Avant même que la Réserve fédérale restreigne les activités de Wall-Street dans le domaine des matières premières, plusieurs banques se retirent de différentes activités entourant la négociation de ressources.
La Réserve fédérale mène actuellement une consultation pour limiter la propriété, l’entreposage et la négociation de denrées physiques, afin de réduire le risque auquel s’expose les banques et d’éliminer les conflits d’intérêt.
Les banques entreposent toutes sortes de denrées sur des bateaux et dans des entrepôts. Certaines possèdent même des pipelines ou encore des centrales nucléaires.
« Une fois que les banques seront sorties de ce domaine, je crois que ça pourrait devenir un point tournant pour les matières premières, en particulier les métaux industriels », avance Jack Ablin, chef des investissements, chez BMO Private Bank.
Les banques ont en effet un intérêt financier à garder leurs stocks entreposés pour maintenir les prix élevés, explique-t-il.
Maintenant qu’elles quittent ou vendent certaines de ces activités, ces stocks pourraient de nouveau se retrouver sur le marché. À court terme, cela pourrait entraîner un dernier mouvement à la baisse pour les matières premières.
« Les acheteurs de ces denrées physiques seront probablement bien servis, car une fois les stocks écoulés, les cours devraient se stabiliser et même se relever », estime M. Ablin, qui surveille les événements de près.
Ce processus pourrait prendre plusieurs trimestres puisque les banques semblent avoir du mal à trouver des acheteurs pour les activités qu’elles cherchent, à vendre.
Il faudra aussi compter plusieurs mois, sinon des trimestres, avant que les nouvelles restrictions de la Fed entrent en vigueur, ajoute-t-il.
La Fed n’interdira pas nécessairement l’entreposage de denrées. Toutefois, elle pourrait exiger par exemple que les banques mettent plus de capital réglementaire en réserve pour conduire ce type d’activités à l’avenir, ce qui réduira du coup l’attrait financier de ces activités pour les banques.
Les banques délaissent aussi volontairement ces activités pour des raisons d’affaires ; elles sont déjà beaucoup moins rentables pour elles, depuis la fin du boom des ressources.
L’indice S&P des matières premières (GSCI) a perdu 2,2 % en 2913, son premier déclin depuis cinq ans.
La firme de recherche Coalition estime que les revenus de la négociation de denrées des plus grandes banques d’investissement au monde ont chuté de 14 % à 4,7 milliards, en 2013.
De gros acteurs plient bagage
De gros acteurs plient bagage
En juillet 2013, le géant JPMorgan a annoncé qu’elle se retirait de la détention et de la négociation physique des denrées, allant des métaux au pétrole. Elle compte toutefois continuer à négocier les produits dérivés sur les denrées et à entreposer et à négocier les métaux précieux.
Morgan Stanley a réduit de 10 % des effectifs de la division de denrées l’an dernier et a vendu en décembre ses activités d’entreposage et de transport de pétrole au géant russe OAO Rosneft. Elle vendra sous peu une entité internationale de négoce de pétrole.
En janvier, Bank of America a aussi annoncé qu’elle ne négocierait plus dans le marché de l’électricité et du gaz naturel en Europe.
L’Allemande Deutsche Bank AG vient d’annoncer qu’elle se retire du groupe de huit institutions qui établit deux fois par jour par téléphone les cours au comptant et des contrats à terme de l’or et de l’argent à Londres, dans un rituel qui dure depuis 1919.
La banque de Frankfurt vient aussi de supprimer 200 postes dans sa division de ressources naturelles, car elle se retire de la négociation de l’énergie, des aliments, des métaux de base et des denrées en vrac.
Ce retrait survient au moment où les autorités britanniques se penchent justement sur le processus d’établissement dans le marché mondial de 20 000 milliards de dollars de l’or, dans la foulée du scandale sur la manipulation du taux interbancaire LIBOR.
L’austérité minière devrait aussi aider
L’austérité minière devrait aussi aider
Les coupes massives dans les programmes d’exploration des producteurs miniers, tels que Rio Tinto ou BHP Billiton, font aussi espérer que les cours des métaux pourront se raffermir à nouveau, surtout si l’économie mondiale continue à prendre du mieux.
Les budgets d’exploration ont chuté de 30 % ou de 10 milliards de dollars en 2013 et pourraient baisser d’un autre 10 % en 2014, estime MinEx Consuling Pty