Après deux années de rebond, les assureurs-vie ont perdu de leur élan en Bourse.
Ils se sont appréciés de 3 % par rapport au bain de 17 % de banques et de 10% du S&P/TSX, depuis le début de l'année.
Les titres des assureurs-vie avaient amorcé l’année à une évaluation un peu généreuse, les investisseurs misant encore une fois sur une remontée bénéfique des taux à long terme, qui n’est pas venue.
Gabriel Dechaine, de Canaccord Genuity, croit néanmoins que les assureurs-vie sont en bonne posture pour reprendre leur avantage sur les banques en Bourse, au cours des 12 prochains mois.
Évaluation similaire, mais croissance supérieure
Les titres des assureurs-vie avaient en effet débuté l’année avec une évaluation supérieure à celle des banques. Or, l’évaluation de ces deux pôles du secteur financer est de nouveau similaire à environ 12 fois leurs bénéfices.
Or, les perspectives de croissance des assureurs-vie sont supérieures à celles des banques, fait valoir l’analyste. Il prévoit une hausse de 14 % des bénéfices des assureurs-vie en 2015, le double de celle prévue pour les banques.
« Les assureurs-vie devraient notamment bénéficier de la croissance de la gestion de patrimoine, alors que les activités traditionnelles de prêts et d’hypothèques des banques sont appelées à ralentir davantage », explique M. Dechaine.
Les quatre assureurs-vie tirent de 35 à 42 % de ses bénéfices de la gestion du patrimoine, tels que les fonds communs et la gestion de caisses de retraite d’’employeurs.
Une bonne gestion des coûts pour recruter de nouveaux clients, ainsi que des tarifs stables pour les polices nourrissent aussi la progression des bénéfices, dit M. Dechaine.
En revanche, les prêts bancaires aux particuliers et aux entreprises représentent 48 % des bénéfices des banques, génèrent le meilleur rendement de l’avoir des actionnaires et fournissent la part de lion de leur capital excédentaire. Or, le taux de croissance de ces activités a ralenti d’un rythme de 13,5 % en 2010 à 6,7 % en 2014.
Plus de capital à déployer
Plus de capital à déployer
Les assureurs-vie disposent aussi de plus de capital excédentaire, en proportion de leur valeur boursière que les banques, qu’elles pourront redéployer. L’achat récent de la division canadienne de l’Écossaise Standard Life en par Manuvie est la plus récente démonstration.
M. Dechaine avance aussi que l’environnement réglementaire des assureurs-vie s’est assoupli, tandis que celui des banques se durcit un peu.
« Cet assouplissement est d’ailleurs ce qui a notamment incité Manuvie à relever son dividende 19 % au deuxième trimestre (pour la première fois depuis la crise) », indique l’analyste.
Les assureurs-vie, Manuvie et Sun Life en particulier, devraient aussi bénéficier de la croissance supérieure de l’économie américaine et de sa devise.
Manuvie génère en effet 51 % de ses bénéfices aux Etats-Unis. Chez Sun Life, cette proportion atteint 45 %.
Les deux banques canadiennes les plus « américaines », TD et BMO réalisent respectivement 26 % et 24 % de leurs bénéfices au sud de la frontière, précise M. Dechaine.
Mario Mendonca, de Valeurs mobilières TD, croit que l'écart actuel entre les taux de 5 et 10 ans favorisent les assureurs, tout comme les bons résultats attendus au troisiième trimestre, à court terme. Toutefois, il n'est pas prêt à privilégier ces titres par rapport aux banques parce que l'évaluation des banques est encore attrayante.
Manuvie reste l’assureur-vie préféré de M. Dechaine pour la croissance de 19 % de ses bénéfices prévue en 2015, le potentiel de meilleurs dividendes, ainsi que pour son évaluation attrayante de 11,9 fois les bénéfices.