Le duo Robert Chevrier et Robert Sawyer tente de réhabiliter le quincaillier Rona depuis avril 2013, mais les actionnaires devront probablement attendre 2015 avant de prendre la réelle mesure du plan de redressement du quincaillier québécois.
«2014 donnera un avant-goût des progrès du plan de relance, mais il n’est pas réaliste de s’attendre à une amélioration substantielle de la performance d’exploitation avant le printemps de 2015», note Keith Howlett, analyste de Desjardins Marché des capitaux dans une mise au point sur la société.
Il sera tout de même important pour les actionnaires que les deuxième et troisième trimestres, qui constituent les meilleures saisons pour les quincailliers, démontrent que Rona (Tor., RON, 11,14 $) a stabilisé son exploitation pour la préparer à une relance.
Selon lui, il faudra patienter au moins encore 12 mois avant que les dirigeants de Rona repositionnent tous ses formats de magasin et remanient l’offre de produits.
Pour patienter, le cours de Rona se négocie à un cours inférieur à sa valeur comptable de 12,32$, et son bilan est presque libre de dette.
En 2014, Rona devrait aussi dégager des flux de trésorerie excédentaires de 56M$, ce qui lui donnera la latitude de se consacrer entièrement au repositionnement de ses magasins.
Le titre de Rona est intéressant pour les amateurs patients de titres sous-évalués qui sont prêts à miser sur une amélioration de sa rentabilité et de ses rendements d’ici 18 mois. M. Howlett place sa cible d’un an à 12,50 $.
Home Depot engrange tous les profits au Canada
Home Depot engrange tous les profits au Canada
Entretemps, la concurrence reste féroce.
Home Depot gagne des parts de marché au Canada et dégage plus de profits avec ses 180 points de vente canadiens que Rona avec ses 516 points de vente, révèle M. Howlett.
En revanche, Lowe’s est encore déficitaire au pays.
Le chantier de rénovation de Rona est laborieux.
Même si ses revenus ont grimpé de 50 % depuis 2003, le bénéfice d’exploitation est au même point qu’il y a dix ans, précise l’analyste. La marge d’exploitation a fondu de moitié à 4,4 % entre 2003 et 2013.
Son plan de coupes a déjà redressé le bénéfice d’exploitation de 34 millions de dollars en 2014 ; une autre tranche de 40 M$ est prévue en 2014.
Réno-Dépôt bientôt repositionnée
Réno-Dépôt bientôt repositionnée
En juin, Rona aura notamment complété la transformation de ses seize magasins Réno-Dépôt au Québec, six mois plus rapidement que prévu, au coût de 20 millions de dollars.
Le nouvel aménagement de ces magasins de 80 000 pieds carrés favorise la libre sélection et le libre service, avec plus de marchandises à portée de mains et le regroupement des outils par marque.
Les nouveaux Réno-Dépôt remettent l’accent sur les bas prix tous les jours et s’assurent d’avoir en stocks les 1 500 produits les plus populaires, dont le gypse, les 2 X 4 et les portes intérieures de base.
Cette enseigne se veut le fournisseur à rabais des entrepreneurs en construction et des rénovateurs expérimentés.
Ensuite, les dirigeants de Rona tourneront leurs canons vers les 63 magasins de grande surface de la chaîne.
« Le repositionnement différera d’un marché à l’autre puisque les Rona L’Entrepôt dominent au Québec, mais glissent loin derrière Home Depot en Ontario et dans l’Ouest », indique M. Howlett.
Une fois les magasins de grandes surfaces remaniés, Rona tournera ensuite son attention vers les 23 magasins servant les entrepreneurs en construction spécialisés et les 414 magasins de proximité.
« Hors du Québec, nombre de magasins de proximité ont besoin d’être rénovés et rafraîchis », note M. Howlett.
Les ventes des magasins ouverts depuis d’un an déclinent depuis 14 trimestres. Le renversement de ces ventes est nécessaire pour un redressement durable.
Son action, qui a perdu 15 % depuis le début de l’année, se négocie à un multiple de 15 fois le bénéfice de 0,75 $ par action que M. Howlett prévoit en 2015. Il s'agit d'une hausse prévue de 12 % par rapport au bénéfice de 0,66 $ prévu en 2014. En 2013, Rona a perdu 0,38 $ par action.