La semaine écoulée a été éprouvante - avec des pertes estimées à 500 milliards de dollars américains, depuis deux semaines - dans le marché mondial des obligations.
Si de tels chiffres font de fabuleux titres accrocheurs pour les médias financiers de la planète, dans les faits, ces pertes concernent surtout les négociateurs actifs et les fonds de couverture.
Tant que ces investisseurs n’aient pas à colmater leurs pertes dans les obligations en vendant en masse d’autres placements, la chute des obligations, aussi spectaculaire soit-elle, ne devrait pas trop contaminer les Bourses.
D’ailleurs, les taux, les actions et le pétrole ont terminé la semaine sur une note plus calme. Grâce aux rebonds d'un pourcent de vendredi, les trois indices américains, la semaine s'avère positive, avec des gains de 0,9 % pour le Dow Jones, de 0,4 % pour le S&P 500 et de 0,04 % pour le Nasdaq.
Le consensus encore déjoué
Le plongeon des obligations est un ajustement rapide, encore une fois, au renversement tout aussi abrupt d’une foule d’indicateurs qui a pris de court bien des pros.
Ce printemps, le dollar américain a cessé de grimper et s’est mis à reculer, alors que tous misaient sur son appréciation, en prévision de la hausse prochaine du taux directeur américain par la Fed.
Le repli du billet vert a amplifié le rebond du pétrole, le portant à de 40 %, depuis le 13 janvier. Le pétrole a entraîné dans son sillage le cours de métaux, tel que le cuivre, le plomb et le zinc.
«Il faut se rappeler qu’à la mi-janvier, le consensus prévoyait que le pétrole allait chuter à 40 $ US le baril et que l’Europe risquait de tomber en déflation», explique Paul-André Pinsonnault, de la Financière Banque Nationale.
Les obligations plus à risque que les actions
Les obligations plus à risque que les actions
Autre point de bascule : la chute des taux obligataires en Europe - le rendement des obligations allemandes de 10 ans a touché un creux de 0,033 % le 17 avril - était telle que des gourous tels Bill Gross ont recommandé publiquement de les vendre à découvert. Leur rendement a grimpé 0,77 % jeudi, avant de se rétablir à 0,55 %, vendredi.
La pire chute dans les obligations allemandes en 30 ans a évidemment fait réagir les obligations américaines, entraînant le taux phare de 10 ans de 1,8 % le 17 avril, à 2,31 % le 6 mai. Vendredi, ce taux avait retrouvé 2,15 %.
En plus, Janet Yellen, la présidente de la Fed, a prévenu les investisseurs que l’éventuelle a remontée des taux pourrait les surprendre.
D’autres gestionnaires bien en vue ont aussi clamé la fin ultime du long marché haussier des obligations.
«La vente rapide des obligations est survenue à un moment où certains investisseurs avaient pris des paris extrêmes. Le ciel ne nous tombe pas sur la tête. Il s’agit d’une bonne dose de réalité, qui avait un peu trop tardé», a évoqué Steven Major, chef de la recherche, titres à revenus fixes à la Banque HSBC.
La Fed bougera en septembre, comme prévu
La Fed bougera en septembre, comme prévu
Depuis la crise, ces mouvements brusques sont accentués par un certain manque de liquidités dans les marchés, dont les négociateurs actifs se plaignent.
Surveillées et menottées par les autorités réglementaires, les banques ne peuvent plus aussi bien jouer leur rôle de «market makers» dans les marchés, en achetant ce que les autres vendent.
En Europe, les premiers rachats d’obligations par la Banque centrale européenne (BCE) ont aussi pour effet d’éponger la liquidité.
«Il ne faut pas se surprendre de la volatilité, au moment où la politique monétaire se rapproche d’un certain retour à la normale», indique M. Pinsonnault.
L’économiste ne change pas son plan de match. L’économie américaine se remet bien de la crise, ce qui maintiendra les taux américains de 10 ans au dessus de la barre de 2,3%, au deuxième semestre de 2015.
La première hausse de taux de la Fed depuis 2006 surviendra en septembre, dit-il.