Les épargnants craignent de voir leur capital disparaître lorsque l’éventuelle remontée des taux fera baisser la valeur marchande de leurs obligations.
Raymond Kerzérho, directeur de la recherche chez PWL Capital, dit d’ailleurs avoir reçu tellement de commentaires de la part d’investisseurs inquiets qu’il a décidé d’y consacrer un bulletin, question de rassurer.
Jusqu’à maintenant pourtant, les marchés ont déjoué le consensus puisque la modération économique mondiale a plutôt fait rebaisser les taux d’intérêt et a stimulé les obligations, depuis le début de 2014.
La crainte est néanmoins toujours là puisqu’avec des taux à des planchers de 88 ans, les probabilités favorisent une hausse, après 32 ans de baisse.
Myles Zyblock, stratège en chef des Fonds Dynamique, s'attend à ce que l'amélioration économique ramène les taux américains repères de 10 ans à 3 %, au cours des prochains trimestres. "Plus on se rapprochera de la première hausse du taux directeur américain en 2015, plus les marchés ajusteront les taux à la hausse", dit-il.
Les investisseurs redoutent donc de subir des pertes importantes dans la portion des revenus fixes de leur portefeuille, qui leur sert souvent de fondations.
Quand les taux montent, la valeur marchande d’une obligation baisse pour que le rendement à l’échéance que procure les versements de son coupon fixe d’intérêts s’ajuste aux nouveaux taux des nouvelles obligations émises. C’est un mécanisme d’ajustement automatique.
Plus l’échéance d’une obligation est longue, plus l’effet d’une hausse des taux est prononcé.
Une hausse d’un pourcent des taux ferait en effet baisser une obligation de 30 ans de 22 %, d’une obligation de 10 ans de 9 %, d’une obligation de 5 ans de 4,5 % et d’une obligation de 2 ans, de 2 %, donne en exemple M. Kerzérho.
L’effet de réinvestissement : méconnu
L’effet de réinvestissement : méconnu
En revanche, une hausse des taux a aussi un effet positif avec lequel les investisseurs sont moins familiers.
Avec les obligations, les investisseurs obtiennent leur rendement de trois façons : il provient des intérêts reçus, des gains ou pertes en capital de l’obligation elle-même qui fluctue et aussi du rendement des réinvestissements.
Or, la hausse des taux bonifie le revenu sur le réinvestissement des paiements d’intérêt et de capital à l’échéance.
Qu’est-ce que ce revenu de réinvestissement ?
L’investisseur peut réinvestir les intérêts qu’il reçoit, ainsi que le capital remboursé à l’échéance de ses obligations, dans de nouvelles obligations qui portent un taux d’intérêt plus élevé.
L’effet de réinvestissement met toutefois du temps à se faire sentir, contrairement à l’effet sur le cours de l’obligation d’une hausse des taux, qui lui est instantané.
Plus un investisseur investit avec une optique à long terme, plus le rendement des réinvestissements gagne en importantce pour le portefeuille d’obligations, dit M. Kerzérho.
Plus l’échéance moyenne du portefeuille d’obligations est courte, plus l’effet de réinvestissement se produit rapidement, car les fonds pouvant être réinvestis à des taux plus élevés deviennent disponibles plus rapidement, explique aussi l’expert.
Dans ce cas, et sur une longue période, l’effet positif du réinvestissement devient plus fort que l’effet négatif immédiat d’une hausse des taux sur la valeur des obligations.
Pour cette raison, les conseillers de PWL accordent une place prépondérante aux obligations d’une échéance d’un à cinq ans.