Pour les amateurs de titres sous-évalués, sept ans de marchés haussiers rendent la tâche plus difficile.
Si les gains boursiers soulèvent plusieurs titres déjà en portefeuille, il est néanmoins de plus en plus ardu de repérer des occasions intéressantes puisque les titres à la baisse se concentrent dans le secteur des ressources ou encore offrent des perspectives incertaines.
Il faut donc gratter un peu plus que d’habitude pour dépister des occasions de placement hors des sentiers battus et s’armer de patience.
Au Québec, où l’indice Morningtar Québec Banque Nationale s’est apprécié gagné 7% depuis le début de l’année par rapport au gain de 2,5% de l’indice S&P/TSX, la besogne de débusquer des titres bon marché est encore plus ardue.
Stephen Takacsy, de Gestion d’actifs Lester, est l’un de ces gestionnaires opportunistes qui aiment miser sur des titres méconnus, sous-évalués ou boudés pour ajouter du rendement à un noyau de titres plus stables.
Le produceur de vins la famille Beutel: Diamond Estates
L’engouement pour les payeurs de dividendes a fait grimper le titre peu connu du producteur de vins Andrew Peller (Tor., ADW.A, 16,84$) qu’il détient.
Malgré ses sommets répétés, le gestionnaire n’a pas l’intention d’encaisser ses gains dans le titre qui a doublé depuis son achat en 2011.
La société ontarienne vient de dévoiler des résultats annuels record et d’augmenter son dividende de 7%.
«Ce type d’entreprise familiale est géré pour le long terme et verse aussi de bons dividendes, ce qui procure un rendement tangible peu importe les fluctuations servies par la Bourse», dit-il.
M. Takacsy a aussi acheté d’autres actions d’un autre petit producteur ontarien de vins Diamond Estates Wines & Spirits (DWS, 0,125$), lors d’un récent placement privé de 3M$. Cet achat porte son intérêt à 5% de la société de la famille Beutel.
Avec sa valeur boursière de 13M$, ce titre à micro-capitalisation loge dans la portion plus «audacieuse » de son portefeuille.
Maintenant que la société a consolidé une série d’acquisitions depuis 5 ou 6 ans, elle prend de l’expansion», indique M. Takacsy.
Le produit du placement privé financera notamment un nouveau magasin sur son vignoble et un nouvel effort de marketing.
Le titre n’est pas cher si la société et ses marges augmentent comme prévu d’ici 2016. «Ce genre de société vinicole est rare en Bourse. Magnotta a fermé son capital, tandis que Vincor est passé aux mains du géant Constellation», rappelle le gestionnaire.
Savaria a 36 M$ pour financer ses projets
Savaria a 36 M$ pour financer ses projets
Au cours des derniers mois, le gestionnaire a aussi acheté pour la première fois des actions de la société lavalloise encore méconnue Savaria (Tor., SIS, 5,81$), un fabricant de plateformes élévatrices, d’ascenseurs et de véhicules adaptés pour les personnes à mobilité réduite.
Dans le secteur dégarni de la santé au Canada, Savaria «vend des produits tangibles et dégage des marges que l’on peut mesurer facilement», explique M. Takacsy.
Au cours de 5$ du placement privé réalisé en mai, l’action vaut environ 10 fois le bénéfice d‘exploitation prévu en 2015. «Nous étions à l’aise avec cette évaluation parce que l’argent récolté (14,4M$) servira à des acquisitions pour accélérer la croissance», dit-il.
Après deux placements privés en un an, Savaria dispose de 36M$ pour passer à la prochaine phase de son expansion.
La société dirigée par Marcel Bourassa compte déployer un réseau de franchises pour vendre ses produits directement aux consommateurs et acquérir un distributeur sur la côte ouest américaine, où elle veut implanter une quatrième usine.
Savaria vient d’ailleurs d’ouvrir la première d’une longue série de magasins-franchisés de produits de mobilité à Sudbury en Ontario, neuf mois après avoir acquis les actifs du franchiseur Silver Cross.
Des résultat records au premier trimestre ont propulsé son action à un sommet historique de 6$ le 22 mai, en hausse de 33% depuis le début de l’année et de 500% depuis 5 ans.
L’entreprise devrait atteindre la marque de 100M$ de revenus en 2016 et faire passer sa marge d’exploitation de 14 à 16%, au cours des prochaines années, grâce au levier de rentabilité que lui procureront ses revenus accrus.
Comme c’est souvent le cas avec les plus petites sociétés du Fonds d'actions canadiennes Lester, Savaria verse déjà un dividende annuel de 0,16$ qui procure un rendement de 3%. «Ça ajoute une dose de stabilité à la section plus volatile du portefeuille», indique le gestionnaire.
M.Takacsy apprécie aussi la discipline qu'impose le versement de dividendes aux entreprises, quand vient le moment de répartir leur capital.
D-Box, une aubaine pour les investisseurs les plus patients
D-Box, une aubaine pour les investisseurs les plus patients
M. Takacsy a aussi récemment ajouté à son placement dans le fabricant de systèmes de mouvement pour le marché du divertissement Technologies D-Box (Tor., DBO, 0,275$), où il côtoie Fidelity et la Caisse de dépôt en tant qu’actionnaire important.
Ses fauteuils génèrent des mouvements synchronisés à l'action qui se déroule à l'écran des cinémas grâce à un système d'encodage.
Ses systèmes sont installés dans 297 salles de cinémas ; son carnet de commandes en compte 55 autres.
Sa valeur boursière de 39M$ est inférieure à ce que la société a investi en recherche et développement depuis 10 ans, dans sa technologie brevetée, dit-il.
«Aux États-Unis, les commandes commencent avec le troisième exploitant de cinémas Cinemark», ajoute-t-il.
La société de Longueuil couvre enfin ses frais et dégage un léger bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement.
Le financier estime que sa technologie et les droits qu'elle détient des studios d’Hollywood pour encoder leurs films ont une valeur que son action ne reconnaît pas. D'ailleurs, aucun analyste n'assure le suivi de la société de Longueuil.
De plus, à mesure que le nombre de ses sièges de cinémas croîtra, ses redevances sur les recettes des cinémas augmenteront.
D-Box vend aussi des sièges à pistons pour les simulateurs des équipementiers industriels John Deere et Caterpillar, qui représentent environ le quart de ses revenus.
La société travaille aussi sur une version moins chère de ses sièges pour les cinémas-maisons afin d’élargir le marché des particuliers. Elle vise à en baisser le prix de 10000$ à 3000$.