Le lancement du nouveau service de vidéo sur demande en ligne Shomi par les rivaux Rogers et Shaw a fait peu de bruit, même s’il vise à contrer l’assaut canadien de Netflix depuis quatre ans.
Le service prévu pour la fin de novembre est en effet mineur pour ces deux câblodistributeurs, dont le bénéfice d’exploitation cumule 7 milliards, disent les analystes.
En revanche, Shomi pourrait devenir une autre épine dans le pied du radiodiffuseur Corus Entertainment (Tor., CJR.B, 24,46 $), propriétaire entre autres de la chaîne de télévision payante de l’Ouest canadien Movie Central, indique Aravinda Galappatthige, de Canaccord Genuity.
Movie Central (incluant la chaîne régionale HBO Canada) représente en effet 11 % des revenus et 5 % du bénéfice d’exploitation de Corus, précise Adam Shine, de la Financière Banque Nationale.
L’offre par Shomi de 14 000 épisodes de télévision et de 1 200 longs métrages (30 % canadiens), pour 8,99 $ par mois (le même tarif que celui de Netflix), exacerbera les vents de front qui soufflent déjà sur le télédiffuseur.
« Même si seulement 16 % des Canadiens considèrent couper leur cordon de câble, Shomi sera une motivation de plus pour le faire, au fil du temps », dit l’analyste.
Des revenus d’abonnement à risque
Corus est déjà sous pression avec l’achat par Netflix Canada des droits canadiens exclusifs des nouveaux longs métrages de Disney pour la télévision payante, à partir de 2015.
« La perte du contenu de Disney contribuera à envoyer plus d’auditeurs vers Netflix. Même si Netflix est encore considéré complémentaire au câble par plusieurs observateurs et auditeurs, il est difficile d’imaginer qu’il ne contribuera pas au déclin des abonnés aux chaînes payantes », avait écrit M. Shine, après l’entente entre Netflix Canada et Disney, en juillet.
Déjà, au troisième trimestre, Movie Central avait perdu 6,7 % de ses abonnés.
M. Shine prédisait alors que Corus réduirait probablement ses prévisions pour 2015, cet automne. Corus visait un bénéfice d’exploitation de 340 à 350 M$ et des flux de trésorerie excédentaires d’au moins 170 M$.
En plus, le service du câble à la carte, par lequel les auditeurs pourront sélectionner les chaînes qu’ils veulent au lieu de se faire imposer des forfaits regroupés de chaînes, risquent aussi nuire aux chaînes spécialisées moins populaires mises en onde par Corus.
Le dividende soutient le titre
Le dividende soutient le titre
Alors qu’en 2012 Corus volait haut après l’achat de son rival Astral Media par Bell, en tant qu’unique télédiffuseur indépendant en Bourse, voilà que son avenir est moins assuré.
D’ailleurs, l’action de Corus a peu bougé depuis que Bell a annoncé l’achat d’Astral Media en mars 2012. Son titre a aussi le même cours qu’il avait en 2007.
Son principal attrait pour les investisseurs est devenu son dividende mensuel de 0,09 $ par mois qui procure un rendement de 4,4 %, au cours actuel.
Les analystes prévoient une hausse de seulement 2,8 % de ses bénéfices entre 2015 et 2016. M. Galappatthige s’attend à ce ces prévisions soient révisées à la baisse.
Les investisseurs s’y préparent peut-être déjà si l’on se fie au recul de 6 % de Corus depuis mai, en pleins sommets boursiers.
Il n’est pas étonnant non plus que l’action de Corus ait pris un retard de 25 % sur la performance de l’indice S&P/TSX, depuis 12 mois.