La semaine écoulée a été éprouvante, surtout à cause de la violence sans précédent des fluctuations.
Les algorithmes qui dictent désormais les transactions des négociateurs ultra-actifs (high frequency traders), ainsi que les dislocations causées par le mécanisme d’établissement des cours des fonds négociés en Bourse, ont amplifié la volatilité.
Fidèle aux habitudes, un rebond a suivi le plongeon rapide des cours, une fois que les données économiques américaines et le stoïcisme banquiers centraux ont rassuré les investisseurs.
En pleine panique, un financier américain s’est même exclamé: «l’économie chinoise pèse seulement 13% dans l’économie mondiale et sa Bourse a encore moins à voir avec son économie», pour calmer les esprits.
D’autres observateurs indiquent que les dommages techniques ont été majeurs et risquent de nourrir d’autres secousses.
C’est en effet la première fois depuis la crise que les investisseurs quittent en même temps le marché des actions et celui des obligations, si l’on se fie aux retraits des fonds en juillet et en août.
«Cette nouvelle allergie au risque pourrait avoir des répercussions sur la valeur future des actifs financiers et sur l’humeur dépensière des investisseurs», craint Dana Saporta, économiste de Credit Suisse.
L’économie mondiale tiendra bon, les bénéfices aussi
L’économie mondiale tiendra bon, les bénéfices aussi
Son collègue chez Credit Suisse le stratège mondial Andrew Garthwaite, réitère sa préférence pour les actions, dans un rapport de graphiques annotés de 47 pages.
À son avis, les Bourses se négocient comme si l’économie mondiale était en récession, tandis qu’il mise sur une légère ré-accélération de l’économie du globe à un rythme de plus de 3%, au cours de la deuxième moitié de l’année.
«Et si la Chine ralentissait davantage, les banques centrales ont des munitions pour fournir de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire», écrit-il.
Le stratège diminue tout de même ses cibles pour le S&P 500 de 2200 à 2100 pour la fin de 2015 et de 2300 à 2200 pour 2016. Ses cibles pour l’Europe baissent aussi.
La raison: la croissance des bénéfices des entreprises sera plus faible que ne le prévoit le consensus. M. Garthwaite table sur une hausse de 6,8% des bénéfices aux États-Unis et de 11,5% en Europe, en 2016.
Un modèle qui jauge de la possibilité d’un marché baissier à l’aide de cinq facteurs présente un score de seulement 1,6 sur 5.
Voici ses principaux arguments pour le prolongement du marché haussier :
- le cours des actions escompte un ralentissement marqué de l’économie mondiale, que ne corroborent pas les indicateurs tels que les sondages d’activité des directeurs d’achat
- le rendement que procurent les bénéfices des entreprises, soit 5,8% aux États-Unis et 8,6% en Europe, sont encore très attrayants par rapport à celui des autres classes d’actif
- il faut que les bénéfices se contractent de 5% pour que la Bourse flanche et que la rémunération augmente à un rythme supérieur à 3% pour que les marges diminuent
- les consommateurs deviendront plus dépensiers plus la baisse du pétrole leur semblera durable, comme en 1985
- le niveau des liquidités excédentaires dans le système financier, soit la croissance de la masse monétaire mondiale par rapport à celle du PIB, est encore à un niveau qui favorise l’appréciation des actions
- les entreprises ont un intérêt économique à continuer à racheter de leurs actions, tandis que les institutions et les investisseurs individuels sont des acheteurs en puissance puisque leur répartition en actions reste nettement inférieure à leur moyenne historique