BLOGUE. Le voyagiste Transat AT (Tor., TRZ.B, 3,46 $) a plus d’encaisse que le cours de son action, et n’a aucune dette au bilan.
Cela lui donne une valeur d’aubaine aux yeux de certains financiers. Jacques Kavafian, courtier institutionnel chez Toll Cross Securities, est l’un d’eux.
Un rapport interne qu’il a fait circuler à ses clients le 23 août n’est pas étranger à la hausse de 2,3 % du titre de Transat en cours de séance jeudi, dans un marché à la baisse.
L’action de Transat a aussi rebondi de 24 % depuis avoir touché un creux historique de 2,79 $, le 3 août dernier.
« Transat a bénéficié au fil des ans des difficultés financières d’autres acteurs du voyage (Multitour, British Airways Vacations, Vacances Fantasia, Regent Holidays, World of Vacation/Nolitours, Revatour et Tours Mont Royal). Le voyagiste n’a pas essuyé de perte d’exploitation annuelle majeure depuis son entrée en Bourse en 1987, et a racheté un grand nombre de ses actions à trois reprises. Il est donc surprenant que Transat s’échange à un rabais de 65 % par rapport à ses liquidités », écrit lM. Kavafian.
À son apogée, l’action de Transat a atteint 41 $, en novembre 2007.
Même en ignorant l’encaisse, la valeur du réseau de voyage de Transat, parmi les dix plus gros au monde, ne se reflète pas dans le cours actuel, ajoute le courtier, qui a assuré le suivi de Transat pendant vingt ans, alors qu’il était analyste du secteur de l’aviation.
Transat aura bientôt 7,81 $ d’encaisse par action, estime pour sa part Scott Farley, analyste chez TD Valeurs mobilières, une fois que le voyagiste aura vendu 57 millions de dollars (soit l’équivalent de 1,50 $ par action) du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) qu’il détient toujours.
Certains craignent un piège
Pas tous les financiers y croient. Le chasseur d’aubaines Irwin Michael, président des Fonds ABC, qui a détenu Transat à plusieurs reprises au cours des dernières années, passe son tour.
« Le titre se négocie sous la valeur de son encaisse et sous sa valeur comptable tangible, mais son redressement est plus qu’incertain, surtout avec la crise en Europe. Je trouve d’autres aubaines parmi des sociétés rentables. Pourquoi essayer d’attraper un couteau qui tombe ? », se demande-t-il à haute voix.
M. Farley n’est pas convaincu non plus de la réelle valeur d’aubaine de Transat. « Si son redressement réussit, le potentiel de gain est énorme », reconnaît-il.
M. Farly préfère attendre de voir des indices que le plan de relance donne des résultats, étant donné l’intensité de la concurrence et un plan de relance encore peu convaincant.
« Nous sommes prêts à laisser aux autres un gain potentiel à court terme, en attendant de gagner confiance dans leurs perspectives à long terme. Ils doivent démontrer qu’ils ne brûleront pas leur encaisse », écrit l’analyste
Transat dévoilera ses résultats du troisième trimestre le 13 septembre.