La volatilité fait un retour en force, au point d’obliger des fonds vedettes de Fortress Investments, de Bain Capital et de Lionsgate Capital Management à plier bagage, tellement les devises fluctuent et les différentes classes d’actifs bougent en bloc.
La liquidation des placements de ces fonds accentue peut-être aussi les soubresauts. Quelque 864 de ces fonds ont fermé boutique en 2014 et 417 depuis le début de 2015, rapporte Hedge Fund Research. Au pire de la crise de 2008, plus de 1000 fonds spéculatifs avaient rendu l'âme.
Plusieurs observateurs, dont Michael Hartnett, stratège mondial de Bank of America Merrill Lynch et Vincent Delisle, stratège de Banque Scotia avaient prévu le coup, étant donné l’âge du cycle économique et du mouvement haussier en BOurse, ainsi que l’aplatissement de la courbe des taux qui précède habituellement la normalisation des taux par la Fed.
Les taux américains de 10 ans ont changé de direction 28 fois au cours des 54 dernières séances depuis le mois d’août, au fil des données économiques changeantes, selon Bank of America Merrill Lynch.
Il faut dire qu’en un temps éclair, la croissance américaine est passée d’un rythme robuste de 3,9% au deuxième trimestre à une cadence d’à peine un pourcent au troisième, selon les plus récents estimés.
Le dollar et les ressources
Les points de retournement surviennent lorsqu’on les attend le moins, même si avec le recul les conditions extrêmes pour ces volte-face semblent plus évidentes.
L’engouement pour le dollar américain et la biotechnologie ou à l’inverse la déprime des ressources naturelles, de leurs producteurs et de leurs fournisseurs, viennent à l’esprit.
Qui eut crû que le dollar américain perdrait des plumes alors que tous le voyaient s’apprécier avec le prochain resserrement monétaire de la Fed et la détente monétaire ailleurs dans le monde.
Le billet vert fléchit depuis la création d’emplois décevante de septembre aux États-Unis.
Le recul technique du dollar n’a pas encore fait fuir tous les spéculateurs qui misent sur une hausse, ce qui fait dire à Martin Roberge stratège quantitatif, de Canaccord Genuity, que d’autres reculs sont à prévoir, au cours des 2 à 3 prochains mois.
D’autres signes de ralentissement américain ou l’inclusion de plus en plus possible du yuan chinois dans le panier des monnaies de référence du Fonds monétaire international feraient pression sur le dollar américain, dit-il. Une annonce est attendue d'ici la fin de novembre, bien que l'inclusion formelle serait en 2016.
La dépréciation du dollar américain a aussi pour effet de donner plus de valeur aux cours des matières premières, dont l’or et le pétrole qui se négocient dans cette monnaie.
Sans crier gare, le secteur canadien de l’énergie a aussi rebondi de 12 % en octobre. Le rachat d’actions vendues à découvert par les investisseurs pris de court a amplifié le mouvement, reconnaît M. Roberge. D’autres gains sont probables pour l’énergie si le choc de l’offre de pétrole de 1986-87 est un bon guide, au cours des 2 à 3 prochains mois, croit le stratège.
Les gros profits des Valeant de ce monde attirent l’attention des gouvernements
Les gros profits des Valeant de ce monde attirent l’attention des gouvernements
À l’autre bout du spectre, le populaire secteur de la biotechnologie est en quelque sorte tombé de son piédestal boursier.
Ça ne devrait pas surprendre puisqu’il avait quintuplé depuis 2011.
De nouveaux modèles d’affaires très rentables (dont celui de la lavalloise Valeant) attirent invariablement des émules et aussi l’attention des gouvernements.
La chute des cours ne remet pas en question la croissance ni la rentabilité élevée du secteur, mais elle augmente tout de même le coût en capital de tous les acteurs quand vient le temps pour les entreprises d’émettre des actions ou des titres de dettes.
Au minimum, le ressac devrait ralentir l’appétit d’acquisitions des acquéreurs les plus actifs d’où la compression récente des multiples d’évaluation parfois soufflés des entreprises du secteur.
«Les enquêtes sur la hausse des prix des médicaments et la rupture du modèle des acquisitions en série surviennent au moment où l’évaluation du secteur est revenue à sa moyenne. Mais si l’histoire se répète et que la croissance des revenus des sociétés de biotechnologie continue à décélérer, leurs cours n’ont peut-être pas fini de s’ajuster à la baisse», indique M. Roberge.