 depuis 1990.
Le niveau actuel s’est même historiquement avéré un taux plancher pour la volatilité, reconnaît M. Lapointe. Puisque les mouvements de baisse coincident avec un regain de volatilité, les investisseurs concluent que le rebond inévitable de la volatilité ne peut que provoquer une chute des cours.
« C’est une inquiétude tout à fait légitime, mais l’histoire démontre que le taux de volatilité peut rester faible pendant plusieurs années », dit-il.
L’interventionnisme des banques centrales joue certainement un rôle dans la chute de la volatilité et sans changement de direction à cet égard à l’horizon, la volatilité devrait rester calme.