BLOGUE. Tous craignent pour la croissance économique, à court terme à cause du cyclone Sandy, l’an prochain à cause du précipice fiscal et à long terme à cause de la mauvaise santé des gouvernements..
Or, l’investisseur peut respirer puisque la croissance n’est pas un facteur si crucial pour l’investisseur et la Bourse.
Dans un document intitulé « L’importance de la croissance économique est exagérée », Murray Leith, vice-président du conseiller financier indépendant Odlum Brown, déboulonne le mythe que la croissance économique équivaut à bons rendements boursiers.
« Les perspectives économiques obnubilent les investisseurs. C’est tout naturel et compréhensible, mais c’est une erreur », affirme M. Leith.
En fait, la croissance économique influence bien peu les rendements boursiers.
Si c’était le cas, la Bourse chinoise aurait devancé toutes les autres au cours des dernières années, puisque son produit intérieur brut croît plus rapidement qu’ailleurs.
Or, depuis 2008, les titres des Bourses de Shanghai et de Shenzhen ont perdu plus de la moitié de leur valeur.
Certaines études, dont celle de Dimson-Marsh-Staunton, indiquent même que des taux de croissance élevés sont souvent associés à des rendements boursiers médiocres, entre 1900 et 2000.
La croissance, pas synonyme de rendements
La croissance, pas synonyme de rendements
Les investisseurs sont aussi subjugués par les nombreuses prévisions de croissance lente à perte de vue, qui freine les gains boursiers.
Les statistiques n’appuient pas cette thèse, continue M. Leith.
Les années 1950 et 1990 ont été des décennies au ralenti pour l’économie américaine. Pourtant, ces périodes ont connu leurs meilleures performances boursières.
Les investisseurs associent aussi croissance et performance pour les sociétés individuelles.
Le contraire est pourtant vrai. Les entreprises qui croissent modérément procurent un rendement supérieur en Bourse que celles dont la croissance des revenus est la plus élevée, a démontré le gestionnaire américain quantitatif James O’Shaughnessy, avec deux portefeuilles-modèle s’étalant sur 40 ans.
Un portefeuille composé des 50 titres américains affichant la plus forte croissance de leurs revenus, mis à jour annuellement, a procuré un rendement annuel composé nul, entre 1963 et 2004.
Les 50 titres affichant la croissance la plus modeste de leurs revenus ont donné un rendement annuel composé de 8,3 %, pendant ces 40 ans.
C’est moins que le rendement de 12 % de la Bourse pendant cette période, mais c’est beaucoup mieux que les championnes de la croissance.
Une partie de l’explication : les investisseurs paient trop cher pour cette croissance supérieure.
De plus, tout pays, industrie et entreprise à forte croissance attire des concurrents qui veulent aussi leur part du gâteau. Résultat : les marges bénéficiaires finissent par en souffrir.
En fait, des études démontrent que le comportement de la Bourse est un meilleur indice précurseur de la croissance économique future, que l’inverse.
Si c’est le cas, la hausse de la Bourse américaine cette année, avec un gain de 12,3 % pour le S&P 500, présage peut-être d’une meilleure économie l’an prochain.
Le précipice fiscal : une peur déjà dans les cours
Le précipice fiscal : une peur déjà dans les cours
La leçon de l’histoire suggère que l’évaluation de la Bourse et de ses actions est plus déterminante pour les rendements futurs que la croissance.
Actuellement, les actions sont impopulaires parce que les investisseurs craignent l’effet d’une économie lente sur la Bourse.
M. Leith prévoit aussi une économie sans éclat pour l’avenir prévisible, mais il est enthousiaste envers le rendement que lui procureront les actions, en particulier celles des entreprises de première qualité, car elles sont encore bon marché.
Il termine sa lettre avec la principale inquiétude des investisseurs : le précipice fiscal américain, soit l’expiration de réductions d’impôts et la coupe automatique des dépenses du gouvernement, à la toute fin de 2012.
Le moment est propice pour que graduellement le gouvernement se serre à son tour la ceinture, maintenant que les consommateurs et les entreprises ont assaini leurs finances, et que le marché immobilier résidentiel reprend vie.
« Les cours intègrent ce qui est déjà connu et prévu. Puisque les investisseurs ont perdu confiance dans les perspectives économiques, nous pouvons nous procurer des entreprises solides capables de croître dans une économie lente, à bon prix. Cela augmente nos chances de réaliser un bon rendement », conclut-il.
Les comparaisons entre l’économie et la Bourse depuis 1940
Voici les comparaisons entre l’économie et la Bourse
Années PIB américain (%) Rendement total du S&P 500
1990 5,6 % 18,0 %
1950 6,3 % 19,3 %
1960 6,6 % 7,8 %
1980 8,3 % 17,3 %
1970 9,7 % 5,8 %
1940 11,2 % 8,9 %
Sources : Odlum Brown, contrarianedge.com