BLOGUE. La Bourse pourrait profiter du retour des investisseurs à long terme, qui l’ont quitté depuis la crise financière, croit Martin Roberge, stratège quantitatif, chez Canaccord Genuity.
Les obligations gouvernementales ont le plus profité de la crise de confiance qui mine les marchés, depuis la débâcle financière de 2008.
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Les investisseurs se réfugiant dans les titres de placement les plus faciles à revendre, la valeur marchande des obligations gouvernementales a tellement grimpé, que leurs rendements sont devenus anémiques.
Ces rendements étant devenus insuffisants pour rencontrer les objectifs financiers, les caisses de retraite se sont tournées vers les obligations de sociétés offrant des rendements plus élevés.
Les obligations de sociétés procurent encore des rendements attrayants, mais elles deviendront à leur tour trop chères, comme les obligations gouvernementales avant elles, explique M. Roberge.
Déjà, le «coupon d’intérêt» des obligations de sociétés est insuffisant et les caisses doivent miser sur une appréciation de ces obligations, et même l’effet de levier, pour obtenir le rendement qu’elles recherchent.
Éventuellement, le rendement total que procurent les obligations de sociétés sera aussi inadéquat.
À ce moment-là, les caisses de retraite n’auront d’autre choix que de faire appel aux actions pour aller chercher les rendements financiers réels de 5 à 7 % dont elles ont besoin pour rencontrer leurs engagements à long terme envers leurs bénéficiaires.
Le retour des réfugiés, en page 2
Le retour de ces « réfugiés » pourrait fournir le second souffle dont la Bourse a besoin pour prolonger ses gains, fait valoir M. Roberge.
«La hausse de 10,6 % du S&P 500 depuis le début de 2012, malgré l’intensification de la crise en Europe et le ralentissement chinois, reflète bien le pouvoir qu’exercent déjà les bas taux d’intérêt sur les actions», évoque M. Roberge.
Le déplacement des investisseurs, des placements sans risque aux placements plus risqués, est d’ailleurs l’objectif recherché par la Réserve fédérale, en maintenant ses taux à des niveaux dérisoires, dit-il.
La crise persistante en Europe a tout simplement ralenti ce processus.
Le rendement des obligations de sociétés cotées BAA par Moody’s est actuellement de 4,79 %, soit un niveau inégalé depuis 1963.
M. Roberge estime qu’une fois que ce rendement aura descendu à 4 %, les obligations de sociétés seront devenues aussi chères que les obligations gouvernementales et les actions offriront alors aux caisses de retraite un meilleur rapport risque-rendement..
La Bourse pourrait alors recevoir de nouveaux capitaux de la part des investisseurs à long terme, qui propulseraient le S&P 500 dans une nouvelle fourchette de négociation de 1420 à 1550.
Le S&P 500 a terminé le semaine à 1390,99, vendredi le 3 août.