Si on compare les titres bancaires aux titres de consommation, ils n’ont pas été aussi peu chers depuis la crise financière, estime Kevin Choquette, de Credit Suisse.
Le multiple des bénéfices des banques équivaut à 57% ce celui des titres de consommation, un écart presque aussi prononcé que pendant la crise de 2009 (environ 53%), au moment où on craignait une défaillance du système bancaire.
Cet écart d’évaluation est aussi parmi les plus élevés en 13 ans, ce qui indique un niveau statistiquement extrême, précise aussi l’analyste.
Pourtant, le niveau de capital règlementaire des banques est des deux fois plus élevé qu’avant la crise, ce qui réduit considérablement les risques systémiques, fait valoir M. Choquette.
«Le capital supplémentaire au bilan des banques freine un peu la progression des bénéfices et le rendement de l’avoir des actionnaires que l’on peut attendre d’elles. Par contre, leurs bénéfices devraient être moins volatils, ce qui a de la valeur», explique M. Choquette, en entrevue.
La mauvaise performance des banques canadiennes est en partie attribuable aux investisseurs américains qui sont nombreux à vendre leurs actions à découvert pour miser sur une dégringolade de notre marché résidentiel similaire à la leur. Les ventes à découvert sont les plus élevées depuis avril 2013.
Regain potentiel de 28%
Regain potentiel de 28%
Le seul retour à la moyenne de l’évaluation comparative des banques par rapport à celle du secteur de la consommation recèle un potentiel de gain de 28%, note l’analyste de Credit Suisse.
«Nous ne percevons pas de changements fondamentaux dans le modèle d’affaires des banques qui empêcherait le retour à la normale de leur multiple d’évaluation», indique M. Choquette.
L’analyste s’attend donc à que le multiple d’évaluation des banques augmente à nouveau, à mesure que les investisseurs réaliseront que leurs bénéfices résistent bien à la conjoncture plus difficile.
En même temps, les titres de consommation devraient aussi perdre un peu la riche évaluation que le confère leur rôle de refuge.
Les titres de consommation ont en effet grimpé de 50% en 2014, cinq fois plus que les titres bancaires. Depuis le début de l’année, les titres de consommation sont stables, tandis que les titres bancaires ont baissé de 3%.
Les huit banques canadiennes s’échangent à un multiple moyen de 10,5 fois les bénéfices prévus en 2016.
Cela se compare à des multiples de 17 fois pour Loblaw, 21 fois pour Gildan, 27 fois pour Dollarama, 29 fois pour Alimentation Couch-Tard, 21 fois pour Saputo, 18,7 fois pour Groupe Jean Coutu, 17,5 fois pour Canadian Tire et enfin 17 fois pour Metro.
M. Choquette prévoit des regains de 10 à 15% des banques en 2016 et en 2017. Une hausse prévue de 10% des bénéfices au quatrième trimestre, des hausses de dividendes et des taux américains plus élevés pourraient servir d'élément déclencheur à une réévaluation des banques.
Parmi les banques, la préférence de Credit Suisse va dans l’ordre aux Banque Royale (Tor., RY), Banquee TD (Tor., TD) et Banque BMO (Tor., BMO).
Pour sa part la Financière Banque Nationale note que les prévisions de bénéfices prévus dans 12 mois pour les banques ont cessé de diminuer, pour la première fois en 2015. Le consensus prévoit désormais une hausse de 5% des bénéfices des banques, d'ici 12 mois.